Le Petit Palais, une réussite architecturale intérieure et extérieure


Inauguré le 11 décembre 1902 comme musée sous le nom de Palais des Beaux-Arts de la ville de Paris, le Petit Palais a d’abord été construit à l’occasion de l'Exposition universelle de 1900. Situé dans l'environnement prestigieux des jardins des Champs-Élysées, le Petit Palais s'insère dans un ensemble monumental comprenant le Grand Palais et le Pont Alexandre III. Charles Girault l'a conçu selon un plan en trapèze composé de quatre corps de bâtiments répartis autour d'un jardin intérieur semi-circulaire bordé d'un péristyle.

L'architecte a su tirer parti de sa remarquable situation urbaine et paysagère en perçant de larges baies périphériques qui offrent des échappées visuelles sur les Champs-Élysées, le Cours La Reine et la Seine, tandis qu'à l'intérieur de vastes galeries bénéficient d'une lumière zénithale procurée par un double système de verrière. Le Petit Palais entretient ainsi un rapport essentiel à son environnement, récusant le parti de « musée coffre-fort » aux murs aveugles.

La très grande présence de la lumière du jour à tous les niveaux, les multiples jeux de transparence ouvrant sur les jardins intérieur et extérieur, tout comme les aisances de circulation, témoignent de la modernité de ce fleuron architectural qui se présente d'abord comme un manifeste du style éclectique ou « Beaux-arts ». En effet, il est caractérisé par l'utilisation des ordres classiques et la prédominance du décor sculpté.

Sa façade principale se compose d'un étage noble orné de colonnades ioniques qui rappelle les bâtiments de la place de la Concorde, et au centre, s'ouvre un porche surmonté d'un dôme, qui résonne avec celui de l'Hôtel des Invalides.

Les matériaux utilisés - pierre, marbre et brique alliés à la fonte, au béton et aux verrières - sont aussi, dans leur diversité, les témoins du caractère à la fois traditionnel et moderne de ce palais à dimension humaine.


* Le décor peint

Le décor peint du Petit Palais a été réalisé après l’ouverture du musée, entre 1903 et 1925.
La volonté de l'architecte était de donner au musée l'apparat d'un palais et la solennité d'un édifice public. Le choix du Conseil de Paris s'est porté sur des artistes confirmés, ayant une solide expérience en matière de décor monumental.

Le thème fédérateur de ces décors est Paris, capitale des arts en associant différents grands peintres décorateurs :

Le vestibule d'entrée, peint par Albert Besnard (commande 1903 - achèvement 1910). Quatre panneaux représentent « les états de la pensée humaine et les forces de la nature, sources de l'art » : la Matière, la Pensée, la Plastique ou l’art antique, la Mystique ou l’art chrétien.

La galerie nord, peinte par Fernand Cormon (commande 1906 - achèvement 1911)
Trois plafonds et dix panneaux. Histoire de Paris depuis Lutèce jusqu'aux temps modernes.

La galerie sud, peinte par Henri Roll (commande 1906 - achèvement 1920)
Trois plafonds. Le « Paris moderne». « Je songe pour ma part, écrit Roll, à
symboliser le Paris moderne avec ses passions, son rude labeur, sa grâce unique ».

Le pavillon nord, peint par Ferdinand Humbert (commande 1909 - achèvement 1924)
Deux plafonds : « le triomphe intellectuel de Paris »

Le pavillon sud, peint par Georges Picard (commande 1906 - achèvement 1920)
Deux plafonds : « le triomphe de la femme »

La coupole Dutuit, peinte par Maurice Denis (commande en 1919 - achèvement 1925)
« L'Histoire de l'art français » pour laquelle il adopte, comme au Théâtre des Champs-Élysées, une composition annulaire et procède par citations visuelles.

La voûte du péristyle longeant le jardin intérieur, peinte par Paul Albert Baudoüin (commande 1906 - achèvement 1910).
Élève de Puvis de Chavannes, Baudoüin peint un décor de treille rythmé par des tableaux à différents personnages. Il se souvient des voûtes de la Villa Giulia à Rome et réinvente une technique de décor oublié : la fresque. Rarement l'entente entre un architecte (Girault) et un décorateur (Baudoüin) n'a été aussi évidente.


* Le décor sculpté

Le décor sculpté occupe une place prépondérante, en dépit de sa soumission à l'architecture.
L'iconographie fait grand usage de l'allégorie, genre noble qui convient à un musée des Beaux-Arts. Ampleur des gestes, drapés généreux, goût pour le décentrement, le déséquilibre témoignent d'un style néo-baroque.

L'unité des matériaux employés révèle une architecture « blanche » où prédomine la pierre. Font exception les statues dominant le péristyle du jardin intérieur.

Les rondes bosses en pierre encadrent l'entrée : Les Quatre Saisons de Louis Convers (sur la gauche) ; La Seine et ses affluents de Maurice Ferrary (sur la droite) et la surmontent avec un haut-relief La ville de Paris protégeant les Arts par Antonin Injalbert et les Allégories de la Peinture et de la Sculpture par Charles René Saint- Marceaux.

Les bas-reliefs en pierre marquent la façade principale (Les Arts et métiers par Léon Fagel et Jean-Baptiste Hugues) et ses pavillons, et signalent l'entrée secondaire, côté Est : Le Jour, la Nuit et les trois Parques d'Hector Lemaire, encadrés par L'Archéologie et l'Histoire de Jean-Charles Desvergnes.

Des bustes en plâtre stéariné d'artistes célèbres figurent à l'aplomb des voûtes des grandes galeries.

De la statuaire en zinc doré ornent la cour intérieure : deux Renommées par Emile Peynot et quatre Enfants musiciens par Convers et Ferrary. Une technique originale utilisant des éléments moulés et rapportés.


* Les arts décoratifs

La ferronnerie
Dessinée par Girault lui-même, la ferronnerie constitue un élément essentiel dans le décor du Petit Palais. Ce poste budgétaire fut aussi important que celui affecté aux travaux de carrelage, dallage et marbrerie.
- La grille de la porte d'entrée, véritable morceau de bravoure de l'art de la serrurerie, a été comparée aux grilles de la Place Stanislas à Nancy. Réalisée par l'entreprise Bardin chez qui Girault travailla pour financer ses études, elle possède un décor floral d'inspiration Art nouveau qui surprend dans un monument « Beaux-arts ».
- Les rampes d'escalier, les balcons et les guirlandes du péristyle exécutés par la Maison Bernard complètent le décor.

Les vitraux de la rotonde d'entrée
Quatre œils-de-bœuf ont été réalisés par l'atelier Champigneulle en verre blanc dit « américain », (verre à relief permettant des opalescences et des réflexions contrariées).

La mosaïque de pavement
L'important décor de sol, pour les grandes galeries et le vestibule d'entrée, a été exécuté par Facchina (1826-1903), mosaïste d'origine italienne, originaire du Frioul.
Facchina a conçu également les mosaïques du péristyle et des trois bassins du jardin, en mosaïques d'émail et or.


Qui était Charles Girault ?

L'architecte du Petit Palais, Charles Girault est né à Cosne-sur-Loire en 1851.

Il entre à l'École des Beaux-arts en 1873 et est reçu au concours du Prix de Rome en 1880. De retour à Paris, sa première commande importante est le Palais de l'Hygiène, pour l'Exposition universelle de 1889.

En 1896, il construit au sein de l'Institut Pasteur une crypte destinée à accueillir les cendres de l'illustre savant. Il prend pour modèle le mausolée de Galla Placidia à Ravenne et fait un large usage du marbre et des mosaïques.
Charles Girault remporte le concours pour le Petit Palais et dirige le chantier du Grand Palais en coordonnant les travaux des trois architectes lauréats : Deglane, Louvet et Thomas.

Après la clôture de l'Exposition universelle, le prestige de Girault lui vaut d'être choisi par le roi Belge Léopold II pour agrandir le château de Laeken (1901-1911), construire le Palais du Congo à Tervueren et ériger l'arc du Cinquantenaire (1904- 1910) à Bruxelles.
Il meurt en 1932.

***

A la redécouverte du Petit Palais


L'esprit de la rénovation et les nouveaux aménagements

Sur la base du projet culturel élaboré par la conservation du musée, l'Atelier d'architecture Chaix & Morel et associés remporte le concours d'architecte en mai 1999. Les travaux débutent en janvier 2001 et se sont achevés en juin 2005.


* Restituer au Petit Palais sa lumière d’origine

Confronté à la contrainte d’exposer les œuvres à la seule lumière du jour, Charles Girault avait en son temps multiplié les audaces pour faire entrer la lumière partout : verrières, grandes baies vitrées, péristyle ouvert sur le jardin intérieur… Ce parti pris, qui a séduit les Parisiens du début du XXe siècle, s’est finalement révélé trop moderne par rapport aux moyens dont les conservateurs disposaient pour climatiser les espaces et filtrer la lumière. La démarche du cabinet d’architecture a donc consisté à résoudre ces difficultés grâce aux technologies les plus pointues tout en restituant au bâtiment sa beauté et sa modernité d’origine.


* Un musée, deux espaces

Pour utiliser pleinement les capacités d’accueil du Petit Palais, deux parties ont été distinguées : l’une, située du côté des Champs-Élysées, est dévolue aux collections permanentes ; l’autre, côté Cours de la Reine, est réservée aux expositions temporaires.

Des interventions d’envergure ont aussi permis de créer de nouveaux espaces comme l’auditorium sous le jardin intérieur, ou encore les deux niveaux de sous-sols pour les locaux techniques et les réserves. En étage, un niveau supplémentaire a été aménagé dans le volume de la galerie sud. Il abrite les bureaux, le nouveau cabinet d’arts graphiques ainsi que les services d’action culturelle.

Cent ans après sa construction, la renaissance du Palais est une réussite qui conjugue réhabilitation complète du bâtiment et nouvelles perspectives muséographiques.


* Une vocation renouvelée

La nouvelle ambition du Petit Palais :

- Exposer des collections permanentes plus nombreuses (l'espace de présentation passe de 3 000 à 5 000 m2).

- Organiser un parcours équilibré remontant le temps, de l'art 1900 à l'Antiquité, en favorisant les rapprochements entre les techniques artistiques (peintures, sculptures et objets d'art) et les grands moments de l’histoire de l’art occidental.

- Renforcer l'orientation pédagogique (développement du service des publics, édition de guides, de fiches…).

- Utiliser un espace « d'expositions – collections » (450 m2) de manière à présenter par roulement les collections du musée, notamment celles des arts graphiques, qui sont trop fragiles pour être exposées en permanence.

- Organiser des expositions d'envergure internationale au premier étage, dans la partie ouest du bâtiment, dans un circuit de 1800 m2 à 2200 m2.

- Faciliter les accès à tous les publics, notamment le public handicapé.

- Aménager de nouveaux lieux de sociabilité et d'action culturelle (jardin intérieur rénové et création du café, de la librairie-boutique, d’un auditorium de 187 places, dont 5 réservées aux personnes handicapées).


* Réaménagement des jardins aux abords du Petit Palais

Dans le prolongement du chantier de rénovation du Petit Palais, Bertrand Delanoë a aussi souhaité engager un réaménagement des jardins des Champs-Élysées situés aux abords du bâtiment. Ce projet a été confié à la direction des Parcs, jardins et espaces verts de la Ville.
Le parti pris retenu tient compte de l'histoire du site et des directives de réaménagement des Champs-Élysées.

***

Article paru sur le site www.paris.fr . Tous droits réservés.