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L'atelier des nostalgies
article [ ]
réflexion sur le temps

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par [Reumond ]

2023-12-07  |     | 




L'ATELIER DES NOSTALGIES



Le temps a beau être maussade, il est !

L’horloge de la digue se dresse avec autorité comme un vieux maître d’école ; et avec une certaine euphorie au cadran, elle donne l’heure des récréations. De son point de vue, elle détermine le rythme des cours et celui les déambulations sur la digue.

Discrète au moment des bains de minuit, elle se fait plus fiévreuse que jamais au milieu des jours d’été... Au cœur du Petit-Enfer, elle est l’observatrice attentive de nos malices et de nos hardiesses de Lutins et de nos audaces de Lutines, mais aussi le témoin privilégié de nos enfermements.

Le grand poète Boris Pasternak aurait dit, en regardant avec circonspections les aiguilles tarabiscotées de son horloge à coucou, que nous sommes bel et bien « les otages du temps pour l'éternité », mais qu’en est-il vraiment ?
Ce brave Nostradamus qui voyait au-delà du bout de son nez et ne prédisait que l’avenir, n’avait-il pas ce problème de mélancolie, tel un précurseur, il devançait le temps comme le cheval précède la carriole. Et nous, oui ou non, sommes-nous vraiment les captifs du temps comme ceux de notre mémoire ?

Qui est l’hôte de l’autre ou qui est l’otage de ce tout autre chronologique ?

Mélancolie et nostalgie sont-elles les deux mamelles de la poésie comme les poids d’une horloge de parquets ? Je ne sais ! Mais en moi-même je perçois les mors de ce crabe qui me tiennent en étau.

Certes, je le reconnais, astrologiquement, quand j’observe ma carte du ciel, je suis effectivement un Cancer ascendant Lune, et tel un Pierrot de la Lune, je baigne dans des signes d’eau, tout comme le rêve et l’imaginaire sont mes bretelles.

C’est probablement la raison principale pour laquelle cette étrille aux yeux rouges, qui habite mon « espace tempes » ne cesse d’étriller mes méninges comme pour y faire le ménage.

Si j’en pince pour le passé, ce crabe, ce cancer déguisé en étrille, serait-il la racine même de mes vagues à l’âme, tout comme ses pédoncules seraient les antennes de ma radio Nostalgie ?


En nous, ce lieu ambigu qui conserve en sa propre mémoire toutes ces choses révolues comme toute la nostalgie de nos enfances heureuses ou pas, est-il une cellule de prison dont nous sommes les geôliers bénévoles ? Un violon, comme on dit, ce que confirme Paul Verlaine avec sa Chanson d'automne, toute pleine de nostalgie :

« Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone. »

La « langueur monotone », c’est de la nostalgie à l’état pur, comme une douce mélancolie pleine de rêveries et de cris de mouettes, avec un fond comme un zeste de tristesse et en guise de friandise quelques souvenirs sucrés sur un bâton de guigui.

Mon père dans son enfance jouait du violon, mais que m’en reste-t-il aujourd’hui, sinon ce dont je me souviens à peine, et cette peine de ne point me souvenir ?

Qu’en reste-t-il « Tout suffocant et blême » que je suis ? Quand « Sonne l’heure des jours anciens et que je pleure » , « Pareil à la feuille morte » qui se souvient à grand-peine des grandes feuillaisons et qui s’en va au mauvais vent qui l’emporte loin du bel arbre qu’elle vient de quitter.

Comme coule, au clepsydre de Luc, le violon sel des eaux de mer, tels les sanglots longs de nos âmes, les vers poétiques seraient-il des vers qui vous rongent, comme la nostalgie goute à goute à l’intérieur ?

Entre la hantise des marées noires sur la plage de Luc, et mes encres de Bic et de Chine à fleur de papier, il y a effectivement place pour cette « bile noire » que l’on dit s’écouler au cœur des nostalgies ; mais depuis l’école communale du Chêne-Pointu, je m’y suis habitué comme une amie invisible ; et puis je connais bien ces états d’âme qui toujours vous accompagnent, agrémentés d’amples rêveries ; des états d’âme qui vous tourne le cœur comme une boussole pour vous orienter vers le lieu de votre naissance où vers les lieux de vos multiples renaissances ; et je connais par cœur et même par nausées ces vagues à l’âme vagabondes qui vous emporte très loin comme de grands bateaux à voiles.

Pourtant, ici-bas, on ne fait que passer ; on ne fait qu’érafler le temps en raflant par-ci par-là quelques souvenirs épars, comme on grappille les cartes postales en vacances, en butinant de saison en saison de violentes souvenances et de tendres images.

C’est ainsi que les souvenirs s’amoncellent en nous, mais sont-ils pour cela les barreaux de nos geôles ?

Et vous, avez-vous ce sentiment de captivité ? Et cet étrange sentiment est-il agréable ou pas ? L’auteur du Docteur Jivago ressentait-il lui-même ce sentiment des plus insolite avec cette impression de captivité entre les mains du temps ?

Les mouettes rieuses comme la pendule de la digue semblent acquiescer, comme si le temps lui-même pouvait éprouver ces états de conscience particuliers, comme s’il était l’invité à notre table d’hôte. Hôte ou otage, la question se pose dès que le pose la main à sa montre, dès que l’on pose la question « Quelle heure avez-vous ? » et même dès que l’on se pose.

Effectivement, face à la temporalité, tous les êtres humains ressentent d’une manière qui leur est propre, cet assujettissement au temps en forme de cadran ; comme s’il nous semblait à certains moments particulier, en particulier dans les moments d’attente, être les prisonniers de son flux constant, mais la question chaque fois se pose… Suis-je l’hôte ou l’hôte, le détenu ou le détenant ?

À table !
Au lit !
Debout !
Au boulot !

Parce que chacun sait qu’avant l’heure ce n’est pas l’heure, et qu’après l’heure…

Son poids sur nos vies de tous les jours pourrait être perçu comme une force extérieure, un assujettissement, une douloureuse contrainte.
Le temps nous écorche-t-il de la même manière et de la même matière que j’écorche le papier en écrivant et en dessinant à la plume ?

Et si réellement, comme le pense Boris Pasternak nous sommes « les otages du temps pour l’éternité », la question toujours se pose : Sommes-nous les victimes, les coupables ou les responsables ?

Tels les acteurs de ce que l’on appelle « le syndrome de Stockholm » et pourquoi pas « Le Syndrome de Luc », participons-nous vraiment à cette forme de « codépendance affective » qui nous enchaîne et nous tient prisonniers des cadrans, et nous fait développer une forme d’empathie ou de sympathie particulière vis-à-vis de notre ravisseur, Le Temps ?

Et où s’inscrit « le sentiment de nostalgie » dans tout cela ?

Pour mieux saisir cela, il nous faut prendre au sérieux le verbe « ravir » dans ses divers sens et divers états ; en prenant les différents états d’âme, d’esprit et de conscience que toute nostalgie implique, comme chez toutes les « personnes ravies » :

-Être ravi, c’est-à-dire être sous le charme , avec un sentiment d’enchantement, un sentiment dans lequel on est pleinement content, puisque « ravir » veut aussi dire « transporter au ciel ».

-Et à son opposé, le fait d’être ravi, c’est-à-dire enlevé de force ou kidnappé.


Et quel est donc ce syndrome de Luc ou de Stockholm ? Quand est-il de ce lieu de nostalgie qui garde nos tristesses et nos petits bonheurs passés et repassés en boucle ; est-ce là le Petit-enfer ou carrément le Petit Paradis ?

Dans la réalité des otages, chaque situation est particulière, et cette situation est particulièrement ambiguë. Les ravis (otages ou personne charmée) nous le savons, peuvent selon certaines circonstances, développer des sentiments paradoxaux ou contradictoires envers leurs ravisseurs, ici le Temps.

C’est un sentiment complexe fait d’attraction et de rejet, de transferts positifs et négatifs, de sympathie et d’identification au temps qui nous habite. Il peut y trouver un profond sentiment de codépendance à l’égard du ou des ravisseurs, comme face au temps, nous pouvons chercher à le contrôler ; cherchant à maîtriser les horloges, les pendules et autres cadrans, tout comme nous-mêmes tentons vainement ou désespérément de maîtriser le cadre et les cadrans de nos propres existences.

Mais, si nous en sommes malgré tout et malgré nous, les otages bien involontairement du temps, nous sommes aussi capables de trouver dans les cadrans une certaine forme de confort ou de familiarité.

Je pense sincèrement que « La nostalgie » dans l’atelier du Temps relève un peu de tout cela, comme une forme d’arrangement entre lui et nous, une sorte d'adaptation ou d’ajustement qui peut aller jusqu’à la sublimation, qu’elle soit philosophique, existentielle ou artistique, tel « un art de vivre » l’Instant présent.

Une sublimation dans laquelle, le temps, se fait « Atelier » ou « Galerie d’Art » , où les souvenirs s’accrochent comme à la cimaise d’une exposition, sublimant ainsi une situation de captivité qui malgré tout nous échappe dans cette ambivalence où le temps est peut-être lui-même et en définitive notre otage confiant, volontaire et entreprenant .

note : de nombeuses références dans cet article à Luc-sur-Mer, Calvados France.

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