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Cerf-Roland
article [ ]
De la pesanteur des cris à la Grâce de l’écrit

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [Reumond ]

2023-11-15  |     | 








" Pourquoi écrire ?
Sinon pour ne pas perdre la boule
Et ne pas devenir maboule
Entre la pierre et la plume

A la Grâce de l’écrit
Ma boule IBM
Elle tourne !
Comme dirait de la Terre Galilleo Galilei
Pour mettre les points sur les i.


Cerf-Roland
Ou la pesanteur apprivoisée
Entre l’humour et l’esprit
Galiléjade et carabisboule IBM
Etc. salade de mots tendres
De cris et d’écrits
Surtout quand j’ai peur
De manquer de papier
Ce qui me contraindrait
Corps et âme
à me scarifier la peau
à grands coups de calligraphies
Cursiveuses

Ans, juin-juillet 1979.



La poésie donne-t-elle des ailes ?

Entre le cerf-volant et le ballon de baudruche, tout en ayant la conviction d’être bien enracinés dans la réalité, on connaît tous ce sentiment agréable d’être parfois léger comme une plume, et d’autres états d’âme, d’esprit ou de conscience moins plaisants à vivre, où tout nous pèse énormément.

Moi-même, à certains moments, il m’arrive de me sentir tellement léger que j’ai même peur des coups de vent.

Et d’autres fois, par contre, je me sens tellement lourd ou tellement alourdi par les faits divers et les réalités du monde, que le simple poids d’une bête feuille blanche (de celle que l’on ne parvient pas à écrire) me semble aussi lourd que le rocher de Sisyphe.

Hauts et bas, consolation et désolation, flux et reflux, mauvais temps et éclaircies… Tout va et vient, parce que tout change et que tout est en perpétuel mouvement ; comme une succession de passages de causes en grâces, d’origine en répercution, ou d’action en réaction comme dirait Newton.

Entre le sentiment de se sentir léviter comme un mystique dans les airs, et celui de ne plus se sentir du tout, comme tiré dans l’ombre, face aux vents désagréables du monde, vous et moi, il nous faut sans cesse trouver l’équilibre et le juste milieu, comme d’intrépides funambules ballottés entre deux extrêmes, la pesanteur et la légèreté, l’ombre et la lumière, la paix et l’inquiétude, l’agitation et la tranquillité, la joie et la morosité…

Les mots servent un peu à ça, comme la perche de l’acrobate, et si les mots ne remplissent pas cette fonction première, probablement que les maux viendront peu à peu se substituer aux mots, comme la discorde se substitue à l’harmonie et la chute à l’équilibre.

Entre l’espace de grands éclairs lumineux et celui des passages par des nuits ou des obscurités profondes, au grand paradoxe des feuilles dites « blanches » comme des drapeaux de trêve entre deux belligérants, je peux me sentir à certains moments hissé vers les étoiles, et m’élever ainsi de temps à autre comme un feu follet allègre.

Comme aspiré vers le haut par l’esprit ou la grâce du verbe, toute armature tendue de papiers aux notes éparses, tel un enfant insouciant qui joue à sauter plus haut que lui-même, rendu ivre de mots, je me laisse emporter par des vents de folie, comme ceux que l’on attribue à l’inspiration ou aux intuitions profondes.

De temps à autre, bien sûr, car la pesanteur est toujours là présente pour nous éprouver, après quelque temps et quelques lignes enjouées, il me (nous) faudra bien retomber plus bas, pauvre de mes (nos) propres pauvretés et de l’indigence des mots, comme au comble de la disgrâce. C’est la descente, comme celle du toxicomane, de l’arrachement lumineux à la chute vertigineuse, de l’angélisme à la chute des anges, et si l’on veut récidiver, il nous faudra, avec une attention toute particulière, tirer de cela des leçons.

Et accepter simplement de redescendre de mon (nos) tremplin poétique sur des marges étroites et froides, là même où les contraintes de l’existence et la pesanteur elle-même (en moi et tout autour de moi) me rabaissent pour me ramener à ma juste place, en toute vérité, c’est-à-dire au niveau de ma condition humaine de rêveur, avec ses oppositions et ses paradoxes à l’image de nos propres contradictions.

En tirant et en entraînant tout mon (notre) être vers le bas, là où nous pouvons réellement faire « l’expérience de la vie », des choses pensées, crues ou imaginées, en nous permettant d’expérimenter le monde à travers les épreuves et tous nos éprouvés, la pesanteur de toutes ces choses et tous ces états nous « enracine » comme dirait la philosophe Simone Weil.

La pesanteur n’est pas que le rabat-joie des vols guillerets et des envols poétiques, elle est créatrice à part entière, c’est là aussi une grâce incontestable !

Sur ma feuille A4, je crois, je pense (ou j’imagine peut-être), voir Sisyphe roulant sa bosse, roulant ma boule IBM comme une mappemonde, pour laisser ses stigmates sur ma feuille de papier.

Sisyphe roulé lui-même par ses rêves et ses propres désirs, tel un roi maudit défiant toutes les idéologies et tous les dieux du monde moderne ; ou tel un poète enivré d’encre de vie, déjouant les maux jusqu’à la mort, avec ses pauvres mots ; misérable hère, portant la Terre à bout de doigts sur un clavier sans âme. Parce que le poète, tout poète qu’il est ou s’illusionne, n’est pas épargné par toutes les turbulences du monde, ni par toutes les iniquités et les vanités et ambitions humaines, comme sous « Le poids le plus lourd ».

« Que serait-ce si, de jour ou de nuit, un démon te suivait une fois dans la plus solitaire de tes solitudes et te disait : « Cette vie, telle que tu la vis actuellement, telle que tu l'as vécue, il faudra que tu la revives encore une fois, et une quantité innombrable de fois; et il n’y aura en elle rien de nouveau, au contraire! il faut que chaque douleur et chaque joie, chaque pensée et chaque soupir, tout l’infiniment grand et l’infiniment petit de ta vie reviennent pour toi, et tout cela dans la même suite et le même ordre - et aussi cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et aussi cet instant et moi-même. L’éternel sablier de l’existence sera retourné toujours à nouveau - et toi avec lui, poussière des poussières! »

Friedrich Nietzsche (Le poids le plus lourd - Le Gai savoir, page 341).

Entre le Gai savoir et la docte ignorance, cette subtile inconnaissance, il nous faut continuer à penser, imaginer, croire et ressentir la vie, ses douleurs et ses splendeurs paradoxales, comme l’immense beauté des nuages les plus orageux et des raz de marée les plus dévastateurs.

Quand, un jour de mauvais temps, où le ciel sera couvert ou découvert, plus que d’habitude, ma boule IBM s’immobilisera à tout jamais, arrêtant de rouler sur elle-même comme le rocher de Sisyphe, tout comme notre belle planète bleue arrêtera elle-même de tourner, et comme meurent les étoiles et les planètes,

Alors, pourquoi écrire ? Sinon pour ne pas perdre la boule et ne pas devenir maboule

À la Grâce de l’écrit
Elle tourne !
Comme dirait de la Terre Galilleo Galilei
Pour mettre les points sur les i

Cerf-Roland
Ou la pesanteur apprivoisée
Entre l’humour et l’esprit
Galiléjade et carabisboule IBM
Etc. salade de mots tendres
De cris et d’écrits
Surtout quand j’ai peur
De manquer de papier
Ce qui me contraindrait
Corps et âme
À me scarifier la peau
À grands coups de calligraphies
Cursiveuses …

C’est-à-dire jusqu’à l’extrême coursive d’une dernière cursive.


Vouloir écrire, décrire ou réécrire le monde serait-il de l’ordre d’une absurde création, comme un acte désespéré qui s’enracinerait jusqu’au clavier qui mécaniquement actionne les caractères à saisir de ma machine à boule IBM ?

Le vouloir (tout comme le pouvoir et l’avoir, entre autres) n’est-il qu’une iniquité, une concupiscence comme toutes les autres ?

Ou une forme d’autothérapie peut-être, ou même un cercle vicieux comme celui qui entretient toutes ces machineries de la pensée et de la croyance, à moins que ce ne soit nos machines de plus en plus intelligentes, qui depuis l’invention du feu nous brouillent l’espace tempe ?

L’Art, l’écriture, la littérature ou la poésie elle-même, seraient-ils « notre chose », tout comme « le rocher » pouvait l’être pour le Sisyphe d’Albert Camus ?

Cette pierre gigantesque, image du Monde, ne serait-elle que la somme des croyances, des pensées et des mots que nous sommes condamnés à décrire, à écrire et à réécrire sans cesse, pierre après pierre, mot après mot dans notre « suprême solitude » d’homo sapiens ? Pour continuer à les aligner obsessionnellement ou compulsivement l’une au-dessus de l’autre, en les hissant jusqu’à l’acmé du sens comme au paroxysme du non-sens ?

Et un beau jour, avant d’avoir un pied dans la tombe, au risque d’éviter le Réel ou de décoller du réel, ce qui serait une dangereuse expérience, il nous faudra bien, d’une matière ou d’une manière comme d’une autre, nous enraciner comme entre le Ciel et la Terre, le cœur léger tout en ayant pied, afin que le verbe nous accorde pour l’éternité, « La sérénité d'accepter les choses que nous ne pouvons pas changer »,
Comme ces chagrines pesanteurs qui sans cesse nous talonnent pour nous ramener au niveau de tous les êtres vivants, dans ce misérable état larvaire qui est encore le nôtre, comme les stigmates d’une ébauche d’humanité en marche.

Que ce Verbe nous donne le courage d’écrire ce que nous devons encore écrire par devoir, ou pour guérir des choses qui peuvent encore évoluer. Et qu’il nous gracie en nous offrant cette grande sagesse de discernement, afin de pouvoir reconnaître la différence entre ce que nous devons taire dans notre impuissance, et ce que nous pouvons encore écrire et accomplir par nécessité.

C’est la raison principale pour laquelle écrire est une énorme responsabilité !

Quoi qu’il en soit, un beau jour de légèreté, ou au cœur d’une lourdeur cruelle et inévitable ; ou encore mieux, entre les deux, entre le désarroi et la paix intérieure, ou entre le mal de l’espace tempes et la paix du cœur, il nous faudra bien nous détacher de l’écriture et de toutes ses scriptures intérieures, pour nous déposséder totalement de nos sentiments et émotions, jusqu’aux mots et jusqu’aux maux éprouvés, pour expérimenter librement une autre forme de Vie.

De la pesanteur des cris à la Grâce de l’écrit.
Liège, novembre 2023.

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