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Rumeurs des villes et humeurs des champs
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par [Reumond ]

2022-01-26  |     | 





illustration : La matrice des humeurs







De viles rumeurs montent de la cité et des humeurs nauséabondes s’étendent comme une marée de boue sur tout le champ social.

Il existe des rumeurs qui rôdent autour de nous, comme ces humeurs qui circulent entre nous ; suscitant cet émoi entre vous et moi. Des rumeurs caustiques, urbaines, et des bruits sur le Net et sur d’autres médias : ce sont comme des sons qui ricochent d’un profil à l’autre, et passent d’un mur à l’autre, comme d’éphémères passagers clandestins anonymes, avec un bruit sourd, mais tellement bavard qu’il provoque des discours.

Rumeurs corrosives et humeurs acides, c’est comme des courants d’air qui se propagent sans fin, quel qu’en soit le contenu. C’est de la sorte, d’une sorte de sortilège qui fonctionne et vous ponctionne selon le principe des vases communicants, que l’on communique malgré soi ces rumeurs.net et ces humeurs.com, comme se jettent des mauvais sorts pas nets du tout, ou comme se lancent des charmes semblablement aux rhumes et aux rumeurs qui se ressemblent et se communiquent sans forcément s’assembler.

Les rumeurs et les mauvaises humeurs sont comme d’infâmes tumeurs dans le corps de la cité et de tout Le Système, tels de gros kystes comme des excroissances de data sur nos portables et Internet, un véritable cancer qui se métastase selon les règles strictes d’algorithmes anarchistes sur tout le Réseau social et culturel.

Par vagues successives, de vaguelettes en gigantesque tsunami, c’est ainsi que de par le monde, on ne contrôle plus rien, on se répand soi-même en vains discours, en malentendus et en gros mots stériles qui nous boursoufflent les veines, comme dans la plus grande des coliques sociales avec sa diarrhée de confusions.

Dès les Origines des Mondes, le tohu-bohu régnait déjà en Maître à la surface des eaux primordiales. Et le monde que nous croyons connaître est toujours plein de ce vacarme premier, comme un tonnerre qui vibre encore des sons premiers comme sur une peau d’espace trop tendu.

Quel tapage ! Et si le cri primal de l’Univers était une grande plainte ? Un gémissement infini comme une éternelle lamentation, celle des tam-tam spatio-temporels ? Et si tout ce bruit était l’écho infini d’un grand cri primal, celui d’une naissance d’un Homme à venir, d’un Homme pleinement Homme que l’on attend encore.

Et si cette attente intempestive était aussi celle du chœur brouillé des anges et des démons confondu dans une même et unique attente? Et si ces viles rumeurs qui montent de la cité, et toutes ces humeurs nauséabondes qui s’étendent sur tout le champ social étaient comme le continuum d’une seule et unique déflagration de tous les cœurs souffrants au sein d’une grande multitude de Nébuleuses ?

Oui, comme un vagissement de voix lactées enregistré sur une bigre bande de Möbius, une bande usée jusqu’à la théorie des cordes ; une bande de bangs qui crisse et tourne en rond, en boucle comme on dit, pour ne jamais la boucler ! Oui, pareil à la vis qui tourne folle dans le vide ; une vis en double ou en triple spirale d’ADN pour nous faire entendre à travers le vinyle gravé depuis la nuit des temps dans le vide de l’espace quantique, le cantique d’un grand Big Band, celui même de l’espace-temps des dieux anciens, un Big Band qui fait écho avec l’espace tempes des humains modernes.

Et tout « ça », depuis le Grand Boum d’une première sur boum des galaxies en folie ; telle une explosion de douleur de la matière première, elle-même surprise dans toutes ses parties molles.

Sans remonter le temps, comme vous-mêmes, j’étais déjà là, poussière d’étoile peut-être, ou âme vagabonde, mais je m’en souviens comme si c’était hier, aujourd’hui même et demain peut-être ; je me souviens d’une tonalité et d’une totalité totalement confondues dans une boucle sans fin. Je me rappelle très bien cette « Surboum originelle », au point que même encore aujourd’hui, les acouphènes dont je souffre depuis mes douze ans ne peuvent couvrir le bruit de ce vieux souvenir étoilé de plus de douze milliards d’années.

Maman n’est plus depuis 2016, mais c’est entre mes neurones connectés à ma carte mère et tout ce monde connecté au brouhaha des rumeurs brumeuses, que montent des éclats de rire qui couvrent les cris et les pleurs. Comme un miroir qui tristounet ne voit rien du réel au-delà des reflets, les bruits dits « sourds » ne s’entendent jamais bruiter, c’est donc en orphelins de père et de repère que nous marchons sur les routes du monde. Ce bruit, c’est assourdissant de confusion et étourdissant d’informations tronquées et sans nuance. Il y a là le bruit de la colère qui couvre celui de la tristesse, dans la confusion des maux et des mots, chacun se couvre comme il le peut !

Sauve qui peut, le murmure en sourdine des sourdingues de l’être témoigne de l’indifférence et des gros maux de l’égoïsme. Plus ça bourdonne dans la ruche mondaine, plus montent aux créneaux tous les porteurs de potins politiques et autres ; plus le monde prend corps, entre la mondialisation des pensées erronées et la cote des popotins de stars.

Parce que « moi » je veux « ça » on-dit « ça », on pense « ça », on croit « ça », on imagine « çà » et « ça » comme le dit Freud « c’est plus fort que moi » ; entre non-dit et ouï-dire, grimaces et sourires, là où « ça » désire, « ça » respire, et là où « ça » respire mal « ça » conspire ! Horreur ou erreur ? Là, où d’un côté « ça » pelote l’autre, « ça » manipule… Là-bas, ici ou ailleurs, « ça » complote d’un autre côté, où est l’envers de l’endroit et bien sûr à l’endroit des travers ? Parce que l(homo sapiens est un nœud de contradictions.

C’est vrai ou pas, c’est bien et c’est beau ; c’est juste, logique ou moral, bien pensé ou ridicule, etc., Il y a comme « ça » entre le temps et l’espace comme entre nous des consensus socioculturels qu’on suce comme des réalités tout entières ; des consensus que l’on consomme à coups de langue verbeuse comme des vérités absolues, tout comme on lèche des friandises mondaines, sans vraiment se demander ce qu’il y a vraiment derrière et dedans.

Devant la complexité de l’Univers, face aux chemins alambiqués du monde et à l’impénétrabilité de notre pauvre mental d’homo sapiens, comment s’y retrouver ? Comment ne pas douter de ce qui est, de ce qui était ou de ce qui sera peut-être ?
Comment ne pas donner d’Office, comme sur Microsoft, sa langue au chat, celui de Schrödinger bien sûr, ou comment ne pas carrément jeter sa matière grise à Cerbère, le chien des nouveaux enfers algorithmiques, pour ne plus penser, ne plus croire et ne plus douter, pour ne plus imaginer, en laissant faire les chiffres, et vivre de numérique en tirant les bons numéros, comme pour nous gaver dorénavant d’écran plat, de virtualité, d’illusions, et de béatitudes analogiques…

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