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■ Bien ou mal...
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2016-03-23 | | Aujourd'hui je m'assois au fond de la classe pour mieux suivre l'action dans le décor. J'aime la lumière dans la salle de cours. Devant moi, deux filles parlent du dernier Carax, que je n'ai pas vu. Leurs voix mélodieuses, leurs gestes larges me font penser que ce "Holy Motors" prononcé avec pathos leur a plu. "J'ai retenu la sentence du père", dit l'une d'entre elles, la blonde qui passe la main dans ses cheveux avec grâce et élégance, tu te rappelles, dans la salle de bain? "Ta punition, mon amie, c'est d'être toi, et d'avoir à vivre avec ça", c'est fort, c'est ce qu'elle devait entendre pour prendre conscience de son identité. C'est la phrase clé du troisième tableau du film, qu'en penses-tu? Soudain, la porte s'ouvre et entre la fille de mes rêves, R. Les mots flottent dans l'air, je n'entends plus que la cadence de ses pas, je sens déjà son parfum de jasmin qui pulvérise mes sens. Je la suis du regard, elle a l'air un peu insolent, comme d'habitude, et son jean parfaitement moulé sur ses formes fait déjà partie des pièces de collection dans mon coeur. Ses yeux noirs me rappellent désespérément tous les yeux noirs dans l'histoire du cinéma et je fixe pour quelques secondes ce visage pour capter un seul coup d'oeil, moi, devenu soudain le vassale de son regard. Je ne sais plus si je l'ai fixée pendant quelques secondes ou quelques minutes, mais tout d'un coup R. est en premier plan, nerveuse, cabrée et bien belle, bien sûr. Elle s'assoit près de moi, "c'est Godard aujourd'hui, n'est-ce pas, t'as le scénario ?" les feuilles de papiers froissées sont prises avec hâte par ses mains nerveuses que j'ai l'occasion de toucher pour la première fois en lui tendant le scénario. Arrêt sur l' image. Plan de détail avec ce geste interminable pour moi. Et subitement interrompu par le grincement de la porte qui nous annonce l'apparition du professeur sur le plateau. Il commence son discours avec les paroles de Nana - "Quand je bouge la tête je suis responsable, lorsque je bouge le bras je suis responsable... les hommes sont les hommes, les assiettes sont les assiettes et la vie c'est la vie" - et moi je deviens brusquement conscient de la responsabilité si agréable d'atteindre de nouveau, doucement, le bras de R. Elle me sourit, puis se met à ecrire nerveusement sur ses feuilles volantes, l'air concentré. Je suis la courbe de ses lèvres entre-ouvertes qui étalent la couleur pourpre de toutes les roses de Caire. C'est la fin du cours, Anna Karina regarde le sourire de Jeanne filmée par Dreyer et son visage se superpose à celui de la femme, celui de R. est déjà superposé sur mon coeur. "Fini, donc, on y va", me dit-elle, "on boit un café ensemble?" Photographie de Christian Demare
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