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Les flagrants des livres
article [ ]
au sujet d'un site littéraire à thème

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par [cometehayley ]

2015-10-17  |     | 






Cherchez "les flagrants des livres" et vous y trouverez bien le délit que vous cherchiez.

Le thème, en l’occurrence, nous laisse le choix entre plusieurs sens donnés au mot "flagrant". Le premier, celui qui saute aux yeux de tout lecteur attentif aux attentats littéraires étant celui de "l’évidence"; c’est le sens « manifeste » qui s’ oppose au sens « obscur»; telle la mauvaise foi des gendarmes et des syndicats quand ils comptent le nombre de manifestants, ou encore celui qui, d’une « évidence indiscutable » frappe nos sens comme le mensonge des banquiers et des politiciens; auxquels répondent nos « flagrants des rires » pour dépasser, à gauche comme à droite, les flagrants des pires : entre les "flagrants débits" de la démagogie et les "flagrants délits" de la bêtise humaine.

Parfois chez moi, les travers philologiques prennent le pas sur les chemins de traverse poétiques; alors, si "flagrant" vient du verbe latin "flagrare" – d’où flamme et flamber – flamber des livres revient à poser un acte iconoclaste, comme dans le roman de Ray Bradbury, Fahrenheit 451 publié en 1953, plus connu chez nous en Belgique à travers le vieux film de science-fiction éponyme de François Truffaut.

Brûler ou commettre un livre reviendrait-il à commettre un crime, sous les yeux exorbités d’un lectorat médusé qui ne peut que constater l’incontestable flagrant des livres ?

Il y a effectivement tous les jours à la TV et chez nos libraires de quoi faire des constats, ceux d’une infraction littéraire, d’un forfait publicitaire ou d’un délit journaliste, mais tout constat n’étant lui-même qu’un acte d’écriture, tout finit par s’écrire en rond !

À savoir si l’écriture - sous forme de livres ou d’informations - fait tourner le Monde – puisque "Il tourne pourtant !" comme disait Galilée, c'est là, toute la question en question du côté de chez Beckett.

Le pluriel de « Flagrants » pourrait laisser penser ou supposer que "le sujet du mois" est en même temps "l'objet du moi", et qu'il concerne les différents sens du mot « flagrant », qui n’ont en réalité rien d’antinomique.

Entre votre main qui met la dernière plume à votre dernier bébé littéraire, et la main de l’officiant Montag qui vole un livre dans une maison en flamme, la connaissance est-elle considérée comme un danger où les livres pourraient être interdits, comme dans de nombreuses sociétés contemporaines; où le livre est-il supposé être la flamme au cœur ou l’âtre de l’âme ?

Ces choix de sociétés s’opposent, la nôtre, un tantinet « gnostique » érige bien souvent « le livre » et la connaissance en "iBook", en "Idole" ou en "Icône", et l’autre, par contre, comme celle du roman et du film, où une femme refusant de quitter sa maison meurt brûlée avec ses livres, met-il tout lecteur en danger ?

Où nous situer entre ces deux extrêmes ?

En êtes-vous réduit à cacher des livres dérobés à la bibliothèque sous votre oreiller, ou à mettre sous cellophane votre livre préféré pour le préserver du temps ?

Refusez-vous d'aller travailler sous prétexte qu’il vous reste beaucoup à lire ? Où vous déclarez-vous malade afin de rester à la maison à écrire votre biographie ?

Ce que « le livre » représente dans telle ou telle société est signifiant de notre rapport signifié aux choses et aux êtres, et des dangers de l’un comme de l’autre sont là. Soit l’information livresque nivelle les gens par le bas ou elle les écrase par le haut en bourrage de crâne.

Où se trouve le juste milieu du livre, entre l'introduction et la conclusion peut-être ! C’est là tout le dilemme du bandit Procuste qui nivelle ou rallonge ses victimes.

Et quand le contenu des livres devient aussi plat que nos écrans multimédias, n'y a-t-il pas aussi "danger" et "délit" ?

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