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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2013-07-12 | |
Illustration : Au cœur de la nuit la plus obscure, il y a toujours une porte qui ouvre sur l'azur...
(1) Néologisme composé à partir des mots « Néant » et « Naissance » « Malgré la nuit, je sais bien la source qui coule et fuit, elle est cachée cette éternelle source, mais moi je sais bien là où elle vient sourdre, malgré la nuit. Je n’en sais, l’origine n’en a point, mais je sais que toute origine en vient, malgré l 'a nuit. Je sais qu’il n’est nulle chose si belle, et que les cieux, la terre boivent en elle, malgré la nuit… » Saint Jean de la Croix, Nuit obscure - Cantique spirituel . « Toi l’obscurité, d’où je suis issu, je t’aime plus que la flamme, qui trace les frontières du monde. Parce qu’elle luit pour n’importe quel cercle, hors duquel nul être ne sait rien d’elle. Mais l’obscurité contient tout en elle : Figures et flammes, bêtes et moi-même, comme elle les capture, homme, puissance ; et il se peut ceci : une force immense bouge tout près de moi. Je crois aux Nuits. Rainer Maria Rilke (septembre 1899) (...) Durant ce voyage sans fin au seuil infini d’une troisième naissance,franchissant portes et brouillard, je fus étonné de constater en ma propre vision, combien et comment l’expérience mystique peut rejoindre l’expérience poétique ; et combien l’intuition et l’inspiration ont une même source vivante qui coule au-dedans de nous. En réalité, sciences, religions, philosophies ou arts, qu’importe le mode de compréhension et d’expression, c’est toujours la même trace, le même esprit qui traverse la chair de part en part, et qui dans l'instant éternel s’empare de tout; c'est le même feu, le même souffle qui passe dans les couloirs du temps avec un bruit de voix, comme une parole éternelle, un flux... C’est là , dans le tunnel, comme plongée dans la nuit la plus obscure, et comme purifiée de nos instincts de bête, que notre part d’animalité peut laisser jaillir sa vraie lumière. Entre Jean de la Croix, en ses cantiques spirituels et Rainer Maria Rilke, c’est le même écho, le même appel qui nous fait croire en la nuit pour croître, car malgré ses opacités aussi épaisses que la poix de la mort, cette fontaine éternelle, cette source vive, elle que nous désirons tant, nous savons par intuition qu’elle est là , au bout de nos doigts, à une portée de plume, comme une profonde intériorité qui jamais ne nous lâche. (…) Quels que soient les chemins, sous le ciel de l’Inde ou sous celui de Bruxelles, toutes les croyances mènent un jour à l’intérieur de l’homme, mais il faut beaucoup de temps pour que se sédimentent toutes nos illusions ! Sur la porte de mon âme, comme sur celle de l’Âshram de Rabîndranath, il était écrit d’une belle écriture sigillaire couleur de ciel bleu : « En ce lieu, nulle image ne sera adorée et la foi de nul homme ne sera méprisée ». Illustration : Au bout du tunnel le plus noir, il y a toujours une ouverture qui donne sur l'azur... (...) Alors, entre deux inspirations profondes, comme celui qui part pour les grands fonds, en plein air, à l'ombre des arbres verts, je respire l’enfance retrouvée. Parce que « L’homme qui se rêve libre et nu retrouve l'innocence et l'enfance » dit le sage, et que toute évidence, toutes les convictions viennent souiller quelque part cette innocence virginale. Voyez partout, sur terre et dans l’eau des mers, des fleuves de sang et des étangs souillés, le monde est le reflet de nos tristes certitudes ! Toutes nos représentations sont des pets d’éventail, du vent, et l’image que vous avez de moi est bien trop surannée, comme le sont les vieux souvenirs, une belle poignée de paille fanée jetée à tous les temps. Oui, je ne suis plus rien pour vous et plus rien pour moi-même, même pas un nom qui part à la dérive, le long d’un doute sans fond. Alors, ne me suivez pas davantage dans cette "néance obscure", naissez plutôt à vous-même et quittez les berges des représentations et des images que vous vous faites des hommes et des dieux. Les images nous tiennent prisonniers comme des chaînes d’axiomes inébranlables (…) Si j’avais moi-même un maître, il serait comme un arbre vert et pourrait se nommer Rabîndranath Tagore ou André Virel… mais qu’importe le nom quand nous sommes en route pour le néant ! Non, pas celui des nihilistes remplis d’animosité ou de ressentiment, mais celui des grands écarts, des petits enfants, des sages, des fous, des mètres néants et des failles sans nom. Mais je ne suis déjà plus rien, et je n’ai ni dieu ni maître, et encore moins de tristes disciples indisciplinés à qui montrer le chemin. Je n’ai ni maître ni dieu à vous proposer, aucune solution en dehors de vous-mêmes, je n’ai plus que des mots qui se perdent en chemin. (…) Avec ses hauts et ses bas, sa grisaille et ses couleurs, le monde est notre reflet, alors comme un arbre vert plein de vie et de sève, j’ai pris cette ultime décision, celle de ne plus rien refléter, de réfléchir en étant l’ombre de ma propre pénombre, ou mieux, de refléter en tout temps et en tout lieux, l’amour et le respect profond des croyances de chacun. (…) Comme un ermite, après quarante jours passés dans le désert, sans internet et sans Facebook, je me souviens de l’encre, du stylet et du papier. Je me souviens aussi de mes rêves les plus fous, de mes cauchemars les plus douloureux et de toutes mes pérégrinations d’adolescent en quête de vérité. (…) Illustration : à proximité d'Ermenonville, la route du Regard, entre les feuillus du bois de Perthe. (...) L’imagerie mentale onirique n’a rien à voir avec l’imagerie médicale, le rêve peut aussi nous conduire à nous-mêmes, à condition de savoir fermer les vœux. De partir sans attente comme le pèlerin de Compostelle se laisser composter par la vie, comme tout être biodégradable afin d’avancer plus encore dans la vie au-delà même du rêve. l’onirothérapeute lit dans les rêves comme l’enfant dans les nuages, comme l’iridologue voit l’avenir dans l’œil des cyclones et la pupille dilatée des cyclopes. Comme l’huissier peut lire dans le flagrant des lits encore tièdes des nuits trop chaudes, comme le trappeur de mots peut lire à la ligne des phrasés, et comme le stalker relève les signes indéchiffrables sur le chemin du moi, il nous faut « lire », c’est-à -dire apprendre par nous-mêmes décoder le réel. L’onirologue lève le voile de l’imaginaire pour y percevoir quelque réalité, car il a l’œil, et le regard perçant des aigles. Bien avant de lire des signes dans le ciel et sur les os calcinés, bien avant les lévites de IHVH et les Grands Prêtres d’Osiris, bien avant tous les serviles serviteurs des Bals, c’est dans les rêves que l’homme à découvert les dessous de l’homme. (…) La vie ne peut naître que du chaos ! C’est une réalité qui nous dépasse, nous qui pensons qu’être créateur c’est de mettre de l’ordre dans les causes et dans les choses ; mais rassurons-nous, les bagageries sont pleines d’illusions à dépasser, et les trains bondés de voyageurs pleins de rêves à réaliser. C’est le principe même des wagons communicants entre eux. Le désordre sur mon bureau engendre des mots plus ou moins ordonnés, les maux procréent des symptômes, des signes et des symboles pour nous apprendre à lire la vie comme dans le mouvement des osselets blanchis. Les souvenirs reviennent, alors que d’autres passent aux oubliettes, c’est ainsi, les grandes révolutions font naître de grandes libertés inexplorées, le changement vient à nous pour que nous alliions à nous-mêmes, c’est ainsi depuis toujours, le monde évolue, les choses changent. Avant, la Terre de nos ancêtres était comme un grand vide où l’obscurité couvrait un océan primitif, et où le souffle de l’esprit agitait la surface de l’eau comme un enfant qui joue dans sa baignoire. C’est ainsi que se raconte de génération en génération le chapitre premier du livre de la Genèse. Toutes les cosmogonies se ressemblent comme les humains s’assemblent pour faire du nouveau, rien ne se perd et tout concoure au bien, pour que la mort, l’amour et la vie engendrent de nombreux terreux et de fourmillants fangeux dont nous sommes les enfants et les pères. J’aimerais tant que vous vous passiez de moi comme passe la tramontane au-dessus des oliviers ; je n’ai rien à vous apporter, rien, qu’un peu de poussière grise, rien à vous donner que ma peau fanée et mes os calcinés, rien à vous vendre, rien à vous apprendre et rien à vous raconter, en dehors de quelques souvenirs éparpillés. (…) Les osselets d’Aristote et de Freud s’amalgament en jeu de dés, la nuit qui roule n’amasse que mouise ; l’appareil psychique est la boîte noire d’un objet volant jamais identifié… Tristes topiques, quand le je est un autre qui suis-je en dedans du dehors et en dehors du dedans ? Tristes topiques, quand le vrai moi n’est pas ce moi qui régresse, refoule, projette, rationalise, écrit, pense, sublime, transfère… L’un protège probablement un autre que lui-même, pour survivre à la dent des loups. Triste topiques quand mon Ça obéit à la douceur des plaisirs immédiats, ici tout de suite, en recherchant autour de lui et dans l’assiette du monde de quoi satisfaire son exploration du réel, Ca c’est plus fort que lui, il a, il sait, il peut, il faut, il doit, il croit, il fonce droit vers l’abîme. « Über-Ich ! » souffle le vent froid, comme cette voix forte qui parlait à la Pucelle d’Orléans, car des entités molles habitent ma tête folle, entre le complexe d'Œdipe et celui de Jeanne d’Arc, les voix suivent la voie tracée par mes ancêtres ; ce que vous entendez de tous côtés, avec les cris et les grincements, dedans comme dehors ; c’est l’écho froid des voix qui ne sont pas nous, les reflets d’images et de croyances qui nous viennent d’ailleurs et qu’il nous faut laisser là au bord des chemins comme des épaves rouillées. De mécanisme de défense en mécanisme de conversion, il nous faut malgré tout avancer en profondeur, c’est ce qui fait la vraie joui-sens, toujours avancer, mais attention à ce que vous consommez, ne mangez surtout pas les offrandes très saintes avant qu’un prêtre du lieu n’y lise les signes des dieux, laissez les osselets rouler à terre jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent de tourner, l’Ourim et le Toummim vous diront où vous êtes et qui vous êtes, ne laissez pas les hommes vous définir et vous diriger, soyez libre de penser et d’agir. (…) Dans le patronyme d’André Virel, il y a le mot VIR, tout comme dans ces virages que l’on prend pour changer carrément de vie, tout comme dans le mot virginal il y a la vie quand le désir se fait vierge de toute affectation, ou comme dans virtuel, tel que l’homme se présente à nous, sous la forme d’un fantôme vieux de 184 ans et des poussières. (…) En vélo, en passant par Livry-Gargan, Vaujours, Dammartin et Mitry-Mory, de Clichy-sous-Bois à la forêt d’Ermenonville, en prenant les sentiers les plus poétiques, il y avait à peine une quarantaine de kilomètres. En quarantaine comme d’autres passent quarante jours ou quarante ans au désert, je prenais la direction de la mer de sable. En fin de journée, c’est le long de la route du Regard, sous les feuillus du bois de Perthe, que j’ai planté ma tente dans la pénombre. Le corps vidé par des rêves à nouer les duvets, après un sommeil bien agité, c’est à mon lever, en repliant la tente de camping que j’ai remarqué sous la toile de sol cette corneille morte sur laquelle j’avais passé la nuit. Pour moi cette nuit restera à jamais « La nuit du corbeau mort » et celle de ma rencontre avec Jean-Jacques, au cœur de la forêt domaniale, au lieu dit « La nuit du corbeau mort » J’avais à peine seize ans, des rêves à n’en plus finir, une libido harcelante, un corps en pleine maturation, des aspirations spirituelles énormes comme ces arbres verts qui m’enclavaient en cathédrales végétales. Comme une image hante le peintre, ou comme l’intuition se fait muse pour le poète, il est venu vers moi, à moi, pour m’habiter d’une ectoplasmique présence, comme une vision vient aux rêveurs solitaires. Les bouleversements au quotidien nous conduisent plus loin encore, pour croître, et la mort en est un, comme cette sublime révolution des corps et des âmes. Après un accident vasculaire cérébral, me dit-il, le temps de me ressaisir, je suis parti prendre du repos dans les ailleurs, oui, au lendemain même de ta propre naissance, un deux juillet de l’an 1778, j’ai quitté Ermenonville pour mieux y revenir. Tu me fais penser à mon Émile, tu en as l’aspect fragile, et le côté enfant triste et torturé qui me rappelle ma propre enfance. Pour y philosopher avec la mort, j’ai une cabane à proximité d’ici, C’est mon dehors, mon désert dans l’entre-deux, car outre-tombe les ombres sont trop nues et trop nulles ; mais ici, c’est mon chez moi, ma nature, et quand tu passera par là , viens visiter ma masure, tu y seras toujours chez toi comme le scorpion dans l’ombre des rochers. Vient régulièrement me voir afin de me distraire de la nuit, et pour que nous puissions débattre ensemble de ces choses extraordinaires qui se passent dans les ailleurs. (...) Comme dans le sport, du chevet des éditeurs jusqu’aux lits des producteurs, beaucoup cherchent à doper leur trace. C’est normal ! La reconnaissance nous tient aux tripes et par les extrémités elle nous tire ; par le moi et le je, le sexe et la gorge elle nous écartèle. À travers le son et l’image, entre les enfants et les amis, le travail et les passions, quelque soit le support, prolonger sa trace devient une obsession, une hantise, une assuétude, comme de prolonger sa vie à l’infini. Personne n’aime l’oubli ou pire l’indifférence ! Procuste lui-même savait ce secret, lui qui raccourcissait ou allongeait selon ses critères de couche. Survivre à ses traces, bêtise ! La poussière grise effacera tout sur son passage comme la main d’un typhon. Le vent et la pluie corrodent jusqu’aux pierres les plus dures, et le temps se charge du petit reste ! Aucune rime ne soit-elle, aucun vers si beau soit-il, ne peux résister longtemps à ces petits animaux au corps mou et allongé qui ont savouré mon corps avec délectation avant que l’on ne transfère au Panthéon ce qui reste de mon Contrat, parce que les vers à mouche, les vers à merde, ne possèdent ni colonne vertébrale, ni conviction et pensée mensongères. À l’heure de l’audimat, chacun désire briller comme une star ; misère ! Pour quelle épopée, le stylo se donne-t-il en pâture aux fauves, et pour quelle gloire l’encre se transforme-t-elle en EPO ? Nul poème ne survit au néant, nul talent, nul génie n’est infini et éternel. La folie seule se gave de cette réalité, et y trouve son bonheur profond comme dans un puits rempli de nourriture. Seuls ceux qui s’ouvrent à la Néance peuvent encore espérer quelque chose de bien. Mais même le bien est un mirage ou un miracle pour ceux qui croient ! Alors, par pudeur ou par humilité, ne devrions-nous pas nous déposséder peu à peu de ce que nous croyons vrai et juste, bon et bien, devant ceux qui n’ont rien, au lieu de nous gaver d’images de nous-mêmes et de nous gargariser de valeurs et de morale, comme l’enfer des plus belles intentions et le ciel des intensions les plus logiques. Ne tombe pas Roland dans cette tombe d’illusions amères. Entre le mal et le bien des moralistes et des croyants, entre la nuit la plus obscure et le zénith le plus éblouissant, entre l’aube et le crépuscule, la cause et la grâce, l’absence et la présence, l’oubli et la souvenance… Il existe réellement un juste milieu, une zone sacramentelle ou la matière et la parole prennent forme. Un entre-deux où se révèlent les vraies lumières et tout leur mystère d’ombres et d’obscurités. Pour illustrer ce propos, je pourrais vous parler des différentes versions de L’empire des Lumières de Magritte, mais au surréalisme de l’un, je préfère opter pour le symbolisme de l’autre, en prenant chez un frontalier franco-belge comme ma pomme, William Degouve de Nuncques (1867 - 1935 ) trois œuvres qui me semblent assez parlantes tellement elles me ressemblent. Une petite toile et deux pastels, qui racontent quelque chose à l’entre-deux de ma mémoire : Les anges de la nuit (1894), Effet de nuit et Nocturne au Parc royal de Bruxelles. Si la nuit tous les chats sont gris, c’est que le mystère de la grisaille nous dépasse ! La grande notte ou la noche épaisse, la nag dense comme un brouillard qui n’a pas été tamisé le long des docks Londoniens, une noirceur qui semble sans fin, une natë pâteuse, ou l’übernachtung consistante comme un mur de Berlin ; la night des grandes obscurités, des nuits mystiques qui mastiquent les cieux ; la noc ou la natt, qu’importe la nuit, l’usiku ou la gece, c’est partout l’obscurité qui fait son œuvre de purification, parce que la lune et le soleil participent de la même création et nous invitent à participer de même au passage. Pour briller comme une auréole et voyager comme l’aurore boréale, il nous faut passer du bien-être personnel au bonheur de tous, dépasser nos blessures particulières pour un ravissement de l’âme, aller au-delà du salut individuel pour tendre à l’accomplissement altruiste, dépasser l’amour captatif et égoïste pour anticiper le don de soi. Voilà bien pourquoi il semble nécessaire de sortir des marges, de traverser les nuages de brouillard, de dépasser la mort, et de ne pas s’arrêter aux croyances et aux évidences de béton. Voila pourquoi, afin de se faire procréateur et co-créateur pour réaliser enfin l’humain auquel nous aspirons tous comme s’ouvre la fleur du matin, il nous faut semble-t-il naître une première fois pour renaître encore, et encore passer à l’individualisation pour renaître enfin à la Néance sans nuance de l’infinie ; c’est-à -dire apprendre à créer de l’humain pour demain, au-delà du virtuel, des potentialités qui sommeillent en chacun et chacune, car c’est là même la source de la vie et la continuation ou le prolongement divin de toute création. Oui, l’entre-deux existe, je l’ai visité, j’y ai cassé mes ongles, vieillis d’un demi-siècle, fracturé mon cœur et mon bassin, vécu la nausée…, mais c’est dans la nuit ! Qui cherche l’évidence ne se vide pas des apparences, il est ébloui par les phosphènes de la réalité, par les flashs aveuglants des paparazzis et les feux tout brillants de la scène, car seules les lumières peuvent faire de l’ombre aux choses mystérieuses de ce monde ! À l’image du Tà ijà tú de la philosophie chinoise, avec son yin et son yang, tout circule, tout est échanges pluriels, tout est grâce et tout relèvent en ce monde de multiples catégories complémentaires, cela même que l'on retrouve dans tous les états de l’être et dans tous les aspects de la vie et de la mort, un passage sans fin. Il n’existe pas d’obstacle, pas d’impasse, pas de dualité dans l’Univers, ni même de linéarité rigide, mais seule une grande complémentarité qui est le moteur de la vie même, dans la complexité des choses et la diversité des éléments. Tout est utile à tout et dans son unicité et la diversité, chacun est utile à tous, c’est là l’essence même de l’altérité. (…) Hier encore, nous voulions être la fierté de nos parents, mais aujourd’hui, ce besoin de reconnaissance nous étreint comme les mains du bourreau. Hier encore nous voulions être célèbres, mais le public nous a conduits au bûcher le plus chaud. Chaque louange a son travers et cache un prédateur sournois, chaque compliment est une chausse-trappe détournée. Je possède le savoir, le pouvoir ou l’avoir, mais tel est pris qui croyait posséder ; je connais la notoriété, mais c’est la célébrité qui me possède ! Mon agenda comme les bottins mondains et les dictionnaires eux-mêmes m’enferment ; votre regard m’enferme, votre intérêt m’arrête comme un cloître qui tourne rond ; votre bienfaisance elle-même écroue mon âme, votre amitié ferme ma cellule à triple tour, emprisonne mon corps ; vos encensements me tuent, car même quand ils sont incolores, inodores et insipides, les mots comme le monoxyde de carbone tuent ou intoxiquent sûrement ; ainsi, votre reconnaissance est un cachot sans appellation. Plus je possède en surface plus je suis possédé en profondeur, c’est là même le principe des supplices communicants, celui des doubles étaux où les estrades qui se changent en estrapades. Les oscars font de nous des gibiers de potence, les prix se métamorphosent en piloris et les éloges en tortures raffinées ; et en réalité, comme l’arroseur arrosé, plus nous possédons, plus nous sommes possédés ! (…) Extraits de LA NEANCE (essai de réflexion sur la béance et le chaos). Lien vers l'article illustré : https://www.facebook.com/notes/roland-reumond/la-neance-essai-de-réflexion-sur-la-béance-et-le-chaos/10151493963437337 |
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