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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2011-01-15 | |
« C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute d’orthographe…»(1)
C'est en ces termes que se disait Jacques Prévert, en se battant la coulpe avec lui-même, pour la remplir de bons mots, comme il savait le faire. Parce que, semble-t-il, la parole témoigne toujours d’un repentir, d’un regret…, plus exactement, d’une nostalgie de ne pas avoir tout dit, au bon moment, dans le bon lieu ; c’est tout le chagrin, parfois la colère de celui qui s'écrit : ne pas pouvoir exprimer pleinement l’essence même de l’être qui s’ex-prime ou s’imprime ! Mea-culpa ! Écrire c’est donc s'avouer vaincu d’avance, impuissant en quelque sorte et coupable d’un fait d’écriture. « On est laid à Nanterre, c'est la faute à Voltaire ; et bête à Palaiseau, c’est la faute à Rousseau…» Mea-culpa ! Arthur Gavroche, c’est du pur Rimbaud, c’est de l’alchimie à ras les alambics et les trois méninges, pour faire le ménage en ces lieux intérieurs. Là où "communiquer vrai" est un vrai Calvaire, une révolution du langage animal ! L’écriture révèle donc en fait que la parole est crucifiante, puisqu’elle nous écartèle toujours, prisonnière de quelques marges trop étroites et de beaucoup d’incompréhension en des lignes brisées. Entre objectivité et subjectivité, il y a sans cesse des abîmes de maux, car ces derniers, comme les émotions ou les motions qui les meuvent, restent toujours le seuil d’une nuée sirupeuse. Mea-culpa ! C’est le lieu même de l’inconnaissance, qui taille les frontières où les plumes s’égarent. Là où puant les produits de synthèse, l’intransmissible s’incarne dans la phrase comme le pétrole se dissous dans l’eau trouble, prégnante à vomir. Quoi que l’on écrive aux frontons des falaises ou aux sillons des champs, fadaise ! Tout reste en aplat ! Sublime ou nul, le message reste toujours indicible, intransmissible ! Ineffable la trace signée et le signe tracé …, l’alchimie n’est jamais complète et l’or constamment impur ! Mea-culpa, pauvre de moi ! Ce n’est pas l’erreur qui tue, c’est la certitude d’une trace qui écrase au passage ! Piétine les jardins intérieurs, bouscule le jeu des enfants de la graphe. L’erreur est humaine puisqu’elle signe le chemin ! La grandeur de l’homme, c’est la rature ! Mea-culpa ! De ce méat-là coula l’encre, mot à maux, pas à pas, trait pour trait, en un mot comme en trois, c'est toute l’Alchimie du verbe si chère à Rimbaud. Je perds mes notes, mes dents, la mémoire …, Attention ! Mot à bord, à ras bord, à ras mots ; ma date d’expiration approche à grand terme, elle approche la gaffeuse, et il est temps de tirer le trait, de faire le bilan ! Alors, seul avec ma feuille de papier cuit, je tire le trait, peut-être le dernier ? Peut-être qu’en écrivant plus vite, je parviendrais non pas à rattraper le temps, mais tout au moins à gagner quelques feuilles ? Pourtant, l’arrivée du Verbe a tout changé, dénouant la logique, déjouant les dualismes, se jouant de la linéarité, pour faire des boucles d’amour avec l’éternité, à l’infini de la tendresse ! Si au jour le jour, le verbe se fait chair et traits pour nous relier à l’impossible, alors tout est possible ! Todo es posible ! (…) (1) Jacques Prévert, Mea-culpa, dans « Histoires »
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