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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-10-24 | |
Entre poètes, il existe comme entre les mots, des espaces inconsidérés d’aventures, des percées pour une dialectique du bruit et du silence, là où les mots se font entendre dans le vrai sens du mot « connaître ».
Enfant déjà , façonnant d’une main gauche la pâte à modeler, j’aimais introduire des objets : allumettes, tubes, fils, cendres, papiers dessinés ou écrits, billes et jeux divers, pour greffer et introduire dans les choses « une intériorité » ; en ces « Lieux » où le passage semble toujours possible, en général de l’extériorité vers l’intime, comme un regard échangé, une bonne action, un don de soi, une main tendue …, tout ce qui tend à passer et traverser de je en tu. Les poètes et les artistes, comme tous les vrais savants et les authentiques mystiques sont des contemplatifs, c'est-à -dire qu’ils savent « percer le voir », et percent voir au-delà de toutes les réalités tangibles. La lézarde comme la déchirure est structurale, ce n’est pas un concept « creux » comme ces meurtrissures duelles, ces coupures stériles qui cassent la relation. La véritable « Lézarde » est « symbolique », et elle fait admirablement bien son travail en dressant des ponts (thème de l’Arche ou de l’arc dans tous les mythes), tout comme la hanche est notre centre de gravité, pour trouver le rythme, la forme et la force dans nos déplacements. Lézardes des villes et lézardes des champs, c’est comme les scissures cérébrales des hommes de bonne volonté, des fissures mûres comme des fruits blets, aux murs des villes , une parole en marche taguée à coup d’espoir , un poème dont les mots tracent leur chemin d’espoir et d’authenticité. Un ami poète, c'est-à -dire « un homme en marche » sur la trace des mots, un être de la race des traceurs de rêves, Laurent Chaineux, pour ne pas l’évoquer, dans son recueil « Lézardes et murmures » aborde indirectement la question sous-jacente, située au-dessous de, comme cachée dans la profondeur de la matière et des mots. Pourquoi les lézardes font-elles frissonner les peaux ? Quels secrets cachés recèlent-elles encore en leurs entrailles moites, entre failles et briques rouges, derrière les crépis détachés, les vieux plâtres et papiers arrachés ? Quel murmure se détachent-ils des surfaces décrépies pour venir parler à nos oreilles pavées de bruits et à nos cœurs dallés de pierre ? À sa manière poétique, Lorent Chaineux semble vouloir répondre à quelques-unes de ces questions. C’est ainsi que dans le poème « C'est l'heure étrange » ont peut lire que « La muraille inquiétante jette ses créneaux au néant de la nuit ». De quelle embrassure parle-t-il à nos corps embrasés par l’appel du grand large ? De quelles ouvertures parle-t-il ? Là « où chasse sur la plaine la rumeur », celle des « engoulevents » qui de leur goule, au crépuscule des dieux ou des hommes, attrapent les insectes en plein vol comme les poètes gobent les mots, les derniers mots peut-être à même les nuits les plus noires ? C’est au pied du mur que l’on reconnait l’oreille et aux murmures que l’on répond à la voix. Mot à mot, creuser en ses propres méandres et en ses labyrinthes pour tendre vers son château intérieur. Passure et traversure sont-ils des néologismes ? Oui peut-être, pour ceux qui ne connaissent pas les états limites ! Passer les limites, les marges, les bornes, à la démesure même de la zone explorée, toujours plus reculée, poussant le bouchon un peu trop loin comme Arthur de la publicité, d’outre-passages en outre-passures, exhumant des langues mortes et expérimentant des langages toujours nouveaux. Alors là j’aime ! Quand les mots deviennent des outils et des instruments de tranchée, pour creuser des sillons en des terres nouvelles, des passages de l’extériorité à l’intériorité, creusant les questions sans attente de réponse, inventant des mondes souterrains comme quand j’avais 12 ans, ouvrant des excavations, des mausolées avec des métaphores usées par l’usage et des néologismes neufs comme un regard d’enfant , et puis chercher et rechercher encore, fouiller en archéologue, en curieux contemplatifs et en rêveur distrait, faire de longs tunnels, des souterrains comme ceux de mon enfance dans les champignonnières de Fontaine-Henry, les carrières de Montfermeil ou celles de Clichy-sous-Bois. Car d’outre-failles, à la lézarde des entrebâillements de l’être, entre le Ciel intérieur et l’apparence même des choses sensibles ou visibles, les vents et les voix traversent nos faibles isolations, en des « murmures de lune » chuchote Laurent, par crainte de réveiller les pendules arrêtées sur « l'heure mystérieuse où la terre soupire » ; la vie s’y fait entendre en des bruissements de murs mûrs pour parler comme des pierres de cœur, quand les hommes n’ont plus les sentiments qu’il faudrait avoir à bras le corps. Dans un poème de vingt-six vers, intitulé « la côte est en vue » Laurent regarde au loin là où la « mer et pensive et s’étale », parce que « La côte est en vue », se repend, mots que rie si beaux dans le miroir et à la lueur des vides, là où « la mer est pensive, et s'étale que l'étrave fend silencieuse », alors que les Papes en font leurs phylactères, « La parole dite s'envole sans bulle », préambule « se pose et déambule » avant d’imploser, d’exploser pétillante de mots au champagne des lignes. En ce recueil de 54 poèmes, entre lézardes et murmures, Laurent Chaineux nous invite au voyage des mots. Si beaucoup d’entre nous lisent tout haut ce que d’autres disent tout bas, certains écrivent tout bas ce que d’autres chantent tout haut ; Laurent Chaineux est de cette race là ! C’est qu’il existe entre les mots et les gens des espaces inconsidérés, couchés là pour une dialectique du silence et du bruit; de la chanson à la prière, des mots creux et des mots pleins sens dans le cri de la nuit. Ainsi, les mailles du langage sont faites d’un tissu subtil de va-et-vient et d’expressions en mal de diction, de motions pleines de ces douceurs et de ces douleurs qui l'on murmure à mi-maux. « Les mots lus sont dits sans son ». Les mots dits ne sont pas toujours maudits, « Les mots lus sont dits, sans plus », alors que les malédictions sont toujours des articulations de malheur dans nos bouches critiques. Roland REUMOND |
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