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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-02-16 | |
suite
Dans les haïku de Constantin FROSIN, se déploie une méditation grave sur l’existence, une quête difficile dans un labyrinthe d’énigmes où le voyageur tente à chercher de nouveaux chemins. Ses soleils noirs sont d’une vérité tragique, d’une marche fatale vers la nuit : ‘Dieu nous donne la nuit / pour nous punir des péchés / de tous nos instants’. » (Jean-Claude GEORGE, Directeur et Président de la SPAF, in : ART ET POÉSIE, no. 178 / 2002). Laurent BAYARD, Directeur de la revue L’ENCRIER, Strasbourg, 1995 : « Il y a dans la poésie de Constantin FROSIN, cette froide et terrifiante lucidité dévastatrice, posant les préceptes de l’interrogation et du questionnement philosophique. Nihiliste, son humour glace et sert à détourner les sens. Son écriture cioranique, dans la lignée des grands poètes roumains, acide et désespérée, ne laisse place à aucune illusion, ni aucune échappatoire à notre condition humaine (…). Les images sont splendides et l’on goûte avec avidité aux délices de certaines métaphores, comme celle de la renaissance, qu’il traduit par : « Les squelettes d’arbres chuchotent, muets ». Michèle PICHERY, Directrice de la revue ECOLE DE LA LOIRE, 1994 : « Auteur de toute une série de haïku modernes, où des pensées profondes volent de page en page, se posant à peine, comme l’oiseau à la recherche de l’endroit idéal pour construire son nid. Des idées jetées ça et là , dans des tercets aux courtes phrases – ô, combien véridiques ! – qui en disent long au-delà des mots (…) Dans un inlassable déploiement d’interrogations, sa poésie porte vers la petite lueur qui point au bout du tunnel et le poète, par ses élans lyriques, entraîne vers elle le reste du monde ». Samuel BREJAR, Directeur de la revue RIMBAUD REVUE : « Constantin FROSIN, auteur roumain, professeur d’université, traducteur et poète, a écrit déjà plusieurs recueils de poèmes. Son dernier livre de poésie : POUR DE BON, édité par Editura pentru Literatura si Arta, Geneze, Galati, 1996, a un style qui lui est très personnel. (sur le no. 8-9 / 1996) ». Joël CONTE, dans la Préface de l’anthologie En quête de l’ange, éditions Pallas, Focşani, 2004 : « De sa plume alerte, le Professeur Constantin FROSIN nous donne l’occasion de découvrir, ou de redécouvrir, une facette de ses multiples talents en écriture : la poésie. Son style ne peut laisser indifférent de par la sensibilité qu’il fait ressortir à chaque instant. Sa maîtrise de la langue française lui permet de jouer avec les mots : il les place, il les associe, il les décompose. Quelquefois, plusieurs lectures s’avèrent nécessaires pour arriver à percevoir une première découverte qui fait ouvrir les yeux, et devant une seconde approche qui éblouit. Le poète attiré par les cimes bleues d’un ciel ensoleillé de sentiments et d’émotions, atteint l’extase de l’ange dans ses plus beaux poèmes d’amour. La force qui transparaît de son Å“uvre est imprégnée des vibrations issues de ses origines roumaines. (…) Ses poèmes d’amour agissent comme une profession de foi de sa volonté de réunir les êtres dans la paix et dans l’espoir ». Parmi ceux qui ont écrit sur la poésie de C. F., il y a aussi deux Italiens avisés. Le premier d’entre eux Roberto PASANISI, Directeur de la revue NUOVE LETTERE, écrit (en italien, certes) ce qui suit sur le volume Bossue, l’interrogation : « La via scelta da Frosin è quella di una poesia La seconde chronique appartient à une dame : Marialucia ROMANO: « Costante, infatti, si rileva l’anelito verso l’Assoluto, verso un Dio biblico che si puo intuire (ed è tragica questa facoltà concessa al poeta pensatore), ma che, quasi come un solitario dio epicureico è confinato negli inter mundia, quasi come un padre assente, lontano, indifferente alle faccende e al male del suo creato : ‘Peut-on se dire seuls / Tant que Dieu est là ?/ Sur quoi veille l’Eternité ?’ (p. 11) ; e ancora : ‘L’homme se trompe-t-il / de vie ou de mort ?/Dieu fait la sourde oreille…’ (p. 47). L’approdo di questa sua speculazione lirico-filosofica è espressa in inedite e gustosissime metafore – che ricordano per la loro doppiezza simbolistica un certo Baudelaire, per le loro illuminate envoûtement, un certo Rimbaud, per la loro brevità e sostanzialità l’Ungaretti di Allegria di naufragi : ‘Quel souffle de mort soufflera/un jour toutes les bougies du ciel ?/Mon dernier soupir (?)’ (p. 19) – è una sorte di nihilismo nietzschiano, forse orfano della Volontà di Potenza o meglio della volontà di vivere. In un’apoca di poesia consolatoria, contro lo stress e la depressione dell’uomo post-moderno, ci fa piacere leggere un autore cosi leopardianamente coraggioso, capace di scandagliare l’anima moderna con versi delle più intense risonanze metaforiche ». Deux autres chroniques auront le don de tirer les tenants et les aboutissants de ma création littéraire au clair, les deux signées par Louis DELORME. La première porte sur le recueil Plus près de Dieu que jamais : « A travers ces haïkus, de belle facture, CF fait un rapprochement du macrocosme : De part et d’autre / les crêtes des montagnes / ces énormes vagues planétaires, et du microcosme : Les milliers d’yeux du ciel / tentent de comprendre les agissements / de l’homme ici-bas, par une sorte de panthéisme qui révèle la présence de Dieu à chacune de ses pages. L’image sollicitée nous étonne, nous émeut par sa justesse, se fait connaître au dernier mot : Un énorme dos d’âne / s’arc-boute à la terre. Simplement un volcan éteint. Ici et là se veut vision de mage, de poète : Que sont les clairières ? /Des réservoirs de Lumière / symbole de sacralité. Mais l’homme, avec sa condition d’homme, est aussi présent dans cette célébration de la nature : On se prend les pieds / Dans la triste toile de l’automne, / Ce moelleux tapis de feuilles. Ou encore : On monte pour atteindre Dieu / à deux doigts de l’Infini / Il est encore loin… Présent avec sa souffrance et sa solitude : Entre chien et loup / je me range en double file / Entre les deux, le Néant… Le haïku trouve ici son plein épanouissement ». La seconde traite d’un autre recueil : Entre le luth et le marbre : « Il s’agit là d’un double hommage à Constantin Brâncusi : Une petite maison paysanne passée à la chaux / S’emboîte et s’imbrique dans le complexe Beaubourg. L’auteur développe l’analogie entre la sculpture et le poème : Armé jusqu’au cÅ“ur de ciseaux de lumière, Brâncusi se pointe sur le seuil de l’Infini / Et sculpte, à partir des entrailles de la Terre / De vrais poèmes en marbre, parfaitement accomplis. Brâncusi est pour CF l’occasion de célébrer l’amitié franco-roumaine, d’affirmer l’universalité de l’art et de la pensée qui font que tous peuvent se reconnaître dans une humanité vraie : Le coq brâncusien salue le coq gaulois / Et le soleil ; quel autre jumelage plus parfait / Quelle meilleure preuve de l’universalité / de l’Art, cette émotion jamais à l’étroit ? L’artiste érigé en Créateur, ce sont les mots mêmes de CF, nous entraîne dans sa course vers l’Infini… rend plus belle et habitable la planète Terre. On sort grandi de cette lecture, de ce plaidoyer pour l’Art, et pour celui qui s’y adonne avec passion, avec talent, avec Amour ». Christiane ROEDERER, ex-Présidente de la Société des Ecrivains d’Alsace, de la Lorraine et du Territoire Belfort, nous réserve deux pages dans une Conférence présentée au Colloque de l’Association François Mauriac, près l’Université d’Exeter, en juillet 2001 : « Nous sommes coupables de notre naissance, écrit-il en référence à la situation politique avant la chute du tyran. CF est un poète dont la poésie navigue entre cÅ“ur et raison, dans la droite ligne de son compatriote Cioran. Chez CF, ce déterminisme est ‘la marque d’un conflit entre l’existence et l’essence ’. Sa poésie en porte la trace, on oserait même dire les stigmates, tellement elle révèle un être humain désorienté lorsque Dieu s’en détourne : Quand Dieu va à la chasse / Nous, on perd notre place. / Gare à la casse… Frosin, tout imprégné de Baudelaire, Verlaine, Apollinaire ou Prévert, manie le sarcasme, l’ironie et la dérision. Ces détournements féconds créent la force et l’inspiration du poète puisque, suscitant notre admiration, il utilise la culture française comme une arme de rhétorique. Le professeur Laurent FELS émet une opinion très intéressante : « CF, connu surtout pour ses travaux universitaires et ses traductions, l’une des personnalités les plus importantes des milieux intellectuels de Roumanie, nous propose dans ses poèmes sous-réalistes une sorte de monde à l’envers. A une première confrontation avec ces textes relativement courts, le lecteur est tenté d’y voir une certaine « obscurité simple », qui cache le sens profond des poèmes. Pourtant, derrière cette façade trompeuse, se dissimule une vérité hautement spirituelle. (…) Par conséquent, cette nouvelle entité – dans sa pureté la plus profonde – se dérobe à tout classement spatio-temporel et refuse toute évaluation logique : A l’ombre de la lumière, / Lendemain se fait hier / A l’autre bout de l’autre bout / Rien se transforme en tout. CF place son texte dans un cadre métaphysique où la lumière – par un procédé alchimique des plus sublimes – se métamorphose en obscurité et où rien devient tout. Dans cet ordre d’idées, le je des couleurs n’obéit plus à notre conception rationnelle du monde et les lois de la physique se trouvent bouleversées à leur tour : Passé minuit / Soleil lève fuit // L’aube se fait nuit / Qui nous éblouit // Le froid nous cuit / Le noir blanchit. A lire ces trois distiques, l’on songe, entre autres, à Aurélia de Nerval, qui propose parfois des visions (dans toute la polysémie du mot !) analogues. Et Frosin de continuer : Avant de commencer / Il faut tout terminer. En dehors de sa haute teneur poétique, ce distique contient une dimension profondément initiatique : dans la conception ésotérique du vaudou, par exemple, l’initié doit se soumettre à un baptême en trois étapes avant de pouvoir entrer en contact avec l’esprit qu’il désire invoquer : le baptême de l’eau, celui du feu et mise en contact avec la force créatrice de la divinité. A travers cette triple dimension du rite dont l’objectif est celui de la catharsis, l’initié meurt symboliquement (On est mort-né, dit Frosin) et laisse derrière lui toute sa vie antérieure. Comme l’écrit le poète, il faut ‘(m)ettre l’automne avant l’été’, ce qui nous rappelle le principe de l’apocatastase : destruction, puis régénération. L’existence, dans la conception frosinienne des choses, est cyclique : ‘De loin en loin / La fin nous rejoint / De proche en proche / Du début on approche’. La fin n’est jamais un véritable arrêt, mais plutôt le commencement d’une existence nouvelle et prometteuse : ‘Derrière la porte / Je me transporte / Tout en émoi / Et pleure : quelle joie !’ Somme toute, nous pouvons dire que les poèmes sous-réalistes de CF vont ‘en dessous’ des apparences. En d’autres termes, nous pouvons voir en eux une tentative de quête du moi profond au-delà du matériel en mettant de la lumière aux parties les plus sombres du subconscient. Ainsi, la quête de Frosin est à la fois initiatique et ésotérique : c’est un je qui passe par un tu, mais qui revient incessamment à un moi (lyrique). Expérience ésotérique, mais aussi expérience poétique, tel serait le meilleur résumé que nous puissions donner de la poésie de Constantin FROSIN ». Je pense que Laurent FELS a compris le mieux les sens où bifurquent et irradient mes vers… Ou est-ce plutôt Louis DELORME qui y voit le plus clair, lui qui affirme : « CF poursuit la quête de l’absolu, à la frange de la dérision. CF est un maître de notre langue. Est-ce à dire que notre langue lui serait devenue maternelle ? Certes non ! mais plus que cela : essentielle, c’est sûr. Essentielle pour aller chercher au fond de soi, dans les différentes couches que nous abritons, non pas des réponses, puisqu’on les sait par avance illusoires, mais pour au moins pratiquer ce double jeu du ça et du soi : cette introspection onirique et narcissique qui constitue la principale préoccupation du lettré. De l’homme tout simplement. Qui tente de faire aller plus avant ce rebondissement entre ce que nous pensons et ce que nous faisons, entre ce qui nous dérange et ce qui nous enthousiasme, entre ce que nous vivons et ce que nous idéalisons ». Deux autres grandes voix se sont prononcées sur notre poésie : Daniel ARANJO (Université du Toulon et du Var) et Jean-Paul GAVARD-PERRET (Université de Savoie). Voyons ce qu’en pense le premier : « Ce qui me frappe, c’est son aspect virtuose et tournoyant, dans ses vers fuselés, comme dans sa prose, pourtant horizontale ; c’est sa façon de partir du langage pour toujours le tourner en bourriche au moins autant qu’en bourrique ; sa façon de sentir aussitôt le français dans ses coutures, du dedans, dans sa richesse intime, fût-ce pour en extraire la grammaire même du néant (à base d’explétifs, d’apocopes, de règne du ne et de ne pas (…). Ce sens du rien et du tout explique que ce poète de la vanité la plus dérisoire se situe, fût-ce face à lui-même, souvent à l’extrémité du tout, à l’en-deçà du bout ou de l’au-delà : ‘Un certain Charon, à bord d’un bateau géant / Eperdu me faisait signe de le rejoindre / Au nouveau Paradis appelé « Néant »’. Laforgue serait content. Et le plus bel éloge que l’on puisse faire à CF n’est-il point que telle ou telle de ses trouvailles pourrait être interpolée, sans modification, dans les plus fortes, et sages et salubres et désespérées des pages de Jules Laforgue » ? Jean-Paul GAVARD-PERRET : « Dans le prolongement de Mallarmé et de Valéry comme des poètes nonsensiques surréalistes et assimilés, CF joue un rôle essentiel à la fois dans la Francophonie et dans le processus de synchronisation à l’échelle européenne. Travailleur impénitent, il lutte pour une littérature européenne en forgeant un axe Roumanie-France, mais sans oublier les pays et les littératures concomitants. Son esthétique et son engagement tiennent donc un pari sur l’avenir. Dans son Å“uvre, l’esprit de géométrie et celui de finesse jouent les antipodistes pour se rejoindre en un endroit lumineux, qu’on nomme poésie. Celle-ci entend chez lui une certaine symbolique, afin de représenter des formes possibles d’existence. (JP GAVARD-PERRET, Ce Peu qui est Tout, la poésie de Constantin FROSIN, éd. Le Brontosaure, Paris, 2009, p. 9. Page 26, il enchaîne : « La beauté poétique naît de la puissance de décantation ironique qui permet de montrer un chemin peu visible, au cÅ“ur de l’expérience humaine et poétique. Sa poésie est plus complexe que la vie. Ses mots ne se réduisent pas à une simplification de la vie, mais son approfondissement afin de voir, d’entendre de quoi c’est fait, en une aventure plus démesurée qu’il ne semble… ». Et avant de conclure, quelques bribes d’appréciations reçues au fil des ans. En 1992, Gio FERRI, à l’époque directeur de la revue TESTUALE (Italie), m’écrivait : « Ho letto in viaggio le tue poesie francesi : sei molto bravo, sensibile et, sopratutto, sai lavorare sulla parola con rara maestria ». L’année suivante, Jean SAGITTAIRE, Président des Arts d’Oise, s’exclamait : « Vos textes sont d’une incroyable qualité ! ». En 1994, François HERQUIN (Belgique) me transmet : « (…) j’avais été fortement impressionné par la qualité de vos écrits et notamment par votre faculté de versification française, ce qui, veuillez en croire un ancien professeur de lettres et modeste poète à ses heures, n’est pas une sinécure dans une expression qui n’est pas votre langue maternelle ». En 1995, Roland Le Cordier écrit sur Regards du XX -e siècle : CF, Poète roumain de culture français. Voilà ce qu’il dit très exactement : « Sous le masque de la fantaisie et d’une indifférence affectée, ses poèmes dénotent la profonde gravite qui le pénètrent face aux événements de ce temps ». En guise de conclusion : Mes 18 oeuvres poétiques, dont moins de la moitié sont parues en Roumanie – le reste étant publiées par des éditions françaises, belges, canadiennes, luxembourgeoises, italiennes sont le fruit des débats tenus dans mon for intérieur, relatifs à la possibilité/l’impossibilité de la traduction, la réussite/l’échec de la démarche traductionnelle, l’utilité/l’inutilité de l’effort – le plus souvent frustrant – de traduire des oeuvres considérées (par d’autres...) comme impossibles à traduire. J’avoue que, dans un premier temps, il se peut qu’il y ait eu auto traduction, mais à la longue, il n’en fut plus rien. Le fait est que j’ai considéré comme autrement important de traduire la grande poésie que d’écrire moi-même de la poésie, bien petite par rapport à celle des grands poètes. Et puis, la poésie propre est l’œuvre d’un individu qui vise aussi (ne fût-ce qu’en secret de sa conscience…) à se faire connaître et valoir, alors que je pensais (et je le pense encore) que le service rendu à l’humanité, à sa culture, specie à sa littérature, par la traduction des Å“uvres significatives et représentatives est beaucoup plus important, car finalement, grâce au traducteur aussi, ces Å“uvres verseront, peu à peu, dans le patrimoine universel, sa traduction les rendra donc à l’universalité. Cependant, à ma grande surprise, grâce à la traduction, je me suis découvert poète moi-même, à cela près que je suis fils non pas de mes Å“uvres, mais de mes traductions. C’est de là que sont originaires mes poèmes, au point que je peux me dire traducteur-poète, et non pas poète, traducteur, etc. Autant de gagné, à la fin ! Attention : ce texte a été censuré par un soi-disant Comité de rédaction des Actes du Colloque organisé en novembre 2009 par l’Université Spiru Haret et refusé à la publication ! On me le fit savoir à 3 mois de l’événement, le soir du 15 février 2010 ! Cela ne se fait pas et ce n’est pas de jeu, ni de mise ! |
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