= j'aime les épaules de lumière... | lucia sotirova [23.Sep.04 23:23] |
"nuit attend au fond d'un gouffre de lumière" sèves... montent du bas de l'aube... pourquoi je ne veux pas qu'elle soient noires ? et si tu écrirais un poèmes d'amour cérébral ? | |
+ rêve... | Nicole Pottier [24.Sep.04 19:29] |
Le rêve se poursuit, nuit dans la lumière, côté secret de toute chose. En pleine lumière, ne s'étoufferait-il pas ? Le rêve se rêve pour continuer son chemin "sans écraser l'épaule du sommeil en une poussière de matin" que la clarté aveuglerait. Très très belles images d'une grande force suggestive. | |
= ce rêve continue | Marta A. Covas [25.Sep.04 21:21] |
Trés belle l`ilustration, et trés beau le poème. Tout les deux invitent à rêver vraiment dans une sensation de armonie et de tranquilité. | |
= Supposition | Yadine Aziz [26.Sep.04 08:05] |
La vie est un rêve ! Que le Rêve poursuit ses visions magiques noires ou lumineuses en dehors et au-delà de nos corps-prisons. Attendre, Monter, Rêver et Rêver encore pour écraser cette réalité désertique et aride. Très bien dit Marlena ! | |
= merci de me lire | marlena braester [26.Sep.04 21:00] |
oui, tu as raison, il faut se laisser prendre par la magie, sans dechiffrer le reve et le laisser "ecraser" le reel.On a des dimensions communes. | |
+ Humour ! et poèsie ... d'amour | Bernard Fournier [30.Sep.04 21:21] |
Et si rêver ne signifiait au fond que "défragmenter" notre mémoire ? !! ( comme on "défragmente" un disque dur ! Les poètes seraient gros jean comme devant ! Mais ce trés beau poème fait ... rêver. Oui se laisser prendre par la magie... des mots. Je vous lis toujours avec intérêt. Je suis comme Lucia : pourquoi n'écrivez-vous pas un poème d'amour ? Connaisez-vous celui-ci de Gaston MIRON ( poète quebecois) ? LA MARCHE A L’AMOUR Tu as les yeux pers des champs de rosées Tu as des yeux d’aventure et d’années-lumière La douceur du fond des brises au mois de mai Dans les accompagnements de ma vie en friche Avec cette chaleur d’oiseau à ton corps craintif Moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches Moi je fonce à vive allure et entêté d’avenir La tête en bas comme un bison dans son destin La blancheur des nénuphars s’élève jusqu’à ton cou Pour la conjuration de mes manitous maléfiques Moi qui ai des yeux où le ciel et la mer s’influencent Pour la réverbération de ta mort lointaine Avec cette tache errante de chevreuil que tu as. Tu viendras tout ensoleillée d’existence La bouche envahie par la fraîcheur des herbes Le corps mûri par les jardins oubliés Où tes reins sont devenus des envoûtements Tu te lèves, tu es l’aube dans mes bras Où tu changes comme les saisons Je te prendrai marcheur d’un pays d’haleine A bout de misères et à bout de démesures Je veux te faire aimer la vie notre vie T’aimer fou de racines à feuilles et grave De jour en jour à travers nuits et gués De moellons nos vertus silencieuses Je finirai bien par te rencontrer quelque part Bon dieu ! Et contre tout ce qui me rend absent et douloureux Par le mince regard qui me reste au fond du froid J’affirme ô mon amour que tu existes Je corrige notre vie Nous n’irons plus mourir de langueur A des milles de distance dans nos rêves bourrasques Des filets de sang dans la soif craquelée de nos lèvres Les épaules baignées de vols de mouettes Non J’irai te chercher nous vivrons sur la terre La détresse n’est pas incurable qui fait de moi Une épave de dérision, un ballon d’indécence Un pitre aux larmes d’étincelles et de lésions Profondes Frappe l’air et le feu de mes soifs Coule-moi dans tes mains de ciel de soie La tête la première pour ne plus revenir Si ce n’est pour remonter debout à ton flanc Nouveau venu de l’amour du monde Constelle-moi de ton corps de voie lactée Même si j’ai fait de ma vie dans un plongeon Une sorte de marais, une espèce de rage noire Si je fus cabotin, concasseur de désespoir J’ai quand même idée farouche De t’aimer pour ta pureté De t’aimer pour une tendresse que je n’ai pas connue Dans les giboulées d’étoiles de mon ciel L’éclair s’épanouit dans ma chair Je passe les poings durs au vent J’ai un cœur de mille chevaux-vapeur J’ai un cœur comme la flamme d’une chandelle Toi tu as la tête d’abîme douce n’est-ce pas La nuit de saule dans tes cheveux Un visage enneigé de hasards et de fruits Un regard entretenu de sources cachées Et mille chants d’insectes dans tes veines Et mille pluies de pétales dans tes caresses Tu es mon amour Ma clameur mon bramement Tu es mon amour ma ceinture fléchée d’univers Ma danse carrée des quatre coins de l’horizon Le rouet des écheveaux de mon espoir Tu es ma réconciliation batailleuse Mon murmure de jours à mes cils d’abeille Mon eau bleue de fenêtre Dans les hauts vols de buildings Mon amour De fontaines de haies de ronds-points de fleurs Tu es ma chance ouverte et mon encerclement A cause de toi Mon courage est un sapin toujours vert Et j’ai du chiendent d’achigan plein l’âme Tu es belle de tout l’avenir « épargné D’une frêle beauté soleilleuse contre l’ombre Ouvre-moi tes bras que j’entre au port Et mon corps d’amoureux viendra rouler Sur les talus du mont Royal Orignal, quand tu brames orignal Coule-moi dans ta palinte osseuse Fais-moi passer tout cabré tout empanaché Dans ton appel et ta détermination Montréal est grand comme un désordre universel Tu es assise quelque part avec l’ombre et ton coeur Ton regard vient luire sur le sommeil des colombes Fille dont le visage est ma route aux réverbères Quand je plonge dans les nuits de sources Si jamais je te rencontre fille Après les femmes de la soif glacée Je pleurerai te consolerai De tes jours sans pluies et sans quenouilles Des circonstances de l’amour dénoué J’allumerai chez toi les phares de la douceur Nous nous reposerons dans la lumière De toutes les mers en fleurs de manne Puis je jetterai dans ton corps le vent de mon sang Tu seras heureuse fille heureuse D’être la femme que tu es dans mes bras Le monde entier sera changé en toi et moi La marche à l’amour s’ébruite en un voilier De pas voletant par les lacs de portage Mes absolus poings Ah violence de délices et d’aval J’aime Que j’aime Que tu avances Ma ravie Frileuse aux pieds nus sur les frimas de l’aube Par ce temps profus d’épilobes en beauté Sur ces grèves où l’été Pleuvent en longues flammèches les cris des pluviers Harmonica du monde lorsque tu passes et cèdes Ton corps tiède de pruche à mes bras pagayeurs Lorsque nous gisons fleurant la lumière incendiée Et qu’en tangage de moisson ourlée de brises Je me déploie sur ta fraîche chaleur de cigale Je roule en toi Tous les saguenays d’eau noire de ma vie Je fais naître en toi Les frénésies de frayères au fond du cœur d’autaouais Puis le cri de l’engoulevent vient s’abattre dans ta Gorge Terre meuble de l’amour ton corps Se soulève en tiges pêle-mêle Je suis au centre du monde tel qu’il gronde en moi Avec la rumeur de mon âme dans tous les coins Je vais jusqu’au bout des comètes de mon sang Haletant Harcelé de néant Et dynamité De petites apocalypses Les deux mains dans les furies dans les féeries O mains O poings Comme des cogneurs de folles tendresses Mais que tu m’aimes et si tu m’aimes S’exhalera le froid natal de mes poumons Le sang tournera ô grand cirque Je sais que tout amour Sera retourné comme un jardin détruit Qu’importe je serai toujours si je suis seul Cet homme de lisière à bramer ton nom Eperdument malheureux parmi les pluies de trèfles Mon amour ô ma plainte De merle-chat dans la nuit buissonneuse O fou feu froid de la neige Beau sexe léger ô ma neige Mon amour d’éclairs lapidée Morte Dans le froid des plus lointaines flammes Puis les années m’emportent sens dessus dessous Je m’en vais en délabre au bout de mon rouleau Des voix murmurent les récits de ton domaine A part moi je me parle Que vais-je devenir dans ma force fracassée Ma force noire du bout de mes montagnes Pour te voir à jamais je déporte mon regard Je me tiens aux écoutes des sirènes Dans la longue nuit effilée du clocher de Saint-Jacques Et parmi ces bouts de temps qui halètent Me voici de nouveau campé dans ta légende Tes grands yeux qui voient beaucoup de cortèges Les chevaux de bois de tes rires Tes yeux de paille et d’or Seront toujours au fond de mon cœur Et ils traverseront les siècles Je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi Lentement je m’affale de tout mon long dans l’a^me Je marche à toi, je titube à toi, je bois A la gourde vide du sens de la vie A ces pas semés dans les rues sans nord ni sud A ces taloches de vent sans queue et sans tête Je n’ai plus de visage pour l’amour Je n’ai plus de visage pour rien de rien Parfois je l’assois par pitié de moi J’ouvre mes bras à la croix des sommeils Mon corps est un dernier réseau de tics amoureux Avec à mes doigts les ficelles des souvenirs perdus Je n’attends pas à demain je t’attends Je n’attends pas la fin du monde je t’attends Dégagé de la fausse auréole de ma vie Je me sens si petit quand je lis cela ! Bernard Fournier | |