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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2011-07-03 | |
"Evreux. Un homme et une femme viennent de divorcer. Ils sont venus assister à la procédure finale de leur divorce. Il n'y a qu'un train par jour entre cette ville et Paris. Ils sont tenus d'attendre la fin d'une journée et une nuit avant de repartir...
"... Lui (c'est la première fois qu'il l'appelle par son, nom): Anne-Marie... c'est la dernière fois de notre vie... alors. (Elle ne répond pas, reste assise. Ils restent - une minute pleine - sans rien se dire. La transition est brutale mais elle n'est pas soudaine. Tout à coup Anne-Marie Roche raconte.) Elle (très léger défi): C'était un autre homme que vous. Avant tout, c'était ça, un autre. Vous étiez d'un côté, seul, de l'autre côté il y avait tous les hommes que je ne connaîtrais jamais.(Un temps) Je pense que vous devez me comprendre parfaitement.(Un temps) Non ? Lui: Oui. Elle: J'en étais sûre.. (Un temps) Je crois qu'à ce moment-là ... nous étions quittes. Lui: Nous l'étions, c'est vrai...(Un temps) C'est étrange d'entendre la vérité deux ans après. Elle: C'est intéressant. Lui: Je n'ai jamais su... ce qui s'est passé quand vous êtes allée à Paris. Le récit que vous m'en avez fait... alors.., était. je suppose, faux. Elle: Vous n'auriez pas supporté la vérité. Maintenant. avec l'éloignement, vous pensez peut-être le contraire mais vous ne l'auriez pas supportée. Lui: Je ne supportais rien. Faux rire. Elle: Presque rien.(Un temps) Rien. Un temps. Lui (avecdifficulté): La... chose est arrivée comment ? Elle: Oh... pourquoi parler de ça... précisément... Lui: Maintenant pourquoi se priver de la vérité ? Elle (après un effort de mémoire): Je l'ai rencontré sur la plateforme d'un autobus. (Un temps - elle récite presque.) Après il m'a attendue devant l'hôtel... une fois, deux fois, la troisième fois il m'a fait peur, c'était tard, toujours devant l'hôtel, vers une heure du matin et... voilà . Un temps. Lui (brutal) : D'on veniez-vous ? Elle: D'une boîte de nuit de Saint-GermainÂdes-Prés. (un temps) Ça non plus, vous ne le saviez pas, n'est-ce pas ? Lui: Non. Elle: Je dansais quelquefois... vous ne dansiez pas.., ça me manquait, je croyais que ça me manquait beaucoup. Lui: J'aurais dansé, ç'aurait été pareil. Elle: Sans doute. (Un silence.) Vous savez, c'est tout à fait terrible d'être infidèle pour la première fois... c'est.. épouvantable. (Elle rit) C'est vrai... la première fois, même une... passade... c'est épouvantable. C'est tout à fait faux de dire que ça ne compte pas. Il se tait, sourit vaguement. Elle (continue): Je ne pense pas que pour un homme, l'infidélité soit jamais aussi... grave... Lui: C'est pour lui que vous avez prolongévotre séjour ?< Elle: Oui. Lui (pénible): Avez-vous voulu que cela arrive ou cela vous est-il arrivé malgré vous ? Elle: Je l'ai voulu. J'étais désespérée... J'ai fait ça pour retrouver les premiers moments... la première fois. C'est tout. Comme vous, pour retrouver ces moments... que rien ne peut remplacer... (Un temps) Mais vous savez, ce goût que l'on prend des aventures comme celle-là .., il vous vient de quelqu'un... Lui: Je préfère que vous 1'ayez voulu.., le reste, ça m'est égal.(Lent, difficile) Avez-vous retrouvé ces premiers instants ? Elle: On les retrouve toujours même... au pire... même une heure... vous le savez comme moi... c'est pour ça que je ne voulais plus revenir... pas pour autre chose. Un silence. Il cherche plus loin que l'histoire de Paris. Lui: Un après-midi, quelques mois avant ce voyage, je... je vous ai vue... vous ne le savez pas je vous ai vue passer dans cette rue-là (Il la montre) et je vous ai suivie... C'était l'après-midi. J'étais parti de mon bureau pour aller au chantier, je vous ai vue rentrer dans un cinéma... Elle (elle rit): Ah! oui... Lui (rit aussi): Je vous ai suivie. Je suis rentré dans le cinéma. On jouait un western que vous aviez déjà vu avec moi... Vous étiez seule. Vous étiez assise dans les premiers rangs... personne n'est venu vous rejoindre... Le soir vous ne m'avez rien dit de ça... et je ne vous ai posé aucune question... C'était le printemps, il y a trois ans... vous étiez déjà triste quelquefois... Le lendemain. après le déjeuner, je vous ai demandé si vous deviez sortir. Vous m'avez dit que non, et vous êtes sortie. Je vous ai encore suivie. Vous êtes allée aux courses. Vous étiez seule encore une fois. Je n'avais rien soupçonné de pareil... (Un temps) J'ai commencé à souffrir. Un silence. - Elle se souvient. Elle: C'est vrai, je faisais des choses comme ça. Lui (sourire) : Et vous continuez ? Elle (rit): Oui. Lui: Et à n'en rien dire Elle: Oui. Lui: Je vous ai fait suivre tous les jours pendant une semaine. Elle: Vous n'avez trouvé personne ? Lui: Personne en effet. Ce qui n'a rien empêché. Un temps. Lui (reprend): C'était affreux. J'étais jaloux de vous-même...de ce quant-à -soi... Une fois je vous ai suivie en automobile. Vous étiez toujours seule. Vous étiez superbe, seule, dans votre automobile. Vous alliez vite... Vous êtes allée à une vingtaine le kilomètres d'ici, vous vous êtes arrêtée près d'un bois. Vous êtes allée dans le bois. Je ne vous ai plus vue. J'ai hésité, j'ai failli vous rejoindre et puis... je suis parti. C'est un de ces souvenirs qui restent en pleine lumière, dont nous parlions tout à l'heure. Elle: Mais ce n'est rien, ce n'est rien, je passe mon temps de cette façon.(Un temps) J'ai oublié cette promenade (Un temps), mais vous auriez dû venir me rejoindre... Lui: J'ai eu peur de vous gêner... je pensais que vous préfériez être seule. Elle: Parfois, oui, je préférais. Lui: Ne vous défendez pas. Elle: Je ne me défends pas. Lui: Vous n'avez pas à le faire... Non, ça m'intriguait encore un peu... c'est tout... Elle, (presque comme "avant"): Mais vous êtes curieux. Pourquoi ne ferait-on pas des choses pareilles ? Lui: Bien sûr. Mais pourquoi ne rien dire? Elle: Parce que ce n'est pas la peine. Lui: Ce n'est pas vrai. Elle (brutale, présente) : Je n'ai jamais vu l'utilité de dire des choses pareilles, c'est extraordinaire quand même... Lui (ne lâche pas): On peut dire le soir: cet après-midi je suis allée au cinéma. Elle réfléchit. Elle: Non. Vous savez, ce sont des choses qu'on ne fait pas au début de... d'une histoire... alors quand on commence à les faire, il vaut mieux ne pas le dire... ça serait mal compris, n'est-ce pas... Lui: Mal compris ? Elle: Oh! il y en a qui pleurent l'après-midi parce que l'amour traîne...Moi je vais aux courses. La lumière diminue encore. L'horloge sonne deux heures comme dans les vieux vélos. Il fait presque sombre. Ils ne bougent pas: Elle (très bas): Il est deux heures. Qu'est-ce qu'on va penser? Il ne répond pas. Désir revenu. Il se lève, comme décidé à en rester là . Il va vers la réception lentement Elle reste assise. Lui, se retourne: Votre numéro ? Elle: Le vingt-huit. Elle se lève à son tour. Il revient. Ils sont face à face. Il lui tend la clef. Ils ne bougent pas. Elle ne prend pas la clef. Il dit à voix basse, voix fausse : Lui, très doux: C'est bête, vous allez être très fatiguée demain. (Un temps.) On vient à quelle heure Elle: Je ne sais pas au juste, avant neuf heures. Lui: Au revoir. Elle: Au revoir. Elle prend la clef. Ils se séparent. Ils font quelques pas puis s'arrêtent, restent sur place. C'est lui qui revient sur ses pas. Elle est appuyée à un fauteuil, le regarde venir. Ils sont face à face. |
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