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Courriel à un ami qui roule les mots dans la farine.
prose [ ]
Les jeux d’écritures sont comme les mots cuisinés par des marmitons en état modifié de conscience ; ils ne sont jamais terminés,

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par [Reumond ]

2011-03-28  |     | 



Les jeux d’écritures sont comme les mots cuisinés par des marmitons en état modifié de conscience, ils ne sont jamais terminés, tout comme il semble toujours possible de réinterpréter un concerto différemment, ou de réécrire un poème, en y mettant une autre respiration, comme de cuisiner un plat en le faisant chaque fois « autre », parce qu'en définitive, c’est l’Autre qu’il importe de gâter!

Comme dans les petits et les grands plats, les mots eux-mêmes sont jeux, exclusivement cuits à point d’exclamation, et relevés de multiples onomatopées qui expriment toute la douceur des sauces.

(...)

Grand-mère et maman avaient ce coup de main, si singulier, de ceux qui aiment préalablement à tout, avant même de cuisiner, comme pour préparer la pâte humaine avant les mets, avec un authentique sentiment d'altérité, pour parvenir à vous servir en fin de compte, avec affection, un simple crouton de pain accompagné d’un verre d’eau du robinet, son robinet, celui qu’elle ouvrait cent fois par jour avec le même geste conscient, conscient de vous donner « le boire » comme on donne la vie !

(…)

Bas les masques ! L’odeur est bien trop bonne pour gâcher les narines.

Car ici-bas, rien ne vaut les mots confits d’oranges et de bons sentiments ; rien ne vaut la bonne fragrance du café frais, avec ses croissants que l’ont sert juste chauds, un dimanche matin d’avril, en écoutant les cloches au loin, chanter l’heure du lever ; ou bien, cette bonne odeur du chocolat que l’on boit au jardin, au petit déjeuner, avec de la confiture de framboises ou des fraises de Wépion, goûteuses comme des mots d’amour, savoureuse comme la parabole du fils perdu et retrouvé, ou celle du « pain perdu » et recouvré dans un coin obscur de la mémoire familiale, souvenir qui nous replonge en un instant, après un demi-siècle d’oubli, dans la même cuisine que celle de notre enfance, en présence de l'être aimé.

Oui, mon frère et mon ami, c’est là tous les petits secrets de la vie et tous les grands bonheurs du sucré, que l’on partage fraternellement, comme enfants, nous partagions en cachette les blagues salaces, les bonbons bien rouges ou ces mots-bananes écrasées sur du pain grillé à point d’exclamation, tellement c’était bon, avec du sucre vanillé, des rires et des taquineries qui avaient toute la saveur des vraies glaces à la vanille, celles du temps où les fruits et légumes n’étaient pas encore transgéniques, ni irradiés par un pet de centrale.

« C’était au temps … » chanterait Brel, au temps où la compote de pommes et le riz au lait avaient le goût du Ciel, et non celui des usines et des congelés; du temps où nos grands-parents avaient des garde-mangers dans un coin frais de la chaumière, et des desserts de derrière les fins mots : goûteux,Noël, natures,vacances, anniversaires, fêtes, , Pâques, comestibles, colorés sans colorant, ni le moindre édulcorant …, rien que de l'authentiquement "Vrai" !

Des bons mots de bonne chère !

Entre les pâtisseries ollé ollé de ces jours dénaturés que nous vivons, et le goût exquis des choses natures, souvent perdues, je préfère la table des mots bruts, crus, purs, nets et nus…, simples et pauvres comme de belles amitiés, c’est pourquoi j’encourage, dans ma poétique gourmandise, la Paëlla ancienne et le beaujolais centenaire, accompagnés de bons mots qui ont du sel et gardent encore le goût du sens.

(…)


Certains préfèrent rouler les mots dans la farine et laisser couler le chocolat plutôt que l’encre de Chine, je les comprends, je te comprends, tu es trop bon mon ami, bon comme une friandise partagée des mains, des yeux et des lèvres ; mais où trouves-tu tes propres mots à toi ? Tes couleurs et ton sourire ?

Chacun sa source d’inspiration, ses tubes de couleur à l'eau "de Vie", ses potiquets, ses paroles réconfortantes …, mais je sais que tu connais des mots hautement parfumés, dorés sur tranches comme des livres, comme les yeux d’un gamin qui regarde sur la pointe des pieds la trop haute vitrine, pleine de brioches croustillantes, et je sais surtout, de ces mots-pâtisseries qui sont tiens, que tu les travailles sans relâche avec amour, de tes propres mains enfarinées de tendresse à l'état brut.

Entre tes lignes, entre tes marges…, je remarque, je sens, les bonnes odeurs de miches de pain chaudes, et celle des crêpes coulantes de miel... de tes mots exquis comme un instant présent.

Entre tes mots fermes ou croquants, tu sais choisir, discerner, pour en faire des feuilletés, des petits mots petit-beurre qui fondent sous la douche ; et des pâtés sur le papier comme nous faisions à l’école jadis pour apprendre à écrire, et des mots-gâteaux, des mots-collations avec des mots-pains d’épices pour la cour de récréation, des mots-galettes pour les cours d’arithmétique, ou des chaussons fourrés de beaux ou de gros mots, selon le lieu et l’heure.

Dans ton laboratoire cuisine, tu connais les secrets de famille dans lesquels écrire s’écrit « choux à la crème » et où le mot plaisir, veux vraiment dire « savourer », apprécier à flans de table, à fleur de peau, à plein gosier …, les boulettes de mots et des mots en brochettes, des bouchées à la reine et des mots- madeleines pour quelques souvenirs perdus, qui une fois retrouvés nous laissent « baba », ou « tarte » selon les circonstances !

Tes mots, je les déguste encore, en gourmand, en amateur, en curieux, en amoureux…, les doigts tout collants ; comme les plum-puddings dont je raffole depuis l’enfance, même qu’il m’arrivait d’en voler dans une pâtisserie du XXe, rue de Belleville, à la Porte des Lilas ; je m’en confesse aujourd’hui et je m’en suce encore les doigts !

Je sais mon ami, que tu préfères les mots en moules, ceux qui font monter la tension et la salive comme la sève du printemps ; ceux-là, que l’on travaille avec amour pour les étaler au rouleau selon les principes de la vague qui roule sur la plage de pâte ; ceux que l’on pétrit, que l’on bat comme les œufs du bonheur, que l’on tourne, malaxe, goûte, beurre …, pour les laisser lever comme dans une révolution de cuisine, et les cuire, enfin, au four avant de les déguster à la bonne franquette, entre amis fidèles.

Ton ami, Roland de Frangipane

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