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Le conte, un espace de transgression et de construction de soi
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par [Clara-Emilia ]

2022-03-23  |     | 




Deuxième partie

II. Le conte merveilleux, un espace idéal pour l’initiation au monde et à soi

L’histoire du conte comme celle du mythe révèle le mystère de l’existence. Mais alors qu’elle a une valeur explicative dans le mythe, dans le conte, elle révèle le mystère dans l’exacte mesure où elle participe de ce mystère, ce qui lui confère une valeur initiatique. À travers sa temporalité anhistorique, le conte merveillex permet en plus d'échapper au présent. “Le conte libère de l'immédiat par la possibilité qu'il apporte de s'en éloigner en toute certitude.”(Butor cité dans Rondeau, 2011; 22)

1. Les aventures de Pinocchio ou comment devenir “un vrai petit garçon”

La porte unit en même temps qu’elle sépare un monde connu, protecteur mais aussi suffocant, car empreint de limitations, et un monde inconnu, inquiétant mais plein d’attraits. L’univers de Pinocchio se construit entre ses deux mondes auxquels la porte favorise l’accès ou bien l’interdit. La porte convoque également l’idée d’un avant et d’un après son franchissement, est inséparable de l’idée de seuil, de passage et, implicitement, de transformation de l’univers de l’enfant.
Pinocchio, le héros d’un des monuments de la littérature italienne, Les Aventures de Pinocchio de Carlo Collodi, est un pantin de bois animé qui, après de terribles épreuves et autant de métamorphoses, devient un vrai et bon petit garcon.
Son parcours laisse voir trois types de comportement que j’appellerai mécanique, pulsionnel et humain.
Sans quelque expérience à laquelle les sollicitations du monde extérieur puissent se rapporter, on agit pour agir, sans discernement; on a un comportement mécanique. Entre la première et la troisième sortie de la maison paternnelle, les actes de Pinocchio s’inscrivent dans ce type de conduite. Dès les premiers moments de sa naissance, il passe la porte de la maison et s’enfuit dans la rue. Cet acte fait suite à une série d’autres actes, tous désobligeants à l’égard de Geppetto, son père. La deuxième fois, Pinocchio ne sortira plus de la maison paternelle “par caprice” mais par nécessité. C’est que la faim le tenaillait et qu’il ne trouvait rien dans la maison pour la contenter. Enfin la troisième fois, il sort de chez lui avec la bonne intention d’aller à l’école.
Avec chaque sortie quelque chose arrive et quelque transformation s’opère au niveau de son corps physique ou psychique. Lors de la première sortie, son père, qui voulait le ramener de force à la maison, se fait arrêter par un carabinier. Se sentant libre et voulant rentrer chez lui, Pinocchio trouve la porte de la maison fermée, ce qui ne le décourage d’ailleurs pas: “Il lui donna une bourrade, entra, tira tous les verrous et s’affala par terre en poussant un grand soupir de satisfaction.” (Collodi, 1979; 16) Sur ce fond d’insouciance se dessinent les premiers signes d’une remise en question de ses propres actes.
À cet égard, il faut dire que dans le roman - conte, Les aventures de Pinocchio, la manifestation du merveilleux coïncide avec l’éveil de la conscience et des bons sentiments du héros et que les rôles sont bien définis: les animaux qui parlent sont les donneurs de leçons et les messagers de la conscience du héros alors que la Fée protège la nature du héros et gratifie ses bons sentiments. Malheureusement, le Grillon-qui-parle, la premières manifestation du merveilleux, paiera de sa vie l’audace d’avoir proclamé la vérité selon laquelle les “enfants qui se révoltent contre leurs parents et abandonnent par caprice la maison paternelle, jamais ils ne trouveront le bien en ce monde…” (Collodi, 1979; 20). Lors de la deuxième sortie, dans un petit village voisin, toutes les portes et les fenêtres des maisons sont fermées et de la seule fenêtre qui s’ouvre l’enfant reçoit une bassine d’eau, au lieu du morceau de pain réclamé. Il rentre chez lui non seulement affamé et mort de fatigue, mais aussi mouillé de la tête aux pieds et s’endort les pieds “sur le brasero aux braises rouges” (Collodi, 1979; 23). Réveillé à l’aube par l’arrivée de son père, il découvre que ses pieds ont été réduit en cendres. Attendri par l’état de l’enfant, Geppetto lui donne à manger les trois poires qui devaient être son déjeuner, lui fabrique de nouveax pieds et comme Pinocchio promet d’aller à l’école, malgré le gel hivernal, il vend son manteau pour lui acheter un abécédaire. En route vers l’école, lors de la troisième et dernière sortie de la maison paternelle, Pinocchio se dit:
- “Aujourd’hui à l’école, j’apprendrai à lire ; demain, j’apprendrai à écrire; après-demain, je saurai compter. Avec tout mon savoir, je gagnerai beaucoup d’argent et dès les premiers sous en poche, j’achèterai à mon papa un beau manteaux de drap.” (Collodi, 1979; 32)
Mais peu après il se laisse tenté par un spectacle de marionnettes et vend son abécédaire pour y participer.
Deux remarques découlent de ce qui précède. Les sanctions, dont les portes et les fenêtres fermées ou faussement accueillantes sont l’expression, provoquent chez la marionnette quelques sursauts de conscience, même s’ils sont vite étouffés. L’éveil de ses bons sentiments, d’autre part, est à mettre en rapport avec le don de soi dont fait preuve Geppetto, son père.
Le comportement pulsionnel de Pinocchio devient manifeste lors de la rencontre avec les deux “comparses”, le renard clopinant et le chat boîteux, et ce comportement est dominant jusqu’à sa sortie du ventre du Requin, ce monstre marin qui a englouti aussi Geppetto parti à la recherché de son fils.
Prétendant connaître un moyen par lequel cinq pièces d’or peuvent être transformées “en deux mille cinq cents sequins sonnants et trébuchants”(Collodi, 1979; 50) , les deux comparses entraînent la marionnette dans la forêt. Les avertissements du merle blanc, du perroquet, autres manifestations du merveilleux, et de l’ombre du Grillon qui parle n’y peuvent rien. L’image du “champ recouvert de jeunes arbres chargés de grappes de sequins d’or” (Collodi, 1979; 52), tel qu’elle lui a été peinte par “ses bons amis” est plus forte. Et ses bons amis, déguisés en bandits, vont le pendre et le voler.
Le comportement pulsionnel de Pinocchio coïncide avec son entrée dans la forêt, un espace où les pulsions “de mort” et “de vie” sont à leur maximum. Et en effet, à côté des personnages maléfiques comme le chat boîteux, le renard clopinant ou le python, on y rencontre des personnages bienveillants et apaisants, dont la Fée aux cheveux bleus qui habite avec sa cour une petite maison blanche.
Avec la maison de la fée revient le motif de la porte et d’un espace intérieur d’autant plus protecteur que le monde extérieur est menaçant. Revient aussi le motif de la fenêtre qui, comme la porte, marque la frontière entre deux mondes. Et même si la fenêtre ne permet pas la sortie ou l’entrée physique d’une personne, elle autorise l’échange d’objets et rend possible la communication visuelle et verbale.
Il est intéressant de noter que les rapports de Pinocchio avec maison paternelle et avec celle de la fée ne sont pas les mêmes. S’il entrait et sortait de la maison paternelle comme bon lui semblait, il doit solliciter l’entrée dans la maison de la fée, et cette entrée peut lui être refusée. Car la Fée non seulement saute à son secours plus d’une fois, mais elle sanctionne aussi sa désobéissance.
À ce stade de son evolution, Pinocchio ne parvient vraiment pas à réfréner ses pulsions. Aussi connaît-il la honte, l’humiliation et l’état dégradant d’animalisation. Lorsque la Fée lui demande de raconter comment il s’est retrouvé entre les mains des brigands, il dit mensonge après mensonge. En fait, il sent obscurément que “l’argent ne se sème ni ne se récolte, il se gagne”, et il ment pour cacher un sentiment de honte. Mais son nez, qui s’allonge avec chaque mensonge, le trahit. Une autre fois il est obligé de faire le chien de garde pour un fermier du vignoble duquel il a cueilli quelques grappes de raisins pour apaiser sa faim. Enfin, sur les insistances de la Mèche, le garçon le plus indiscipliné et paresseux de l’école mais qui est aussi son ami le plus cher Pinocchio abandonne l’école et part en cachette au Pays aux Jouets ou “où l’on fait ce qu’on veut du matin au soir.” (Collodi, 1979; 144). Après cinq mois de jeux et de divertissements, il a la mauvaise surprise de se voir transformer en un de ces petits ânes qui tirent les charrettes et les carrioles pour marchandises. Et la Mèche, son copain d’école, partage le même sort, car comme dit la marmotte, venue consulter Pinocchio, c’est une question de destin. Tous les enfants “qui passent leurs journées à jouer et à se divertir, deviennent tôt ou tard des petits ânes”. (Collodi, 1979; 158)
Invariablement, à ce stade de son évolution, l’envie du jeu et de l’amusement triomphent sur les bons sentiments et la bonne conscience de l’enfant et fait que les quelques actes qui le recommandent comme quelqu’un d’honnête et d’intelligent passent inaperçus.
Avec l’avalage de la marionnette par le monstre marin débute le dernier stade, celui de la pulsion canalisée et maîtrisée qui caractérise le comportement humain. Cet avalage, qui est le contraire du déchirement et qui non seulement ne détériore pas l’avalé mais le valorise, on l’appellera, sur les traces de Gilbert Durand, le procédé de la double négation qui “réside essentiellement en ce que par du négatif on reconstitute du positif, par une négation ou un acte négatif on détruit l’effet d’une première négativité.” (Durand, 1963; 215)
Une fois dans le ventre sombre du monstre marin, Pinocchio voit une lumière lointaine, il s’en approche et, fou de joie, retrouve son père Geppetto. Profitant de l’asthme dont souffre le Requin, qui l’oblige à dormir la bouche ouverte, ils s’évadent en nageant. Une fois sur la terre ferme, Pinocchio offre son bras à son papa, qui ne tenait plus debout de faiblesse et ensemble partent à la recherche d’un abri. Au milieu des champs, ils découvrent une petite maison. Ils frappent à la porte et sont invités à entrer. Le maître des lieux était le Grillon qui parle, La joie de Pinocchio est immense, d’autant que celui-ci lui donne des nouvelles de la Fée. A partir de ce moment, toute l’attention de la marionnette se dirige sur son papa dont la santé était délicate. Pour lui procurer chaque jour le verre de lait qui lui faisait tant de bien, Pinocchio travaille pendant cinq mois chez un maraîcher. Pendant son temps libre il apprend à fabriquer des corbeilles et des paniers et, avec l’argent gagné, il fait face aux dépenses domestiques. Il a également fabriqué une élégante carriole avec laquelle il promenait son père pour qu’il prenne un peu l’air. Vers le soir, il exerce la lecture et l’écriture. Avec l’argent mis de côté, il est sur le point de s’acheter un habit neuf quand il appred que la Fée est à l’hôpital et n’a pas les moyens de se soigner. Sans hésiter Pinocchio donne tout son argent pour aider la Fée et promet de travailler encore plus pour l’aider.
La nuit, dans son sommeil, il voit la Fée, “souriante et éblouissante de beauté” (Collodi, 1979; 199) et le lendemain matin, il découvre émerveillé qu’il est un vrai petit garcon et qu’il est en possession de ce qu’il faut pour mener une vie belle et tranquille avec son papa.
La troisième maison, la maison au milieu des champs, dont la porte s’est ouverte pour inviter Pinocchio et son père à y entrer, marque l’installation dans une vie qui a trouvé ses repères.
Selon que la relation à autrui est bonne ou mauvaise, notre propre vie est bonne ou mauvaise. L’autre donne un sens à notre vie et nous rend humains. Tel semble être le message de cette belle histoire.

2. Dorothée, une héroïne civilisatrice

Le magician d’Oz de Lyam Frank Baum est un autre grand classique des contes d’initiation qui a Dorothée comme personnage principal.
Du seuil de sa maison du Kansas, la petite fille ne voit que la plaine plate et grise qui s’étend à perte de vue. Après le passage du cyclone qui emporte sa maison et la dépose au Pays d’Oz, du seuil de la même maison, Dorothée contemple un monde tout en couleurs, d’une beauté rare. Et pourtant elle n’a qu’un désir: retourner chez elle, être dans son espace familier. À la différence de Pinocchio qui franchit le seuil de la maison pour courir le monde, contre la volonté de son père, pour Dorothée, le vaste monde est un accident de parcours. Un accident qui profite au monde, qui ne s’en trouve que plus gratifié de la présence de la gentille et brave petite fille. Tout d’abord, Dorothée ou plus exactement sa maison (ce qui revient au même, selon les dires de la Bonne Sorcière du Nord) tue, dans sa chute, la Méchante Sorcière de l’Est qui, depuis des années tenait en esclavge les gens de ce pays. Vers la fin de son périple, Dorothée jette, accidentellement, un seau d’eau sur la Méchante Sorcière de l’Ouest et la fait disparaître elle aussi. Pour les habitants du pays, cette disparition est un bienfait. Il reste encore deux sorcières au Pays d’Oz, mais ce sont de bonnes sorcières: la Bonne Sorcière du Nord qui a donné à Dorothée le baiser qui la protège contre quiconque veut lui faire du mal et les souliers d’argent de la défunte sorcière de l’Est qui, eux, détiennent un charme, même si personne ne sait lequel, et la Bonne Sorcière du Sud qui exauce le vœu de Dorothée de rentrer chez elle, en lui révélant le secret des souliers d’argent.
En rentrant chez elle, Dorothée laisse derrière elle un pays moins divisé et des gens plus libres.
Le passage d’un monde à l’autre n’a pourtant rien d’ordinaire. Le passage du Kansas au Pays d’Oz s’est produite à la faveur d’un phénomène naturel extrême, le cyclone. Pour que Dorothée rentre chez sa tante et son oncle et ne reste pas captive au Pays d’Oz, qui est un pays beau, mais inconnu, il lui faut aussi des moyens hors du commun. Grâce à la reconnaissance des gens de l’Est, elle est déjà en possession des souliers d’argent et du sceau apposé sur son front par la Bonne Socière du Nord, mais il en faut plus que cela, d’autant que la petite fille ignore les pouvoirs qu’elle détient. Le chemin chez Oz le grand, dans la Cité d’Émeraude, est aussi le chemin qu’elle parcourt de l’ignorance de soi à la connaissance de soi. Sur son chemin, la petite fille rencontre l’Épouvantail qu’elle libère du pieu qu’il a dans le dos, le Bûcheron-en-fer-blanc dont elle huile les articulations à l’aide d’un bidon d’huile et le Lion poltron. Tous souhaitent rencontrer le magician d’Oz, l’Épouvantail, pour avoir un peu de cervelle, le Bûcheron, pour avoir un cœur et le Lion, pour avoir un peu de courage. Tout au long de la route, leurs faiblesses s’avèrent être autant de forces. Le lion, qui n’a pas de courage, franchit d’un bond un fossé aussi long que profond pour transporter l’un après l’autre ses amis. Devant un autre gouffre qui leur coupe la route et qui ne peut être franchi d’un bond, l’Épouvantail, qui n’a pas de cervelle, propose au Bûcheron d’abattre un arbre et de le faire tomber de l’autre côté du fossé. Le Bûcheron, qui n’a pas de cœur, trouve trop cruel de la part d’un grand chat sauvage de s’attaquer à une souris des champs, une créature sans défense, aussi lève-t-il sa hache et tranche la tête du terrible chat. En accueillant avec bienveillance tous ces êtres qui sortent de l’ordinaire, Dorothée se donne les moyens de mener à bonne fin sa mission. Et son parcours inititique sera aussi le leur. Aussi, l’Épouvantail deviendra-t-il le sage gouverneur de la Cité d’Émeraude, le Bûcheron-en-fer-blanc, apprécié pour son bon cœur par les habitants du Pays de l’Ouest, fera à son tour un bon chef. Quant au Lion poltron, il règnera sur une vaste et vieille forêt, là où toutes les bêtes l’ont reconnu pour leur Roi. Par un processus inverse, le magician d’Oz, qui a été bon pour son peuple, mais mais qui vivait dans la peur qu'on découvre qu'il n'avait aucun pouvoir, est heureux de confier à l’Épouvantail la charge de gouverner la Cité d’Émeraude et de s’envoler en ballon vers son pays d’origine.
Le parcours de Dorothée au Pays d’Oz a été initiatique et son rôle a été civilisateur. En partant, elle a laissé derrière elle un pays où chacun pouvait être soi-même et se sentir chez soi.


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