= Bonaventure des Périers | Guy Rancourt [18.Jan.07 06:02] |
Quelques mots sur cet auteur dont on connaît plutôt les contes et nouvelles, mais le poète... Bonaventure des Périers, né peut-être en 1510 à Arnay-le-Duc en Bourgogne, mort en 1543 au même lieu, est un conteur français. Il était secrétaire de Marguerite de Navarre ou de Valois, sœur de François Ier. Il travailla en 1534 à la traduction de la Bible de Jacques Lefèvre d'Étaples, et écrivit de nombreux vers. Son œuvre la plus connue est le "Cymbalum mundi" (Carillon du monde), en français, avec quatre dialogues poétiques, faits antiques, joyeux et facétieux. Publié à Lyon, en 1537, cet ouvrage fut saisi par ordre du Parlement, et détruit. Le Cymbalum était supposé adressé par Thomas du Clénier (l'incrédule) à Pierre Tryocan (anagramme de Croyant) ; dans une série d'allégories, des Périers ridiculisait à la fois catholiques et protestants. Des Périers est un conteur au style charmant, plein d'esprit et de finesse. Il reprend de la tradition des contes populaires, mais aussi aux Italiens et à François Rabelais, de courtes anecdotes satiriques (apologues) qui brocardent les travers individuels et les abus de pouvoirs de toute sorte. On croit qu'il se donna la mort en 1543. Cet écrivain est aussi l'auteur d'un blason portant sur le même sujet. J'annexe le blason dans sa langue originale : Le Nombril ("The Navel") Petit nombril, milieu et Centre, Non point tant seulement du ventre, Entre les membres enchassé, Mais de tout ce corps compassé, Lequel est souverain chef d'oevre, Où naifvement se descoeuvre L'art de k'ouvrier qui l'a orné, Comme un beau Vase bien tourné, Don’t tu es l'achevement, Et le bout, auquel proprement Celle grand'Chaine d'or des Dieux Tenant au hault nombril des cieux Fut puis par iceulx attachee, et petit à petit laschee, En avallant ca bas au monde Leur Poupine tant pure et munde, Qui leur donna, comme j'entends, Cent mille petis Passetemps Avant qu'elle fut descendue, Et des cieulx en terre rendue, Au reng de ses predecesseurs, Et au beau milieu de ses Soeurs: Les Vertus et Graces benignes. Petit neu, qui des mains Divines, Apres tout le reste parfaict, As esté le fin dernier faict, Et manié tout freschement Duquel tresheureux touchement La doulce Memoire recente Tant te satisfaict et contente, Qu'à peine à ton plus grand amy Te veulx tu monstrer à demy, Ains te retires tellement Que tu ne parois nullement De peur que pollu tu ne sois Si l'humain touchement recois Qui en toy le Divin efface. Petit quignet, retraict, et place De souveraine volupté, Où se musse la voulenté De chatouilleuse jouyssance, Qui aux convis d'avantnaissance Servis de bouche au petit corps, Lequel ne mangeoit point pour lors, Ains, par toy sucçoit doulcement Son delicat nourrissement, Dont le petit Poupin croissoit A mesure qu'on le trassoit Au flan gauche de la matrice. O l'ancienne Cicatrice De la rongneure doloreuse, Que deité trop rigoreuse Feit jadis au povre homfenin, Animal sans fiel, ne venin! Lequel, contre toute pitié Fut divisé par la mytié, Et fact d'un entier trop heureux Deux demys corps trop langoreux, Qui depuis sont toujours errans, Et l'un l'autre par tout querans En grand desir d'eulx reünir, N'estoit le honteux souvenir De la divine cruaulté, Qui, nonobstant leur loyaulté, Les vient si fort esfaroucher, Qu'ilz ne s'oseroient approcher Pour rassembler leur Creature Quand ilz se troubent d'adventure, Sinon quelque fois en secret, Où ilz desgorgent le regret Qu'ilz ont de leur perte indicible, Essayans s'il seroit possible Que leurs Nombrilz, ensemble mys, Devinssent un, de deuz Demys, Comme ilz estoient premierement Avant leur desemparement. Petit bout, petit but unique Où le viser faulx et inique Ne peult attaindre de vitesse, Mais bien li loyal par addresse, S'il ne m'est possible en presence Te voir, au moins en recompense Ay je dequoy penser en toy, Car je trouve ne ne scay quoy En toutes choses de Nature, Ayant la forme et pourtraicture De toy, Nombril, tant gracieux, Et de celuy qui est es cieulx, Quand ne seroit ja que le mien Qu'en memoire de vous je tien Et considere jours et nuicts Pour tout soulas de mes ennuys. O nombril! dont l'aise parfaicte Gist au demi qui te souhaite, Lequel jamais ne sera aise Que franchement il ne te baise, En remembrance singuliere De l'union, jadis entiere, Où se peult trouver justement L'heureux poinct de contentement. (Blason de Bonaventure des Périers, Poètes du xvie siècle, Paris, Pléiade, 1953, pp. 335-337) | |
= Belle idée! | Corti Michèle [18.Jan.07 19:13] |
Oui, Guy, quelle belle idée que de le dédier à Bonaventure Des Périers qui ne manquera pas d'en être ravi! Bisous cher blasonneur | |
= Exquise beauté! | Guy Rancourt [04.May.07 02:08] |
En relisant Théophile Gautier, je suis tombé par hasard sur ce très court poème sur le même thème : le nombril! 5 petits vers d'une exquise beauté, je vous les offre : LE NOMBRIL Nombril, je t’aime, astre du ventre, Œil blanc dans le marbre sculpté, Et que l’Amour a mis au centre Du sanctuaire où seul il entre, Comme un cachet de volupté. Théophile GAUTIER. | |