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 =  C’est le sens qui est « séché » et pas « la tache » !
Roland REUMOND
[19.Jun.12 15:12]
« Entre ciel et terre, l'homme éprouve par tous ses sens le monde qui s'offre. Attiré par ce qui se manifeste de plus éclatant, il avance. C'est le début de sa prise de conscience de la Voie. Dans celle-ci, toutes les choses vivantes qui poussent irrésistiblement dans un sens, depuis les racines vers la forme du plus grand épanouissement, semblent traduire une intentionnalité, celle même de la Création. D'où le lancinant attrait de l'homme pour la signification qui est le sens de sa propre création, qui est de fait la vraie « joui-sens ». (François Cheng de l’Académie française)

C’est le sens qui est « séché » et pas « la tache » ! C’est le sens qui fait tache et la tache qui fait sens, ce mot « sens » qui prend tellement d’importance pour François Cheng, qu’il le définit comme « Le diamant du lexique français ».

Pour lui, ce substantif sent, « évoque un surgissement, un avancement - ce mot polysémique cristallise en quelque sorte les trois niveaux essentiels de notre existence au sein de l'univers vivant : sensation, direction, signification. »

Trois niveaux essentiels de notre existence, trois niveaux qui font liens comme dans une communion intime, consensus pleinement accepté, dans une conscience élargie pour une croissance (trois sens) commune.

Comme dans les anneaux de Borromée, qui pourraient être les anneaux du Seigneur de Tolkien, une réalité bien connue des uns et des autres :

Le corpusculaire, l’information et l’énergie des physiciens ;
L’imaginaire, le symbolique et le réel des lacaniens ;
Le Père, le fils et l’Esprit des théologiens ;

Le matériel, le relationnel et le spirituel, « car ils sont trois qui rendent témoignage : l’esprit, l’eau et le sang, et ces trois tendent
Touts trois à témoigner au ciel comme sur la terre. » C’est ce qui disent les livres saints !

Trois représentations ou paramétrisations du Réel ; trois qui se mêlent de Verbe et de lumière pour la vie ; trois qui s’interpénètrent pour plus de réalités, comme les symboles d’une cohésion et des variations et diversités qui s’engendrent de leur circulation.

Le Tao The King qui est le livre de la voie et de la vertu (de la virtualité), ou livre « du Sens » de la Vie, ne dit-il pas que :

« Le Tao engendra l’UN. Un engendra Deux. Deux engendra Trois.
Trois engendra les dix mille êtres et tout ce qui est vivant. »

Ou dit autrement, que « Le sens engendre l'un. Que l’un engendre le deux et que le deux engendre le trois qui engendre toutes choses. »
Et que « De toutes choses l'envers est l'obscur. Toutes choses tendent vers la Lumière, et le flux de force leur donne l'harmonie. »

Telles les trois couleurs primaires, ou l’énergie, la matière et l’information qui se mélangent pour créer toutes choses, dans un subtil mélange d’ordre et de désordre, d’ombre et de lumière, les uns dans les autres entrelacés comme un couple dans l’amour pour engendrer un tiers.

Mais c’est le sens qui est « séché » et pas « la tache » !
C’est le sens qui fait tache et la tache qui fait sens. C’est le sens qui est aride, et la soif de sens qui fait crier l’enfant, pleurer la mère et s’agiter l’homme de foi.

La marque dans l’œil, le signe sur la peau, les taches s’étendent à l’Univers, c’est la tâche du Verbe être !

Dessèchement et brûlure, comme un tarissement progressif.

Qui bouche la source du sens et le sens même de la source, comme une obstruction existentielle ?

Dites-moi, vous qui avez les lèvres desséchées et comme moi le cœur qui cherche l’humilité, où sont la source du sens et le sens de la source ?

Taché ou tacheté ce n’est pas pareil !

Quel est le sens que prend ma ligne d’encre noire, le sens de mes taches calligraphiées sur le papier, mes taches de couleurs sur la toile, ou cette tache sur le soleil qui me scrute comme un regard jusque dans mon sommeil, ce tableau blanc, cette trainée de sang dans la rue, cette coulée de sens, cette veine bleue qui parcoure mon œil, la marbrure de ma peau en ses taches de vieillesse…, tout fait chair et sens, tout concoure au tout, tout fait sens dans tous les sens, mais c’est le sens qui semble sécher et pas « la tache » ! Car c’est bien le sens qui fait tache et la tache qui fait sens.

Roland Reumond (mai 2009)




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