| + Entre l’éternité et l’infini | Virginia Popescu [07.Sep.09 17:48] |
| Un long poème qui se veut un éloge du vide, s'installant dans les grandes villes. Une image désolante, absurde, dépourvue de vie, sans bruits, une ville engloutie par un vide immense. Pas de chats, pas de chiens, pas de gens, seul l'auteur qui constate avec amertume et effroi ce vide qui l'entoure de tous côtés, l'engloutissant de toutes parts, un vide qui lui crée une angoisse insurmontable. Roland Reumond a voulu suggérer dans ce poème l'aliénatrion de l'homme moderne dans les grandes villes où la communication manque complètement, laissant la place à ce vide immense. Cette sensation désolante est rendue par la répétition obsessive du mot "vide" ou par des négations telles que: "pas un, rien, plus de". Un poème moderne qui nous rappelle "Les Villes Tentaculaires" de Verhaeren, digne d'être recommandé. | |
| = Le vide nous libère du connu et de ses aliénations ! | Hayley SOULED [08.Sep.09 11:26] |
La loge du vide serait-elle dans le cœur des poètes et des mystiques ? Oui, "ça se conçoit ! " nous dit Reumond, mais pour y aller, il est nécessaire de "faire le vide". C'est un véritable chemin d’intériorité (Maurice Zundel) pour parvenir à ce vide, au fond du cœur de l'homme, plein d'un véritable réel . C’est une "traversée de l'en-bas" (Maurice Bellet). "L’essentiel est invisible … ", il faut tout enlever pour le voir et l’entendre et l’auteur nous le redit, cela me rappelle le thème de "la nuit des sens" de Jean de la Croix. Je connais aussi son intérêt pour la calligraphie chinoise et la philosophie du vide ("Vide et plein" de François Cheng), et ses références aux mystiques (Soufisme, Maître Eckhart …). Ce poème est ce que l’on appelle « un grand nettoyage par le vide » car « L’objet (extérieur) n’est pas connaissable » souligne Kant, donc il n’y a pas d’objectivité absolue ni même possible ! « La ville est vide », l’enseignement du Bouddha ne dit-il pas que tout n’est qu’illusion. L’enseignement sur la vacuité nous révèle que ce n’est pas simplement ce qui nous arrive qui est illusoire, mais que c’est l’ensemble de la relation avec le monde. Ce vide dont nous parle Reumond n’a rien à voir avec ce "blanc de mémoire", cette expérience que nous faisons tous quand nous voulons nous débarrasser d'une expérience trop pénible. Le vide il l’affronte ! À coups de mots – paradoxe – quand on sait que le vide c’est l’ «envers de la parole» (Lévinas – totalité et infini), comme un mouvement du vide qui provient de l’intériorité et qui retourne va à elle, ç a me semble le message, laissant la trace écrite d’un passage. Si Reumond parle bien de l'aliénation de l'homme, il le fait en poète et en passeur optimiste laissant la place vide à l’espérance, et passeur il l’est assurément ! Si ce poème suscite ces remarques, il est méritoire et on ne peut espérer mieux , pour un poème. La ville est propre, merci pour le nettoyage ! Hayley SOULED | |
| = La ville est propre...une cathédrale de cristal | Nicole Pottier [08.Sep.09 12:35] |
| oui, il est à noter la "voie" choisie par le poète dans cette expérience du "vide" où l'on doit prendre conscience de la totalité pour s'en "débarasser" et passer à l'étape suivante, celle du "vide" (et c'est là un raccourci que j'emploie, je tiens à le préciser).Très bonne référence que celle de François Cheng dont l'ouvrage "Vide et plein" initie effectivement à une meilleure connaissance de cette culture du "vide". J'ai pensé moi aussi à Emile Verhaeren dans toute cette strophe: "Les villes-dortoirs Les mégapoles céphalopodes Les villes tentaculaires sont viles Et les cités vidées …" d'autant plus que je rentre de Roisin...bien loin des "villes tentaculaires" | |
| + Comme un chemin d’intériorité et de contemplation. | Daniel Gherasim [08.Sep.09 14:06] |
| Oui, vraiment un long poème. Mais je crois que ce poème vaut la peine qu'on lise. J'ai trouvé beaucoup d'images fortes et beaucoup de jeux de mots. Le discours poètique est bien soutenu pendant tout le texte. Je vais retenir: "Plus de métro-boulot-dodo Le repos immortel en guise d’oreiller Pas un chat pas un chien pas un rien Pas un pas, Rien." Félicitations | |