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A l’heure où l’on veille…
prose [ ]

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par [felipe ]

2007-04-18  |     | 



A l’heure où l’on veille…


Je me souviens d’un éditorial de Jean Daniel du Nouvel observateur, expliquant que le travail des journalistes est aujourd’hui plus complexe. Je crois que le simple fait de vivre est devenu plus compliqué, partout sur cette terre, même pour nous qui regardons passer les guerres, sans pouvoir les arrêter. Parfois même avec une sorte de fascination, à la manière de Guillaume Apollinaire, décrivant la beauté des salves pourtant sans artifices, retombant au loin, si possible sur l’ennemi. Ce qui n’était pas toujours le cas pendant la Grande guerre, ni même aujourd’hui, « désastres » que désormais l’on nomme « dommages collatéraux » comme si l’on avait brisé une vitre, en jouant au football dans la cour des grands.

En fait, ce qui a changé ce n’est pas la complexité du réel, mais l’acuité mêlée d’une pointe de soupçon avec laquelle nous y participons. Cela il me semble depuis l’usage systématique de l’information comme moyen de propagande (presque la nuit des temps) et de l’usage des techniques de désinformation (guerre du Golfe puis Irak, entre autres…) Mais la vraie rupture, c’est la chute de Ceausescu et la mise en scène d’une faux *massacre, suivi d’une vraie exécution, celle des époux Ceausescu.

Cela étant la véritable tragédie de l’information demeure son absence…


*
« En Roumanie, une dictature s’écroulait devant les caméras. On parla beaucoup de sang. TF1 expliqua : " Ceausescu, atteint de leucémie, aurait eu besoin de changer son sang tous les mois. Des jeunes gens vidés de leur sang auraient été découverts dans la forêt des Carpates. Ceausescu vampire ? Comment y croire ? La rumeur avait annoncé des charniers. On les a trouvés à Timisoara. Et ce ne sont pas les derniers. [1]" L’Evénement du jeudi titra : " Dracula était communiste. " (28/12/1989)

On parla de " génocide ", de " charniers ", de " massacres ", de " femmes enceintes éventrées ", de " tortures ", de " corps brûlés dans un crématorium". On évoqua ces " chauffeurs de camions qui transportaient des mètres cubes de corps, qui étaient abattus d’une balle dans la nuque par la police secrète pour éliminer tout témoin.] [2]" On parla de 70 000 morts en quelques jours. Sur TF1, Gérard Carreyrou lança un appel à la formation de brigades internationales prêtes à " Mourir à Bucarest. " Il ne dit pas s’il aurait été volontaire. Mais on devina que non.

On parla de Timisoara. Timisoara, 350 000 habitants. Ville martyre. Le 23 décembre 1989, on chiffrait à plus de 10 000 morts le nombre des victimes de la Securitate, la police du régime. Selon l’envoyé spécial d’El Pais, " A Timisoara, l’armée a découvert des chambres de torture où, systématiquement, on défigurait à l’acide les visages des dissidents et des leaders ouvriers pour éviter que leurs cadavres ne soient identifiés. " On découvrit un charnier gigantesque. D’ailleurs, à titre d’exemple, mais seulement à titre d’exemple, on exposa devant les caméras dix-neuf corps, côte à côte, plus ou moins décomposés. Dont celui d’un bébé posé sur le cadavre d’une femme, qu’on imaginait être sa maman. Tous extraits d’une fosse commune. Le 22 décembre, les agences hongroise, est-allemande et yougoslave, qui seront reprises par l’AFP à 18h 54, parlaient de 4 632 cadavres de victimes des émeutes des 17 et 19 décembre, " soit par balles soit par baïonnette " (Tanjung), de 7 614 manifestants fusillés par la Securitate. Un chapeau du Monde annonçait 4 000 à 5000 morts.

Sur la Cinq, Guillaume Durand donna le chiffre de 4 630 corps comme un " bilan tristement officiel." Sur France Inter, le correspondant de la station annonça à son tour comme une certitude avérée la découverte de 4630 cadavres à Timisoara. Derrière lui, en plateau, le commentateur reprit : " 4630 cadavres, vous avez bien entendu, dans une seule fosse commune !" A quatre reprises au cours de ce journal, le chiffre de 4 630 cadavres fut cité sans que nulle source ne fût jamais indiquée. Dans Libération (23/12/1989), un titre sur deux pages fit état des 4 630 cadavres ; il était accompagné d’un éditorial de Serge July titré " Boucherie ". On lisait : " Timisoara libéré découvre un charnier. Des milliers de corps nus tout juste exhumés, terreux et mutilés, prix insupportable de son insurrection. " Le rédacteur en chef, Dominique Pouchin, expliqua : " Tout nous laissait penser, y compris les images qui arrivaient, que l’info était vraie. " (Libé, 4/4/90) Le Monde félicita La Cinq d’avoir " révélé l’horrible charnier des victimes des manifestations du "précédentdimanche [3].

Le bilan officiel des victimes pour toute la Roumanie est de 689 morts, pas 70 000. A Timisoara, il y aurait eu entre 90 et 147 victimes, pas 12 000. Et, comme le remarqua Jean-Claude Guillebaud, " 90 morts dans une ville de province, c’est beaucoup. " La maman présumée avait succombé à une cirrhose du foie le 8 novembre 1989. La petite fille, qui n’était pas sa fille, avait péri de la mort subite du nourrisson [4]. On avait déterré leurs corps de la fosse commune. »

Serge Halimi
Les vautours de Timisoara (extrait)

http://www.acrimed.org/article1.html













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