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un très long voyage
prose [ ]

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par [BOKAY ]

2013-04-22  |     | 



Un très long voyage

Ce matin, nous sommes partis de bonne heure car nous avons une longue route à faire. Nous avons roulés toutes la journée, traversant de vastes étendues blanches, puis d'interminables forêts où les branches d'arbres se plient sous le poids de la neige. A présent La nuit est tombée et la neige recommence à tomber frappant avec force le pare-brise de la voiture. En contre -bas, je devine une surface blanchâtre, uniformément plane, un lac je pense. Assise à mes côtés et bercée par le va-et-vient des essuies-glaces, Aude s'est endormi. La neige fraiche fini par s' accrocher à la route qui descend en forte pente vers la vallée. Les phares de ma voiture transforment cette neige en nuage de confetti blancs frappant de tous côtés. Je dois rester attentif car chaque virage est un piège qu'il faut déjouer avec habileté, mais pas question de trop ralentir, nous sommes déjà en retard et l'hôtel de la station ferme à vingt deux heures trente.
La route devient de plus en plus dangereuse, à droite, des ravins menaçants s'enfoncent dans les profondeurs et plantent leurs pieds dans le lac gelé. La cime des arbres s'est affaissée et se situe au niveau de la route. Sur ma gauche, de puissants rochers tachés de blancs tentent d' escalader un ciel invisible. Un coup œil sur la montre du tableau de bord; Je suis en retard, je dois accélérer. La route est droite, bien délimité et en forte pente, J'accélère . Mais brusquement La neige regagne en intensité, les flocons deviennent énormes, je lève le pied de l'accélérateur et freine . La voiture oscille sur la chaussée glissante, l'arrière passe devant, cogne un rocher à gauche puis retraverse la route et disparait dans le ravin. Aude se réveille et crie, sa porte s'ouvre et elle disparait instantanément. Puis plus rien.
... Je descends toujours, un bruit de glace brisée, et la voiture qui s'enfonce doucement mais inexorablement. Je descends, toujours plus bas. L'eau qui m'entoure est d'une pureté extraordinaire où évoluent une myriade de poissons multicolores. Je suis seul, Aude n'est plus là. Mais je descends toujours,et il fait très clair, de plus en plus claire. Devant moi, la route m'est tracée par deux murs d'énormes coquillages recouverts de nénuphars bleus et roses. Au loin, il me semble distinguer un groupe de personnes. A mesure que je m'en rapproche, je constate que se sont des sirènes, elles sont des centaines,leurs visages est magnifiques et leurs longues chevelures ondulent sous l'effet des courants marins. Ma voiture qui roule désormais très lentement est entourée de sirènes qui me saluent et me font signes de poursuivre ma route. Certaines d'entre elles chevauchent de gros dauphins bleus à l'allure fières, pendant que des poissons clowns tournent autour de moi dans un manège sans fin. L'une des sirènes, encore plus belle que les autres, s'approche tout près de moi, me fait signe de continuer, et de son indexe me montre un point minuscule, très loin dans les grandes profondeurs. Pendant ma descente Je croise un défilé de tortues de mer, toutes habillées de noirs, formant une marche funèbre. je m'arrête, j' attends patiemment que la dernière soit passée puis je continue . Je suis seul, plus une sirène, pas l'ombre d'une vie pendant cette descente qui n'en finit pas. Progressivement se dessine quelques traces sur les côtés, puis un chemin et finalement une avenue,elle est délimité par un mur de corail sur lequel marchent des crabes rouges. mais je suis seul, complètement seul. Au loin, le point grossi. Je commence à distinguer des formes, des contours, des couleurs. Un château! Oui, c'est bien ça, et il est immense, des dizaines de tours très fines et très hautes l'entourent, puis je suis face à un énorme portail ornée d'algues phosphorescentes d'un bleu pur et apaisant. Le portail est ouvert, ma voiture s'arrête toute seule et une sirène vêtue de draperies mauves me demande de descendre de ma voiture. " j'ai pour mission de vous conduire à notre rêne, dit-elle sur un ton neutre. Je la suis. Dans les rues et sur la grande place du château on donne une fête, un orchestre d'une vingtaine de sirènes jouent de divers instruments fait de coquillages et de coraux. Cette musique, d'une grande beauté est extraordinairement apaisante et calme.
J'arrive devant la rêne. "Que fais-tu parmi nous? dit-elle, je ne t'ai pas invité? " . " Je n'en sais rien dis-je, je n'ai aucun souvenir de ma vie passée, je sais que j'étais dans ma voiture, puis plus rien". " Pour rester avec nous, dans l'un de mes châteaux, tu dois réussir l'épreuve, comme tous les autres. Pour aujourd'hui, repose-toi, l'épreuve aura lieu demain.
Après une nuit dont je n'ai aucune idée de la durée, je suis réveillé par une sirène vêtu de noir et de blanc qui me demande la suivre. "Nous allons monter jusqu' au sommet de la plus haute tour dit-elle, et de là, vous devrez sauter". Mais je vais m'écraser en touchant le sol, dis-je".Ce n'est pas certain, répond la sirène, car en haut de cette tour il y a un courant marin d'une grande force capable de vous propulser jusqu'à la surface de l'eau, cela dépend". Nous arrivons au sommet de la tour, en bas les autres sirènes semblent toutes petites,même l'orchestre est petit, tout est petit. La sirène me prend la main et me dit: " Allez, sautez!
Je saute, mais ne lâche pas sa main, je la tiens même fermement, de toute mes forces. Je ne sais si le courant me propulse à la surface ou si je tombe et vais m'écraser sur les rochers au fond de l'eau? Cela dure une éternité.Puis, doucement une agréable chaleur envahit mes paupières closes, j'ouvre doucement les yeux. Je tiens toujours cette main serrée de toutes mes forces et je sens qu'elle aussi me serre très fort . Autour de moi j'entends des bruits de pas, des bips, des chuchotements. Mes yeux s'ouvrent tout d'un coup, mais par la violence de la lumière, se referment aussitôt. Puis une voix, forte et claire explose:
---" Clovis! Tu m'entends? C'est Aude.
J'ouvre à nouveau les yeux, je suis allongé, Aude me sourit, un sourire éclatant, lumineux, sa main serre la mienne à l'écraser. Puis une ombre en blanc se plante au pied de mon lit et me pince les orteils. Aï. "Bien, dit-il, vous nous avez fait une sacrée peur!
---Moi? Mais je ne comprends pas, j'étais avec des sirènes.
jean-jacques Boquet

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