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Les Caractères
prose [ ]
Du mérite personnel (Ia)

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par [La_Bruyère ]

2011-01-22  |     |  Inscrit à la bibliotèque par Dolcu Emilia



1. (I) Qui peut, avec les plus rares talents et le plus excellent mérite, n’être pas convaincu de son inutilité, quand il considère qu’il laisse en mourant un monde qui ne se sent pas de sa perte, et où tant de gens se trouvent pour le remplacer?

2. (I) De bien des gens il n’y a que le nom qui vale quelque chose. Quand vous les voyez de fort près, c’est moins que rien; de loin ils imposent.

3. (VI) Tout persuadé que je suis que ceux que l’on choisit pour de différents emplois, chacun selon son génie et sa profession, font bien, je me hasarde de dire qu’il se peut faire qu’il y ait au monde plusieurs personnes, connues et inconnues, que l’on n’emploie pas, qui feraient très bien; et je suis induit à ce sentiment par le merveilleux succès de certaines gens que le hasard seul a placés, et de qui jusques alors on n’aurait pas attendu de fort grandes choses.
Combien d’hommes admirables, et qui avaient de très beaux génies, sont morts sans qu’on en ait parlé! Combien vivent encore dont on ne parle point, et dont on ne parlera jamais!

4. (I) Quelle horrible peine a un homme qui est sans prôneurs et sans cabale, qui n’est engagé dans aucun corps, mais qui est seul, et qui n’a que beaucoup de mérite pout toute recommandation, de se faire jour à travers l’obscurité où il se trouve, et de venir au niveau d’un fat qui est en crédit!

5. (I) Personne presque ne s’avise de lui-même du mérite d’un autre.
Les hommes sont trop occupés d’eux-mêmes pour avoir le loisir de pénétrer ou de discerner les autres; de là vient qu’avec un grand mérite et une plus grande modestie l’on peut être longtemps ignoré.

6. (I) Le génie et les grands talents manquent souvent, quelquefois aussi les seules occasions: tels peuvent être loués de ce qu’ils ont fait, et tels de ce qu’ils auraient fait.

7. (IV) Il est moins rare de trouver de l’esprit que des gens qui se servent du leur, ou qui fassent valoir celui des autres et le mettent à quelque usage.


8. (VI) Il y a plus d’outils que d’ouvriers, et de ces derniers plus de mauvais que d’excellents; que pensez-vous de celui qui veut scier avec un rabot, et qui prend sa scie pour raboter?

9. (I) Il n’y a pas au monde un si pénible métier que celui de se faire un grand nom: la vie s’achève que l’on a à peine ébauché son ouvrage.


10. (V) Que faire d’Égésippe, qui demande un emploi? Le mettra-t-on dans les finances, ou dans les troupes? Cela est indifférent, et il faut que ce soit l’intérêt seul qui en décide; car il est aussi capable de manier de l’argent, ou de dresser des comptes, que de porter les armes. „Il est propre à tout”, disent ses amis, ce qui signifie toujours qu’il n’a pas plus de talent pour une chose que pour une autre, ou en d’autres termes, qu’il n’est propre à rien. Ainsi la plupart des hommes occupés d’eux seuls dans leur jeunesse, corrompus par la paresse ou par le plaisir, croient faussement dans un âge plus avancé qu’il leur suffit d’être inutiles ou dans l’indigence, afin que la république soit engagée à les placer ou à les secourir; et ils profitent rarement de cette leçon si importante, que les hommes devraient employer les premières années de leur vie à devenir tels par leurs études et par leur travail que la république elle-même eût besoin de leur industrie et de leurs lumières, qu’ils fussent comme une pièce nécessaire à tout son édifice, et qu’elle se trouvât portée par ses propres avantages à faire leur fortune ou à l’embellir.
Nous devons travailler à nous rendre très dignes de quelque emploi: le reste ne nous regarde point, c’est l’affaire des autres.

11. (VII) Se faire valoir par des choses qui ne dépendent pas des autres, mais de soi seul, ou renoncer à se faire valoir: maxime inestimable et d’une ressource infinie dans la pratique, utile aux faibles , aux vertueux, à ceux qui ont de l’esprit, qu’elle rend maîtres de leur fortune ou de leur repos; pernicieuse pour les grands, qui diminuerait leur cour, ou plutôt le nombre de luers esclaves, qui ferait tomber leur morgue avec une partie de leur autorité, et les réduirait presque à leurs entremets et à leurs équipages; qui les priverait du plaisir qu’ils sentent à se faire prier, presser solliciter, à faire attendre ou à refuser, à promettre ou à ne pas donner; qui les traverserait dans le goût qu’ils ont quelquefois à mettre les sots en vue et à anéantir le mérite quand il leur arrive de le discerner; qui bannirait des cours les brigues, les cabales, les mauvais offices, la bassesse, la flatterie, la fourberie; qui ferait d’une cour orageuse, pleine de mouvements et d’intrigues, comme une pièce comique ou même une tragédie, dont les sages ne seraient que les spectateurs; qui remettrait de la dignité dans les différentes conditions des hommes, de la sérénité sur leurs visages; qui étendrait leur liberté; qui réveillerait en eux, avec les talents naturels, l’habitude du travail et de l’exercice; qui les exciterait à l’émulation, au désir de la gloire, à l’amour de la vertu; qui, au lieu de courtisans vils, inquiets, inutiles, souvent onéreux à la république, en ferait ou de sages économes, ou d’excellents pères de famille, ou des juges intègres, ou de bons officiers, ou des orateurs, ou des philosophes; et qui ne leur attirerait à tous nul autre inconvénient, que celui peut-être de laisser à leurs héritiers moins de trésors que de bons exemples.

12. (I) Il f aut en France beaucoup de fermeté et une grande étendue d’esprit pour se passer des charges et des emplois, et consentir ainsi à demeurer chez soi, et à ne rien faire. Personne presque n’a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fonds pour remplir le vide du temps, sans ce que le vulgaire appelle les affaires. Il ne manque cependant à l’oisiveté du sage qu’un meilleur nom, et que méditer, parler, lire, et être tranquille s’appelât travailler.


13. (I) Un homme de mérite, et qui est en place, n’est jamais incommode par sa vanité; il s’étourdit moins du poste qu’il occupe qu’il n’est humilié par un plus grand qu’il ne remplit pas et dont il se croit digne: plus capable d’inquiétude que de fierté ou de mépris pour les autres, il ne pèse qu’à soi-même.

14. (IV) Il coûte à un homme de mérite de faire assidûment sa cour, mais par une raison bien opposée à celle que l’on pourrait croire: il n’est point tel sans une grande modestie, qui l’éloigne de penser qu’il fasse le moindre plaisir aux princes s’il se trouve sur leur passage, se poste devant leurs yeux, et leur montre son visage il est plus proche de se persuader qu’il les importune, et il a besoin de toutes les raisons tirées de l’usage et de son devoir pour se résoudre et se montrer. Celui au contraire qui a bonne opinion de soi, et que le vulgaire appelle un glorieux, a du goût à se faire voir, et il fait sa cour avec d’autant plus de confiance qu’il est incapable de s’imaginer que les grands dont il est vu pensent autrement de sa personne qu’il fait lui-même.

15. (I) Un honnête homme se paye par ses mains de l’application qu’il a à son devoir par le plaisir qu’il sent à le faire, et se désintéresse sur les éloges, l’estime et la reconnaissance qui lui manquent quelquefois.


16. (I) Si j’osais faire une comparaison entre deux conditions tout à fait inégales, je dirais qu’un homme de cœur pense à remplir ses devoirs à peu près comme le couvreur songe à couvrir: ni l’un ni l’autre ne cherchent à exposer leur vie, ni ne sont détournés par le péril; la mort pour eux est un inconvénient dans le mérite, et jamais un obstacle. Le premier aussi n’est guère plus vain d’avoir paru à la tranchée, emporté un ouvrage ou forcé un retranchement, que celui-ci d’avoir monté sur de hauts combles ou sur sur la pointe d’un clocher. Il ne sont tous deux appliqués qu’à bien faire, pendant que le fanfaron travaille à ce que l’on dise de lui qu’il a bien fait.


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