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`Quand je prononce mélancolie`
prose [ ]
[Une mélancolie de l`Est]

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par [h.p.sebastian ]

2009-10-20  |     | 



Quand je prononce mélancolie je jette par la fenêtre large ouverte mon destin, mes pensées et toute mon âme qui n`a pas connu l`amour sans souffrance. Je ris comme un fou. Je ris pour pouvoir regarder dans mon âme l`image de mon pays. Mon pays sans destin. Un pays de la mélancolie. Je suis à la recherche de mon pays. De ma mélancolie. Je souffre de ne pas pouvoir rencontrer mes ancêtres. Dehors il pleut comme il pleut dans le rêve que j`ai eu sur la rivière droite de la mer Noire. Là-bas je tenais dans mes mains la main si froide de ma Maria. De ma belle qui ne me regardait pas du tout. Je lui racontais l`histoire qui a commencé à l`Est de mes idées. L`histoire des papillons.

Je tiens dans mes mains la mort sur les rues infinies de ma ville natale. 5 Rue …dans un petit coin de mes rêves se trouve l`image de mes parents. Mon père qui fait son boulot sans dire quelque chose. Ma mère qui cuisinait. Chaque jour les mêmes choses. Sur le bureau il y a une photo. Ma Maria me regardait sans sourire. Sans demander où se trouve le frigo pour mettre les œufs. Je prenais tout le temps les mêmes vêtements. Voici une sorte de mélancolie qui ne se terminait jamais. La mélancolie de mon pays sans larmes.

Quelqu`un frappe à la porte. Personne ne me rendait visite. Je suis seul comme un oiseau libre du ciel. A l`Est c`est rien. C`est la mélancolie de la mort. En prison il y a des corbeaux. J`aime bien les corbeaux. Ma Maria aimait les pigeons.

Je lis un article sur Camus. Des idées qui se fondent dans l`eau froide qui coule dans la cuisine. La même photo. L`image qui cache à l`intérieur le corps du soldat qui a crié de tous ses poumons. Partout il y a des gens qui se révoltent contre le système. Maria a fait pareil. Avec son directeur de l`établissement scolaire de la petite ville-paysanne. Je regarde dans la revue la photo de Camus souriant. Maria n`a jamais souri. Jamais.

Je trouve la tête de mon collègue de fac vachement intéressante. Il a un nom que je ne me rappelle plus. Quelque chose de slave. Il venait chaque semaine avec la même paire de jeans. Le même blouson. Il étudiait l`histoire dans une Université de l`Est. C`est tout.

A l`Est il pleut maintenant. J`ai reçu un courriel il y a cinq minute. Il pleut dans mon cœur comme il pleut dans les grands boulevards du monde. Le monde ne signifie rien pour moi. C`est juste Maria qui pénètre mon corps. Je tombe dans le grand rêve du destin. Je m`en fiche. J`en ai marre de tous les personnages que j`ai rencontrés pendant ma vie. Il manque à ma vie un destin de héros. Il me manque l`ambiance du café du coin de la rue étroite. Il me manque les hommes de l`Est avec leur vie cachée dans les destins des autres. C`est le grand jeu de la société. La société du boulevard.

Le nom de la mélancolie je le retiens sans me bouger. Je dis non quand quelqu`un m`appelle P. Elle disait oui. Je ne reconnais rien. J`ouvre la porte pour pouvoir embrasser le vent. Le vent qui m`emportera.

Dans mes veines coulent le sang bleu de la nuit quand la reine imaginaire de l`Est m`a fait l`amour. Je disais non alors. Elle faisait l`amante. Je me fichais de tout le monde. J`étais libre comme une fleur.

La mélancolie naît toujours à l`Est. Elle se révolte contre la nudité des sculptures. Ma Maria se cache dans la tour de l`église avec les portes fermées pendant la semaine. Juste le vendredi soir elle ouvre ses portes pour le prêtre et les voisines qui viennent prier les saints. Je savais que dans la nuit il n`y a personne dans les rues et les ruelles. La grande société de l`Est ne permet pas de promenades. De jeux contre le système.

28 Rue des Promenades. Toujours. Je commence mon travail sur la mémoire. Faut me dépêcher. Je dois finir le travail avant d`aller chercher ma belle sur le quai de la Gare du Nord. 28 et… Je disais non. Elle disait oui. Maria enseigne l`anglais. J`enseigne… je ne sais pas quoi. Je suis libre comme l`oiseau du ciel noir. Le noir je ne le regrette pas. Je le rejetais il y a longtemps par la fenêtre. Alors je peux dire que le monde tombe dans la merde.

Moi et ma Maria. Nous deux comme deux papillons qui se cherchent. Deux personnages qui luttent contre le grand jeu infini. Je m`en fiche. Il n`y a pas de dialogue entre nous. On regarde le ciel de la vraie liberté. Le ciel qui se termine avec des mots.

A l`Est il commence à faire froid. Maria m`attend dans son lit près de l`armoire. Sur le bureau se trouve un petit tableau. Un dossier secret. Une lettre. Rien.

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