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Le Prophète
poèmes [ ]
21 - 24

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par [Khalil_Gibran ]

2004-07-16  |     |  Inscrit à la bibliotèque par lucia sotirova




21
Le Bien et le Mal


Et un des aïeux de la cité dit, Parle-nous du Bien et du Mal.
Et il répondit :

Du bien en vous je puis parler, mais non de ce qui est mal.

Car qu'est-ce que le mal sinon le bien torturé par sa propre faim et sa propre soif ?

En vérité, quand le bien est affamé, il recherche la nourriture même dans les grottes obscures, et quand il a soif il se désaltère même dans des eaux mortelles.

Vous êtes bon quand vous êtes unis avec vous-même.

Pourtant, vous n'êtes pas mauvais quand vous n'êtes pas uni avec vous-même.

Car une maison divisée n'est pas un repaire de voleurs, elle n'est qu'une maison divisée.

Et un navire sans gouvernail peut dériver sans but près d'îles dangereuses, mais ne pas sombrer.

Vous êtes bon quand vous vous efforcez de donner de vous-même.

Pourtant, vous n'êtes pas mauvais quand vous cherchez le profit pour vous-même.

Car quand vous cherchez le profit vous n'êtes qu'une racine qui s'agrippe à la terre et tête à son sein.

Certainement, le fruit ne peut dire à la racine, "Soit à mon image, plein et mûr et toujours généreux de ton abondance".

Car pour le fruit, donner est une nécessité, et recevoir est une nécessité pour la racine.

Vous êtes bon quand vous êtes pleinement conscients dans votre parole.

Pourtant, vous n'êtes point mauvais quand vous êtes endormi alors que votre langue titube sans but.

Et même un discours chancelant peut fortifier une langue faible.

Vous êtes bon quand vous marchez vers votre but fermement et d'un pas hardi.

Pourtant, vous n'êtes point mauvais quand vous y allez en boitant.

Même celui qui boite ne va pas à reculons.

Mais vous qui êtes forts et rapides, veillez à ne pas boiter devant les estropiés en croyant être gentil.

Vous êtes bon d'innombrables manières et vous n'êtes point mauvais quand vous n'êtes pas bon.

Vous ne faites que musarder et paresser.

Quel malheur que les cerfs ne puissent donner leur promptitude aux tortues.

Votre bonté réside dans votre aspiration envers votre moi-géant : et cette aspiration existe en vous tous.

Mais en certain d'entre vous, cette aspiration est un torrent qui se rue puissamment vers la mer, emportant les secrets des coteaux et les chants de la forêt.

Et en d'autres, elle est un ruisseau paisible qui se perd en méandres et en détours et s'attarde avant d'atteindre le rivage.

Mais que ceux chez qui l'aspiration brûle ne disent pas à ceux chez qui elle est faible, "Pourquoi es-tu lent et hésitant ?".

Car celui qui est vraiment bon ne demande pas à celui qui est nu, "Où sont tes vêtements ?", ni au sans logis, "Qu'est devenue ta maison ?
"

22
La Prière


Puis une prêtresse dit, parle-nous de la Prière.
Et il répondit, disant :

Vous priez quand vous êtes dans la détresse et le besoin ; puissiez-vous également prier dans la plénitude de votre joie et en vos jours d'abondance.

Car qu'est-ce que la prière sinon la dilatation de votre être dans l'éther de la vie ?

Et si c'est pour votre réconfort que vous déversez votre trouble dans l'espace, c'est aussi pour votre plaisir que vous répandez l'aurore de votre cœur.

Et si vous ne pouvez que pleurer quand votre âme vous appelle à la prière, elle devrait vous aiguillonner encore et encore, en dépit de vos pleurs, jusqu'à ce que vienne en vous le rire.

Quand vous priez, vous vous élevez dans les airs à la rencontre de ceux qui sont en train de prier en ce même instant, et que vous n'auriez jamais rencontré en dehors de la prière.

Aussi, que votre visite en ce temple invisible ne soit qu'extase et tendre communion.

Car si vous entrez dans le temple sans autre but que de demander, vous n'obtiendrez rien :

Et si vous y entrez pour vous mortifier, vous ne serez pas élevé :

Ou même si vous y entrez pour solliciter le bonheur pour les autres, vous ne serez pas entendu.

Il suffit d'entrer dans le temple invisible.

Je ne puis vous apprendre comment prier avec des mots.

Dieu n'écoute point vos mots, sauf lorsque Lui-même les prononce à travers vos lèvres.

Et je ne puis vous apprendre la prière des mers et des forêts et des montagnes.

Mais vous qui êtes nés dans les montagnes et les forêts et les mers, vous pouvez trouver leur prière en votre cœur,

Et si seulement vous écoutiez dans la tranquillité de la nuit, vous les entendrez dire en silence :

"Notre Dieu, qui êtes notre moi-ailé, ta volonté en nous est notre volonté.

Ton désir en nous est notre désir.

C'est ton élan en nous qui voudrait transformer nos nuits, qui t'appartiennent, en jours, qui t'appartiennent aussi.

Nous ne pouvons rien te demander, car tu connais nos besoins avant même qu'ils ne soient nés en nous :

Tu es notre besoin, et dans le don de plus de toi même, tu nous donnes tout."


23
Le Plaisir


Alors, un ermite, qui visitait la ville une fois par an, s'avança et dit, Parle-nous du Plaisir.
Et il répondit, disant :

Le plaisir un chant de liberté,

Mais il n'est pas la liberté.

Il est l'épanouissement de vos désirs,

Mais non leur fruit.

C'est un abîme appelant un sommet,

Mais ni un abîme ni un sommet.

C'est le prisonnier prenant son envol,

Mais non l'espace qui l'entoure.

Oui, en vérité, le plaisir est un chant de liberté.

Et je serai trop heureux de vous l'entendre chanter de tout votre cœur ; mais je ne voudrai pas vous voir perdre vos cœurs en ce chant.

Certains parmi vos jeunes recherchent le plaisir comme s'il était tout, et ils sont jugés et châtiés.

Je ne voudrais pas les juger, ni les châtier. Je voudrais qu'ils cherchent.

Car ils trouveront le plaisir, mais pas lui seul ;

Sept sont ses sœurs, et la moindre d'entre elles est plus belle que le plaisir.

N'avez-vous point entendu parler de l'homme qui creusait la terre pour découvrir des racines, et qui trouva un trésor ?

Et certains de vos anciens se souviennent du plaisir avec regret, comme des fautes commises en état d'ivresse.

Mais le regret est pour l'esprit un obscurcissement, et non son châtiment.

Ils devraient se souvenir de leurs plaisirs avec reconnaissance, ainsi qu'ils se souviennent d'une récolte d'un été.

Pourtant, si le regret les réconforte, laissez-les en être réconfortés.

Et il y a parmi vous ceux qui ne sont ni assez jeune pour chercher, ni assez vieux pour se souvenir ;

Et dans leur crainte de chercher et de se souvenir, ils fuient le plaisir, de peur de négliger l'esprit ou de lui faire offense.

Mais dans leur renoncement même est leur plaisir.

Et ainsi ils trouvent également un trésor, bien qu'ils creusent à la recherche de racines de leurs mains tremblantes.

Mais dites-moi, qui peut prétendre offenser l'esprit ? Le rossignol offensera-t-il la tranquillité de la nuit, ou la luciole celle des étoiles ?

Et la flamme ou la fumée de votre feu sera-t-elle un fardeau pour le vent ?

Croyez-vous que l'esprit soit un étang paisible que vous pouvez troubler d'une perche ?

Souvent, en reniant le plaisir vous ne faites qu'accumuler le désir dans les replis de votre être.

Qui peut savoir si ce qui paraît oublié aujourd'hui n'est pas dans l'attente de vos lendemains ?

Votre corps, lui, connaît son hérédité et son juste besoin et ne voudra pas être déçu.

Et votre corps est la harpe de votre âme,

Et il n'en tient qu'à vous d'en issir une musique ravissante, ou des sons discordants.

Et maintenant vous vous demandez en votre cœur, "Comment allons-nous distinguer ce qui est bon dans le plaisir de ce qui ne l'est pas ?".

Allez dans vos champs et vos jardins, et vous découvrirez que butiner le nectar de la fleur est le plaisir de l'abeille,

Mais c'est aussi le plaisir de la fleur de donner son nectar à l'abeille.

Car pour l'abeille, la fleur est une source de vie,

Et pour la fleur, l'abeille est la messagère de l'amour,

Et pour tous deux, l'abeille et la fleur, donner et recevoir le plaisir sont un besoin et une extase.

Peuple d'Orphalese, soyez en vos plaisirs comme la fleur et l'abeille.


24
La Beauté


Et un poète dit, Parle-nous de la Beauté.

Et il répondit :

Où chercherez-vous la beauté et comment la trouverez-vous, si elle n'est elle-même votre chemin et votre guide ?

Et comment parlerez-vous d'elle, si elle n'est le fil qui tisse vos paroles ?

Les affligés et les stigmatisés disent, "La beauté est bonne et douce.

Comme une jeune mère intimidée par sa propre gloire, elle passe parmi nous."

Et les passionnés disent, "Non, la beauté procède de la puissance et de la terreur.

Comme la tempête elle secoue la terre sous nos pieds, et le ciel au-dessus de nos têtes."

Et les fatigués et les las disent, "La beauté est faite de doux murmures. Elle parle en notre esprit.

Sa voix cède à nos silences, comme une lumière à peine visible qui vacille dans la peur de l'ombre."

Et les impétueux disent, "Nous l'avons entendu crier à travers les montagnes,

Et avec ses cris viennent le bruit des sabots, et le battement des ailes et le rugissement des lions."

La nuit, les veilleurs de nos cités disent, "La beauté se lèvera à l'est, avec l'aurore."

Et à midi, les travailleurs et les voyageurs disent, "Nous l'avons vu se pencher sur la terre des fenêtres du couchant."

En hiver, ceux qui sont enneigés disent, "Elle viendra avec le printemps, bondissant sur les collines."

Et dans la chaleur de l'été les moissonneurs disent, "Nous l'avons aperçue dansant avec les feuilles de l'automne, avec des flocons de neige dans ses cheveux."

Toutes ces choses, vous les avez dites de la beauté,

Cependant, en vérité, vous ne parlez pas d'elle, mais de vos besoins insatisfaits,

Et la beauté n'est pas un besoin, mais une extase.

Elle n'est pas une bouche assoiffée, ni une main vide et tendue,

Mais plutôt un cœur embrasé et une âme enchantée.

Elle n'est pas l'image que vous voudriez voir ni le chant que vous voudriez entendre,

Mais plutôt une image que vous voyez bien que vous fermiez vos yeux, et un chant que vous entendez quand bien même vous bouchez vos oreilles.

Elle n'est pas la sève sous l'écorce desséchée, ni une aile attachée à une serre,

Mais plutôt un jardin pour toujours épanoui et une nuée d'anges à jamais en vol.

Peuple d'Orphalese, la beauté est la vie quand la vie dévoile sa face sacrée.

Mais vous êtes la vie et vous êtes le voile.

La beauté est l'éternité se contemplant dans un miroir.

Mais vous êtes l'éternité et vous êtes le miroir.



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