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Les Pères des Déserts et le problème racial. Le cas de Moïse l’Ethiopien
essai [ ]

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par [alexandrel ]

2004-11-26  |     | 



La religion chrétienne a bénéficié d’un grand développement dès la période des missionnaires apostoliques. L’activité missionnaire des Apôtres a dépassé les frontières de l’Empire Roman. L’Apôtre André a prêché l’Evangile en Schytia (l’Ukraine d’aujourd’hui), Thomas est arrivé dans ses voyages missionnaires jusqu’en Inde (la communauté chrétienne indienne de la côte de Malabar le revendique, non sans forts arguments, en tant que Père en ce qui concerne la croyance) et concernant l’Apôtre Philippe on sait qu’il a été le premier missionnaire de l’Afrique noire par le fait qu’il a converti à la croyance le premier Ethiopien(évènement relaté dans les Faits des Apôtres, 8, 26-36).
Malgré cela, les problèmes raciaux ont accompagné dès le début le Christianisme dans son „voyage” à travers l’histoire. Premièrement on a dû faire une „libération”de la nouvelle croyance des rigueurs du rite et pas seulement, de la Loi de Moïse. Plus difficile a été le processus, plus les chrétiens se trouvaient confondus par la population et par les autorités romanes avec une secte judaïque qui fait des prosélytes.
Après la „libération” du judaïsme, (réalisée peut-être pendant la première génération de chrétiens), la nouvelle croyance a dû se „libérer” de la civilisation gréco-romane qu’elle avait assez simplement assimilée et au milieu de laquelle elle s’était développée.
Il n’est pas tenu en secret le fait que beaucoup d’idéologies racistes se sont fondées sur une soi-disante supériorité de la civilisation chrétienne blanche.
L’imaginaire collectif chrétien (orthodoxe, catholique et même protestant) considère la période patristique comme étant l’âge d’or du Christianisme, pendant lequel plus que dans toute autre période de l’histoire de l’Eglise, la foi a été plus intense et implicitement les gens plus capables de comprendre correctement le message de l’Evangile.
Je ne veux pas démontrer le contraire de cette thèse (bien qu’une démythisation de cette période puisse mener au remplacement de la recitation des Saints Pères avec leur propre citation). Je considère moi-aussi la période patristique comme étant une époque vive dans l’histoire de l’Eglise et l’importance immense en plan spirituel et théologique des Saints Pères ne peut être mise en doute par aucune personne de bonne foi.
Ce que je veux présenter c’est la difficulté manifestée au moins dans un cas, d’accepter à pleins droits la communauté africaine de couleur au cadre du Christianisme. Cette chose, je dois le souligner, est dû non pas au manque d’amour chrétien des croyants de l’époque mais à un certain contexte culturel que le Christianisme n’a pas pu dépasser ; au contraire, il l’a même assumé jusqu’à nos jours. L’Eglise des africains noirs (i.e. l’Eglise d’Ethiopie) a eu une existence et une évolution séparées du reste du Christianisme jusque très proche de nos jours.
Mais qui a été Moïse l’Ethiopien, „le cas sur lequel s’articule ma petite recherche ?
Moïse l’Ethiopien, mieux connu par l’hagiographie orthodoxe roumaine comme „Moïse l’Arape” et commémoré le 28 août, a été l’un des Pères du Désert d’Egypte du IVe siècle. Des informations sur sa vie on trouve dans les plus importantes sources à l’égard des Pères du Désert : L’Histoire lausiaque (le Lavsaïcone) de l’Evêque Paladius, l’Apophtegmata Patrum (le Patérique égyptien), le célèbre recueil d’histoires et enseignements des moines égyptiens de l’aube du monachisme et Un mot plein d’utilité sur les Saints Pères du désert skétique de Saint Jean Cassian. A cela je me suis permis d’ajouter comme source de mon travail une variante de ce saint rédigée, évidemment, sous l’influence des sources ci-dessus citées par un moine anonyme des Pays Roumains des XVII-XVIIIe siècles. Cette variante de „la vie”d’Avva Moïse l’Ethiopien est, comme on va le voir, très intéressante pour notre sujet, en offrant une image très moderne sur le problème racial, que l’hagiographe anonyme a eue.
Avva Moïse est important pour notre recherche à cause de la couleur de sa peau. Mais bien sûr, il n’a pas été le cas unique de moine chrétien de couleur. Des informations vagues, et aussi l’aspect de ses reliques,nous font comprendre que Saint Ciprian aussi, l’Evêque de Cartage (ou son homonyme, qui avait été sorcier par avant) était le fils de l’Afrique noire.
Mais voyons ce que relatent ces sources sur la vie de Avva Moïse de la perspective de notre thème de recherche.
Dans le Patérique on rencontre 17 apophtegmes sur avva Moïse. Aucune d’entre elles ne nous offre des indications biographiques précises à l’égard de notre personnage.
Les apophtegmes qui présentent de l’intérêt pour notre sujet sont 3 et 4 . Elles mentionnent la couleur différente de la peau de Moïse l’Ethiopien et aussi la manière dont les autres moines se rapportaient à cette différence.
Dans l’apophtegme numéro 4, on nous relate la manière dont, en convoquant une réunion des mines du désert Sketis, on a interdit à avva Moïs d’y participer (pour l’éprouver, dit le texte, en sauvegardant ainsi la vertu de l’amour des gens des Pères ensemble avec notre héro) : „Pourquoi cet Ethiopien vient à notre milieu ?” . La réaction d’avva Moïse est pleine de significations. Il se révolte contre tout ce qu’on appelle de nos jours „le racisme”, mais sa révolte est masquée par le silence de l’humilité, vertu tellement aimée dans la spiritualité de l’Orient.
La deuxième apoftègme qui regarde notre sujet est numérotée dans l’édition citée avec le numéro 4. Elle mérite être reproduite de manière intégrale :
„Les Pères ont dit à l’égard d’avva Moïse que celui-ci s’est fait clerc, qu’il s’est mis le chasuble et que l’Evêque lui dit : „Voilà, tu t’est fait blanc comme nous, avva Moïse!” Et le vieux homme dit :”Sainteté, dedans ou dehors?”Et l’Evêque en voulant l’éprouver, dit vers ses clerc :”Quand avva Moïse va entrer dans l’autel, chassez-le et suivez-le pour voir ce qu’il dit”. Donc, lorsqu’avva Moïse y est entré, ils l’ont grondé et chassé en lui disant :”Hors d’ici, Ethiopien!” Et en sortant, il se disait :”Tu l’as mérité, peau de cendre et noir que tu es ! Toi, ne pas étant un être humain, que cherches-tu parmi eux?”.”
De nouveau, la vertu de l’humilité est mise à l’épreuve pour avva Moïse par les autres frères (parmi lesquels, c’est possible, le Patriarche de l’Alexandrie lui-même, qui avait en sous-ordre canonique les trois régions du désert d’Egypte) . Cette fois-ci, avva Moïse ne se révolte plus mais il s’assume son aspect physique comme étant un obstacle valide (bien que ne pas de façon canonique – il avait été déjà ordonné prêtre) pour son sacerdoce. Cette action de s’assumer la situation est bien sûr, présentée comme étant une manifestation plénière de l’humilité d’avva qui, en niant sa propre humanité s’approche (un possible correspondent humain de cacat !!!!!!!fa macar efortul de a-ti cauta singur cacaturile astea de cuvinte – eu si nimeni altcineva nu a mai auzit de cuv astea !!!)de plus de Dieu.
Mais en regardant les choses de la perspective de la problématique raciale, on peut observer l’existence d’une croyance sur l’infériorité de certaines races envers d’autres. Bien sûr, les Pères du désert ne tenaient pas compte de ce racisme de l’époque (la preuve est qu’avva Moïse est accepté par ceux-ci, est donné prêtre et canonisé par l’Eglise égyptienne), mais il n’est pas possible qu’ils n’aient pas été des individus de leurs temps, dépendants de la vision sur le monde spécifique à l’époque.
Les récits sur la vie d’avva Moïse des ouvrages de Paladius et de Jean Cassian , plus riches en informations à l’égard de la biographie et des enseignements spirituels de notre héro, sont pauvres pourtant en informations à l’égard de ce qu’on a appelé au début de notre petite recherche, « la question raciale ».
Passons maintenant au récit hagiographique roumain à l’égard d’avva Moïse l’Egyptien . Bien qu’on se trouve dans le même espace chrétien, de l’Orthodoxie orientale, les données du problème sont radicalement changées. Les Roumains n’ont pas eu de contactes trop fréquents avec des populations de couleur jusqu’au XXe siècle, l’image du noir étant associée régulièrement avec l’image „des harapes” et des eunuques qui se trouvaient à la court des sultans de l’Empire Ottoman (avec lesquels les Roumains ont eu une relation tendue pour une période d’environ 500 ans). Une image pas très favorable.
La couleur de la peau des noir-africains, similaire à celle des démons de l’iconographie byzantine, n’a pas aidé elle non plus à la création d’une image correcte sur l’égalité entre les gens, sans tenir compte de l’appartenance raciale de ceux-ci. La population romanes (les tziganes)ayant une couleur de la peau plus foncée a été traitée par les Roumains comme étant inférieure du point de vue racial et associée aux serviteurs des démons et des sorciers, étant traitée comme esclave jusqu’au XIXe siècle. Que serait-il arrivé si les Roumains avaient eu un certain contact de longue durée avec les noirs africains ?
Le terme „harape”, qui est associé avec le nom du Saint Moïse l’égyptien, désigne dans la langue roumaine tant une personne de couleur qu’un tzigane. Il est synonyme aussi avec le terme esclave . (asa se traduce rob. Nu merge oare mai bine traducerea „serviteur”?)
L’hagiographie chrétienne a introduit (aidée par l’iconographie) l’image du démon comme „harape” avec la peau de couleur foncée tel qu’il est représenté de manière iconographique et tel qu’il apparaît dans certaines sources patristiques. Des tribus de couleur, habitant les déserts africains entreprenaient souvent des incursions de pillage sur les monastères chrétiennes, chose associée par les moines avec les tentations démoniques. Les apparitions au visage d’individus de couleur se retrouvent partout dans les vies des saints ermites et moines en commençant avec avva Antoine le Grand.
Mais passons à la présentation de cette variante roumaine du Saint Moïse l’Egyptien.
Elle nous apprend le fait que notre personnage a été esclave d’un certain Psamitios, dignitaire impérial byzantin en Egypte. Il a été chassé par son maître à cause de „ses multiples méchancetés” et est arrivé à joindre un groupe de brigands d’Egypte dont il est devenu le chef dans un délai très court.
Suite à un rêve de Dieu, Moïse se rend compte de sa vie en péché et se retire dans une monastère du désert d’Egypte . Il y se fait rapidement remarquer par les autres moines grâce à ses pratiques ascétiques et à ses jeûnes.
Etant attaqué par ses anciens collègues brigands, il réussit tellement à les impressionner par sa pénitence/son changement (???????? en grec) jusqu’à les convertir vers la vie monacale.
Dans la lutte contre les tentations, nous dit la „vie” roumaine d’avva, il n’a évité aucune pratique ascétique, en passant, selon le conseil de son père spirituel, 9 années de sa vie sans sommeil afin de vaincre les tentations démoniques qui le harcelaient pendant la nuit.
Le moment de son ordination, moment décrit par le Patérique égyptien aussi cité ci-dessus, est présenté dans la version roumaine de la vie d’avva un peu différemment. Si dans l’apoftègme patéricale avva Moïse apparaît comme étant humble devant Dieu et son Evêque, dans la variante roumaine les choses se présentent autrement. En lisant la version de l’apoftègme (page 3 de notre petite recherche) on voit l’Evêque, après le moment à proprement parler de l’ordination, dire à son nouveau sacerdote :
„Voilà, tu t’es fait blanc, avva Moïse!” à cela Moïse l’Ethiopien répond à l’évêque par une humble question : „Au dehors, sainteté, ou dedans?”
Dans la version roumaine, avva Moïse donne une réponse totalement différente :
„Mon maître, est-ce que les choses de l’extérieur font un prêtre blanc ou celles de l’intérieur ? Cette réponse fait bien sûr heureux tous ceux engagés dans la lutte contre le racisme. Car une telle réponse à une constatation inopportune comme celle de l’évêque, exprime tant une conscience de l’oppression, qui est tout à fait nécessaire pour l’émancipation, qu’une intelligence spontanée, tellement niée aux races „inférieures” par les idéologues racistes.
A vrai dire, cette réponse est peu probable avoir été donnée par avva Moïse. Le Patérique est une source plus crédible du point de vue historique que la variante roumaine des „Vies des Saints”. Il nous reste, si on le veut, la joie de nous imaginer le fait qu’un de nos ancêtres (l’auteur de cette version de „La vie” d’Avva Moïse) s’est laissé sensibiliser par la question raciale dans un monde qui a dû vivre l’expérience de l’Holocauste pour se réveiller à la réalité.


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