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Poezii Rom�nesti - Romanian Poetry

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L\'Atelier de Traduction de la Poésie du CRPFC présente des poètes israéliens consacrés
communautés [ écrivains israéliens d`expression francaise ]
Ronny Someck

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par [marlena ]

2004-09-27  |     | 



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Dans le cadre du Centre de Recherche sur la Poésie Francophone Contemporaine (CRPFC), l'Atelier de Traduction organise des rencontres avec des poètes israéliens de langue hébraïque et de langue arabe. En vue de ces rencontres, des poèmes sont traduits par les membres de l'Atelier – eux-mêmes poètes ou chercheurs.
Notre premier invité a été le jeune poète Ronny Someck, bien connu en Israël ainsi qu'à l'étranger.



Ronny Someck en compagnie de Richard Gere


Ronny Someck

Né à Bagdad, immigré en Israël à l’âge de deux ans, Ronny Someck vit à Tel-Aviv, enseigne la littérature et dirige des ateliers de création littéraire ; il a publié huit recueils de poèmes dont : Solo, Asphalte, Bloody Mary, Le tambour de la révolution. Ses poèmes ont été traduits en de nombreuses langues.
Ronny Someck a également participé à de nombreux festivals de poésie organisés dans le monde entier et a enregistré des disques avec des musiciens de renom. Ses poèmes, ainsi que ses disques ont été récompensés par divers prix .


Il ne tient pas à être un poète « respectable »

Ronny Someck écrit des biographies sous forme de poèmes. Il y conserve toujours le même ton, s’obstinant à rester lui-même, ce qui permet de reconnaître facilement l’auteur. Sa poésie épouse le caractère, le climat, le lieu. Chez lui, Dieu peut être associé au rouge à lèvres. Ronny Someck est un des rares poètes israéliens qui mêlent ironie et nostalgie dans leurs écrits. En effet, parmi nos poètes ou nos écrivains, peu nombreux sont ceux qui ont le sens de l’humour et de l’auto-ironie.
Someck ne tient pas à être considéré un poète ‘respectable’. Il se situe dans le domaine de la biographie pure. Il est de ceux, peu nombreux, qui n’ont pas besoin d’une voix solennelle pour lire un poème. Les chanteurs pop se servent du langage de Someck, tout comme les femmes les plus sophistiquées. Someck ne se prend pas trop au sérieux. Il peut être aussi bien le fils dont le père adoptif vit en Virginie que celui d’un père qu’il est en train de rechercher sur la ligne 61 des bus pour Guivataïm.
Il parle « poésie » comme un poète de Bagdad, car c’est vers son Bagdad israélien qu’il a fait virer la nouvelle poésie israélienne anglicisante, pour faire ressortir de -lui-même un héritage éblouissant qui permet d’apprécier sa poésie partout dans le monde. Il parle des angles aigus et imprévisibles de l’existence et les poèmes amorcés d’une formule grandiose se terminent sur une auto-citation contredisant son propre poème. Où qu’il aille - que ce soit à la frontière du Liban, que ce soit en Amérique ou en Espagne, il porte en lui, non seulement la poésie israélienne, mais aussi l’Oum Koultoum.
J’avais un voisin Irakien qui sortait en pyjama tous les shabbats matin, avec sa grande radio en bois comme celles d’autrefois et avec des lampes de contrôle – Someck en donne la description. La tenant sur les bras, il choisissait la station-radio « La Voix du Caire » et dans un tapage assourdissant il écoutait une chanson de Oum Koultoum pendant une heure entière.
Ronny Someck est capable de faire un poème sur la base d’une histoire rapportée dans un journal –comme par exemple, celle d’un jeune homme ayant battu un record de Guinness parce qu’il avait les cils les plus longs au monde. Ce fait banal devenu poème sera enseigné dans les écoles, tout comme on enseigne la poésie de Nathan Zach. C’est un poème que Oum Koultoum glisserait parmi les mots d’amour, les mots de tristesse et de trahison.
Non ; il n’est pas aussi innocent que ça. Il a fait un long chemin en poésie sans se soumettre aux modes diverses pour retourner à la poésie de Bagdad à laquelle les Israéliens, arrogants, ne s’habituent pas.
Recueil après recueil, Someck retourne à ses racines, dans un camp de transit, dans la banlieue de Tel Aviv – Bagdad sur le Yarkon. Tout en étudiant la poésie moderne, il décrit, tel un poète arabe, « les prunelles ardentes sur les ailes du feu » d’une fille. Près de la frontière du Liban, entre la vie et la mort, il écrit « celui qui reste éveillé rêve de la distance entre le bébé et la victime » ou encore « sur le plus tranchant des éclats d’obus les poètes écrivent des poèmes. Moi, non. Moi, je suis le géologue des couches de rouge à lèvres sur le bord du verre, comme un chiffon rouge mouillé dans le sang du taureau »
Chez les grands poètes, il a appris que le poème doit être harmonieux, affiné, mais en même temps qu’il doit dire quelque chose de neuf, proposant une formule personnelle, dépourvue de l’embarras du pathos ou de la religiosité. Non seulement rendre l’essentiel de la vie comme dans les diagrammes mais aussi peindre la vie comme cette fille que Léonard de Vinci a peint entre les jambes de sa mère. Il nous dit qu’il n’y a pas de femmes laides, mais qu’il y trop peu de vodka, et moi qui ai travaillé comme barman, je vous jure que cette phrase aurait dû être dans la Bible.
Entre les lieux communs de la poésie de Bagdad et les souvenirs de son enfance dans le camp de transit où il grandit, là où se mêlent le western, le baiser dangereux et les cils les plus longs du monde, il a aussi écrit des sonates à la rivière du Yarkon ; des sonates qui contiennent miraculeusement - et le miracle caractérise sa poésie laïque – à la fois le Yarkon pollué d’aujourd’hui mais aussi la vaste étendue du Yarkon romantique de ma jeunesse, avant même que le poète ne soit venu au monde.

La poésie de Someck est imbue des saveurs du lieu, que ce soit la rivière Tsin, ou le Yarkon. Elle nous rappelle – non pas par sa forme ni par le ton mais par le courage de sa prosaïcité mélancolique et sensuelle - quelque chose qui ressemblerait à la figue en tant que symbole du sexe de la femme et qui caractérise la poésie de D.H. Lawrence. Lawrence, qui vient d’être merveilleusement traduit en hébreu par Guyora Léchem, avait été lui aussi écarté par les poètes de la « neutralité des sens » et de la « purification » de la poésie jusqu’à une géométrie savante, parce qu’il avait osé écrire sur les raisins, les femmes et le désir.
Someck invente un rapport entre la Chevrolet et les cheveux de sa fille. Il ne veut pas être un grand poète, mais être, autant que possible, « vrai » par rapport à lui-même. On avait dit de George Gershwin qu’il était trop pop. Aucun compositeur « sérieux » du XXe siècle n’avait écrit de musique plus profonde que Summertime ou I love you, Porgy, mais les « prétentieux » ont décidé qu’il n’était pas convenable de faire entendre ce genre de musique à Carnegie Hall. Lawrence avait été rejeté par ces mêmes « prétentieux ». Quant à Someck, il a su charmer bon nombre de lecteurs et se fiche de ceux qui trouvent qu’il se répète ou que le pop ne convient pas à la poésie hébraïque ;. Grâce à son obstination à garder la spécificité de sa voix, il réussit à frayer délicatement et généreusement son chemin parmi les mondes où il vit, sans craindre ni la simplification ni l’ « epikos », ni la métaphore précise, puisqu’il est le « tambour de la révolution ».
Le « tambour de la révolution » sait que les révolutions se banalisent et deviennent despotiques en vieillissant. C’est la raison pour laquelle il n’est pas révolutionnaire : il ne fait que battre le tambour, sans se soucier des modes, tout en sachant qu’il n’y a pas de révolution sans tambour mais aussi que le tambour n’est pas responsable de l’écroulement de la révolution.

Yoram Kaniouk (Traduit par Marlena Braester)



Le rasoir qui a tailladé la figure de métaphore de la poésie

A Abdul Kader El-Janabi


Il est le dernier poil frisé de la moustache de Salvador Dali.
Il est la balle égarée du Winchester de John Wayne.
Il est le rasoir qui a tailladé la figure de métaphore de la poésie.
Il est le dattier qui a adouci les arbres du paradis le long du Tigre et de l’Euphrate.
Qu’avions-nous donc, demandé-je à Abdul Kader El-Janabi,
au cinquième étage, rue Nollet, près de Clichy, à Paris.
Où galopent-ils cette nuit les chevaux des mille et une nuits?
(Combien de nuit dans une seule ligne j’ai mis
combien d’amour il y avait dans les yeux de Mona, sa femme,
quand son doigt fit briller le cadre du tableau
cherchant la nostalgie du western de sa vie
dans les rues de Bagdad).
Dans la chambre à côté s’ouvrit un instant le frigidaire de la conscience
un glaçon flottait comme une barque sur l’eau de fonte de son propre corps.

(Traduit de l’hébreu par Marlena Braester)



La vengeance de l’enfant bègue

Je parle aujourd’hui en souvenir des mots coinçés autrefois
dans ma bouche,
en souvenir des roues dentées broyant les syllabes
sous la langue et sentant la poudre à canon
entre le palais et les lèvres sombres.
Je rêvais alors de faire passer ces mots clandestins camouflés comme des marchandises de contrebande
dans les cavernes de la bouche,
déchirer l’emballage de carton et arracher
les jouets de l’alphabet.
La maîtresse, posant une main sur mon épaule, racontait que Moïse
bégayait aussi et pourtant il avait atteint le Mont Sinaï.
Ma montagne à moi, c’était une fillette assise
à mes côtés dans la classe, mais je n’avais pas de braise dans le buisson ardent de la bouche
pour attiser, devant elle,
les paroles consumées d’amour.

(Traduit de l'hébreu par Marlena Braester)


Sous le volcan Etna - avec une réflexion sur Dieu, le plus grand cinéaste érotique

Le collines tout autour de la cime attendent la tombée de l’ombre
sous les cils ensommeillés du soleil,
le bloc de basalte qui gronde en roulant
et la lave qui fera tomber en gouttes sur leurs corps
l’orgasme des anges.
Je prends cette photo sur le même film où j’ai immortalisé
à la fin de l’été, en Galilée, le général Colchique
agitant la baguette de l’automne,
la broussaille ondoyante
au-dessus du ravin d’un ruisseau au désert de Judée
et les nattes de sable tressées par les dunes
sur la plage jaunissante des nudistes
dans le livre des confessions de Nueba.

Les putains tout au long de l’asphalte furent créées
le huitième jour en hommage aux myopes
qui n’ont jamais quitté le seuil de leur porte.

(Traduit de l'hébreu par Marlena Braester)


La fillette dont le parachute tarde à s’ouvrir

Cette nuit j’ai ramassé des plumes sur l’épaule de ton ange
Et j’ai rêvé de l’instant où le corps s’abat sur le sol.
Quel dommage que je ne sois pas plombier de l’âme
Muni d’une lampe de poche qui se moque
Même du soleil, et la main qui nettoie la rouille
Du tuyau des rêves, un instant avant qu’elle
Ne pulvérise le mur qui tient prisonnier
Le mot
Maman.
De la fenêtre, on peut voir le sourire séducteur
Des autres femmes, piqué au bout de la canne à pêche lancée
Pour pêcher les mots dans la bouche des enfants.
Je voudrais leur dire, continuez de brandir les drapeaux
En l’honneur de chaque syllabe
Mais songez aussi aux drapeaux repliés au fin fond du corps
De ceux qui se taisent.
Attendez patiemment la procession du premier mot,
Les tambours de la main qui caressera,
Le vent qui fera vibrer les cordes du parachute
Qui tarde à s’ouvrir.

La beauté à l’épreuve

La plus belle fille du monde a essuyé du bout des doigts la poussière
de l’étiquette d’une bouteille chez un marchand de vin à Bordeaux.
Ce geste vif s’apprend dans les écoles d’archéologie
à l’heure où les yeux s’ouvrent grand pour identifier l’année de la création .
Dans les bouteilles le vin efface le souvenir de la main qui a pressé le raisin ;
et du raisin a été oubliée l’odeur même des feuilles protectrices de la vigne. Dans les feuilles
la nostalgie a balayé les rouages du vent sur le sable, et déjà
le sable ne recouvrait plus les racines qui sous terre rampaient comme des serpents
qui à chaque saison se défont de leur peau.

Et la jeune fille ? Neuf mois, je le devine aux tracés du pinceau sur son corps,
neuf mois, Léonardo da Vinci est resté entre les jambes de la mère
de la jeune fille et
l’a peinte

(Traduit par Esther Orner)


Brève histoire de la Vodka

Je ne me souviens plus du nom du bar, au bout
De la Salle de la culture des métallos de Chiliabinsk.
Je me souviens seulement de la jeune fille qui, tous les quart d’heures, quittait
Son comptoir pour ramasser les verres
Dans une cuvette de plastique rouge.
Elle sautillait de table en table, ses chaussures hautes
Claquaient une odeur de butin empilé
Une toque de fourrure étalait une neige guerrière sur son front
Les vapeurs de l’alcool estompaient les visages agités comme un drapeau blanc.
Il n’y a pas, déclara mon voisin, de femmes laides
Il y a trop peu de vodka.

(Traduction de Francine Kaufmann)


Poème inédit de Ronny Someck


César Vallejo ou douze lignes sur le pain de l’humiliation

Au troisième vers il se peut qu’une larme commence à bouillonner dans l’âtre de l’orbite
quand vous apprendrez qu’il ramassait des bouteilles vides dans les rues
pour avoir de quoi vivre .
Il est facile d’imaginer le dos courbé, le bras tendu
vers le goulot, la tranche du pain de l’humiliation.
Du même angle, il est difficile d’assouvir la faim de jambes parisiennes
rattachées aux hanches des filles avec qui Dieu s’amusait
dans les maternités.
Et vous, Monsieur le Ministre de la Faim, je vous interdis de dire que c’est dans son ventre creux
qu’il a mijoté ses poèmes ; ne répétez plus que la beauté fouette le blé avant que
les fours de la géhenne n’en pétrissent le pain. On aurait pu
l’imaginer oiseau et lui laisser une miette sur le rebord de la fenêtre.


(Traduit par Marlena Braester)




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