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CONSTANTIN FROSIN: FRANCHIR LA FRONTIÈRE ou la poésie comme manuel de \"felixité\"
communautés [ Culture ]
J-P GAVARD-PERRET

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [CFR ]

2007-05-08  |     | 



Constantin Frosin nous apprend à ouvrir la fente trop étroite de notre oeil et surtout de notre cerveau. Ainsi là où nous avançons face contre terre, il permet ainsi d'éprouver de grands instants de bonheur grâce à ses poèmes "sous-réalistes". Ce terme - choisi par l'auteur lui-même - est remarquable, car il permet d'emblée de situer l'enjeu de l'oeuvre. D'abord elle exclut tout appel à un au-delà, à une mystique : on sait en effet où les mystiques nous mènent et combien, au nom de leur béatitude escomptée, ils fabriquent plus de morts que de vivants, mais c'est sans doute pour eux le moyen le plus rapide de faire accéder au nirvana qu'ils supposent ceux à qui ils omettent de demander leur avis pour cette expédition sine die. De plus le terme "sous-réaliste" a le mérite de montrer combien, si la poésie est affaire d'ici-même, ici-bas, elle doit gratter l'inconscient de la langue - car c'est là que tout se passe. C'est pourquoi plus que des jeux de mots, les glissements sémantiques proposés par Frosin et derrière le rire qu'ils produisent deviennent le moyen de tordre le cou au logos admis.

Et ce que le poète n'a cesse de déconstruire - souvent dans une musique qui fait de ses poèmes des sortes de ballades - suffit à notre plaisir. Créant une poésie physique, terrestre, visuelle, l'auteur nous apprend à ne pas chercher plus loin. Tout est là, sous nos yeux mais il faut réapprendre à lire l'éphémère qui est tout ce qu'on possède. Et qu'on quitte les coteaux pour la ville, ses rues pour les chemins à chaque jour suffit sa peine. Frosin reste ainsi le plus paradoxal des initiateurs et même dans ses poèmes intimistes qui sont des reliquaire d'amour ils entretiennent avec la langue des relations qui n'ont rien d' "effet-mère " .

Alors ont peut imaginer le poète roumain comme le fomenteur d'une ronde diurne, aphrodisiaque qui fait de lui l'ange bien terrestre de la matière dont il sait, par le rire ou l'émotion, faire surgir la lumière qui se cache dans cette partie obscure des mots donc en nous-mêmes où se cache le diamant incrusté dans quelque paroi de charbon. Il devient le dépositaire d'un secret existentiel qu'il cache non sous le voile de Tanit - décrit si bien par Flaubert, dans Salammbô - mais dans celui des glissements perpétuels du langage. Le rire devient alors la pudeur de l'impudeur, le rire protège de tout viol sauf le nécessaire: celui de la langue. Sans cela il n'est pas de poésie : la vraie poésie en effet se doit de provoquer non une cure d'intelligence mais d'"idiotie" à la langue pour en sortir une substance germinative loin de ses grilles convenues de lecture ou de ses murs si hauts.

C'est pourquoi Frosin ne cherchent pas à faire de sa poésie la plus belle fille du monde. Mais il en fait une fille (de joie) qui nous dévisage et qui au moment où elle se "dérobe" nous dénude de ce qui nous entoure, de nos vieux clivages et de nos résidences forcées. Il s'agit alors de se réveiller, car:

Quand le jour se repose
La vie se fait morose
On ne cueille plus la rose
Mais bien les névroses
Qui donnent la nécrose
A la vie en rose ".


La langue du poète est donc capable de sérieux au moment même où elle relève gaiement ses jupons. Mais sa plus grande force tient au fait qu'elle n'avance jamais masquée. Se moquant d'elle-même elle sait que tous ceux qui jouent les galants cachent en eux un crapaud sonnant au ventre jaune orangé. Le poète préfère une certaine rudesse et il arrive que ses vers nous percutent comme des grêlons. On aime leur bruit tonnerre et leur saveur d'orage. Ils deviennent ainsi des javelots enflammés qui percutent notre corps pour qu'il existe encore voire pour qu'il naisse enfin. La poésie n'est donc pas pour lui consolatrice ou réparatrice: elle est substance vive. Et si l'éternel dieu créa paraît-il le ciel et la terre, mais aussi le néant, Frosin crée par ses poèmes les vaccins fous qui nous permettent d'être habité par une idée forte et brûlante de la liberté. C'est pourquoi ces poèmes sont comme les feuilles multiples des arbres des forêts du monde, toujours en mouvement, cherchant quelquefois d'elles-mêmes l'espace de leur rêve d'une matrice abandonnée. Rien n'est donc plus proche de l'Ecriture que cette poétique qui retrouve l'organisation primaire du langage comme si les hommes en leurs premiers cris retrouvaient une complicité avec leurs corps.
Ajoutant que Constantin Frosin - sans doute parce qu'il est profondément terrestre et tellurique, sait qu'il y a toujours des corbeaux qui nous attendent au tournant pour nous faire la peau. Mais il les néglige car son instinct textuel l'envahit pour les faire fuir. D'ailleurs sa poésie est si profondément pleine, si rayonnante de l'intérieur, qu'ils s'envolent d'eux-mêmes (s'ils ont un minimum d'intelligence). Et c'est ainsi que nous sommes ramenés à l'essentiel : la poésie devient un espace décalé de la déposition : le corps objet de perte et de résurrection qui pose la question de l'identité devient un paysage qui passe d'un état fantomatique à un état de vie au moment où par le rire l'auteur propose non la fascination mais la sidération : l'horizontalité du poème répond à la verticalité des mensonges. C'est ainsi que Frosin nous fait franchir la frontière du corps, de ses lieux, de ses temps et toucher au plaisir, à la jouissance. L'incertitude aussi. Celle de la vie qui chez lui peut se partager. Cela suffit à ses joie et ses peines:

Quand le jour baisse
Toute joie cesse
Sans cesse
Quelle noire messe
Nous tient en laisse ?
Fallait-il qu'on naisse ?!...

Quand le jour point
La lumière prend de l'embonpoint
La nuit s'embête à manger du foin:
Elle revient de loin
De moins en moins
Des quatre coings "


L'essentiel est dit et bien dit : il suffit du dernier mot pour renverser le propos et ouvrir le poème à d'autres perspectives.



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