Pendeloques dites « le souverain et les dragons » Afghanistan, Tillia tepe, tombe II 1er s.
Or, turquoise, grenats et lapis-lazuli 12,5 x 6,5 cm Musée National d’Afghanistan – MK 04.40.1091-
© Thierry Ollivier / Musée Guimet


Dossier de presse :

Après Afghanistan, une histoire millénaire, présentée au musée Guimet en mars 2002, l’exposition Afghanistan, les trésors retrouvés, collections du musée national de Kaboul se propose de faire découvrir au public le patrimoine de quatre sites archéologiques majeurs : Fulol, Aï-Khanoum, Tillia-Tepe et Begram. Au-delà de l’aventure unique de ces trésors retrouvés, l’exposition rend hommage à l’histoire de l’Afghanistan, au centre de royaumes et d’empires qui se sont étendus de l’Asie centrale à l’Inde du nord.

Grâce à la présentation exceptionnelle de 220 pièces, l’exposition permet de mettre en perspective l’évolution de l’histoire afghane, de l’Age du Bronze à l’empire des Kouchans. Bien que les objets présentés diffèrent par leur origine géographique et historique, ils célèbrent la continuité, l’unicité et la richesse du patrimoine afghan, dans une région soumise à de multiples influences culturelles : iranienne et proche-orientale, indienne, scythe, chinoise et hellénistique.

Les vases en or de Fulol se font l’écho de la civilisation de Bactriane (2200-1800 av. J.-C.)
et du rôle essentiel de la région dans les échanges entre le Moyen-Orient et la civilisation de
l’Indus.

Le site d’Aï-Khanoum (fin du IVème s - milieu du IIème s av. J-C), autre lieu mondialement connu, a été découvert puis fouillé par la délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) entre 1964 et 1978. Il incarne l’avancée extrême de l’hellénisme au coeur de l’Asie Centrale et l’influence durable de cette culture dans la région. Les lingots d’or rappellent la richesse des aventuriers grecs, tandis que la plaque de Cybèle illustre la symbiose avec des traditions plus orientales.

La nécropole de Tillia-Tepe, la « colline d’or » (Ier s.), à la frontière nord, est la dernière grande découverte avant que l’Afghanistan ne sombre dans le chaos. Six tombes princières intactes, recelant des parures funéraires de toute beauté ont été exhumées par une équipe d’archéologues afghano-soviétiques, dirigée par Viktor Sarianidi. Pendentifs, ceinture, miroirs chinois, ivoire indien ou encore intailles gréco-romaines, soulignent la place charnière de l’Afghanistan sur la route des steppes.

Le trésor de Begram marque une évolution, en mettant en lumière le déplacement du centre du pouvoir vers le sud. Les pièces trouvées par la DAFA en 1937 et 1939, célèbrent ainsi la puissance et le luxe d’une cour qu’on a voulu voir kouchane lors de sa découverte (Iers- IIIèmes) une cour sous l’influence des mondes indien, chinois et grec. L’exposition rassemble certaines des pièces les plus emblématiques des collections de Kaboul, tels des ivoires indiens, des bronzes hellénistiques, ou encore un lot de verrerie apparaissant comme le plus ancien exemple de verres gréco-romains.

L’exposition s’accompagne de la restauration d’un grand nombre d’oeuvres, en vue de la
réintégration des collections dans le musée de Kaboul. Leur présentation revêt une dimension toute particulière dans le climat politique actuel. En restaurant et en mettant en valeur le brillant patrimoine afghan et les influences culturelles qu’il a subies, cette exposition unique rappelle la fragilité et la nécessaire protection de ces trésors, véritables lieux de mémoire du peuple afghan dans un pays qui se reconstruit peu à peu.



Plaque ornée d’une figure féminine dite « Aphrodite kouchane » Afghanistan, Tillia tepe, tombe II 1er s.
Or 4, 5 x 2, 5 cm Musée National d’Afghanistan – MK 04.40.113
© Thierry Ollivier / Musée Guimet


Tillia Tepe

Le trésor de Tillia Tepe, découvert en 1978 par une mission afghano-soviétique, a été sévèrement menacé à de nombreuses reprises, du fait de la situation extrêmement chaotique en Afghanistan ces vingt dernières années.

Le trésor de la « colline d’or »

En 1969, sous la monarchie du roi Zaher Chah, une mission afghano-soviétique, financée par l’Académie des sciences de Moscou, arrivait pour la première fois en Afghanistan. Sur le site de Tillia Tepe, la bien nommée « colline d’or », au nord de l’Afghanistan, au carrefour de l’Eurasie, des fragments de vaisselle archaïque, la première découverte du genre en Afghanistan, ont été mis au jour. A l’automne 1977, l’équipe y a découvert un édifice monumental rappelant un temple entouré d’une muraille défensive. Revenue sur ce site prometteur à l’automne 1978, la mission, dirigée par Viktor Sarianidi, a alors exhumé six
sépultures intactes de familles princières, cinq tombes de femmes et une tombe d’homme, qu’il interprète alors comme appartenant aux premiers Kouchans, une des branches des Yuezhi. Avant leurs obsèques, les corps des défunts avaient été recouverts de linceuls drapés, sur lesquels avaient été cousues de riches parures d’or, incrustées de turquoise, de grenat, de lapis-lazuli. Cette nécropole de princes nomades, dont l’origine exacte est encore soumise à certaines controverses, est datée des environs de notre ère.

Le temple découvert semble dater du 2è millénaire avant notre ère. Il aurait été remanié au milieu du premier millénaire avant J-C, puis ravagé par un incendie au IVè siècle avant notre ère. Les troupes gréco-macédoniennes qui conquirent le pays au IVè siècle ne trouvèrent qu’un modeste village bâti sur les ruines du temple. La colline servit ensuite de sépulture aux seigneurs qui régnaient sur l’une des grandes principautés des Kouchans.

Le trésor, constitué de 21 618 pièces, montre l’Afghanistan comme étape fondamentale sur la route des steppes, au centre d’un vaste réseau d’échange. Quelques pièces gréco-romaines, indiennes ou encore chinoises témoignent du contact de ces peuples nomades avec les grands empires du monde sédentaire. Les parures évoquent l’or des Schytes des rives du Bosphore et de la Chersonnèse et les miroirs chinois, datés de l’époque Han, montrent un monde ouvert à l’Eurasie entière. Ces pièces côtoient des pendentifs où le maître des animaux terrasse des dragons, une ceinture ponctuée de cavaliers chevauchant des êtres fantastiques et tenant le canthare, ou encore un bouquetin au réalisme animalier d’une extrême finesse qui dérive directement de l’art achéménide.

Un patrimoine menacé

En 1979, du fait de la détérioration du climat politique en Afghanistan, Viktor Sarianidi et son équipe sont obligés de transporter le trésor à Kaboul. Il y sera caché tout d’abord dans la cave du musée National d’Afghanistan. Cependant, le musée, réquisitionné, doit déménager toutes ses collections. C’est sans doute à ce moment que le trésor de Tillia-Tepe est transféré dans les sous-sols de la banque centrale. Il n’en est ressorti que trois ans plus tard, afin de permettre à Viktor Sarianidi de poursuivre son étude interrompue. C’est à cette occasion qu’il sera montré pour la première fois, lors d’une exposition très privée, réunissant quelques personnes triées sur le volet.

En 1989, la situation est extrêmement tendue : le pays est au bord de la guerre civile. Le président Mohammed Najibullah décide de porter le trésor dans une chambre forte de la banque centrale, dont la lourde porte était fermée par sept clés, détenues chacune, selon la tradition afghane, par une personne différente. Une décision bien inspirée, puisque le musée de Kaboul sera détruit, et les deux tiers de ses collections pillées entre 1992 et 1996. Les communistes, puis les Talibans en 2001, tenteront de faire sauter les coffres, en vain.

En août 2003, le président Hamid Karzaï affirmait que le trésor de Tillia Tepe était en sécurité. Un inventaire effectué en juin 2005 a révélé qu’il était intact. Ce trésor, dont de nombreuses pièces seront exposées au musée Guimet, exceptionnel par sa richesse, l’est aussi par l’enjeu qu’il représente, de préservation, de conservation et de mise en valeur d’un patrimoine millénaire.



Couronne Afghanistan, Tillia tepe, tombe VI 1er s.
Or 45, 0 x 13, 0 cm Musée National d’Afghanistan – MK 04.40.50
© Thierry Ollivier / musée Guimet.


Renseignements pratiques :

Le billet "exposition" et le "billet jumelé" font l’objet d’une majoration exceptionnelle de 1 euro afin de contribuer à la reconstruction du musée de Kaboul.

- Horaires : ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 18h
Evacuation des salles : 17h45.
- Billet exposition seule : tarif plein 7,50 €, tarif réduit : 5,50 €
- Billet exposition + musée : 9 €, tarif réduit : 6,50 €
- Gratuit pour les moins de 18 ans.

Commissaire :
Jean-François Jarrige, commissaire général Pierre Cambon, conservateur en chef du patrimoine, section Afghanistan/Pakistan Muséographie : Massimo Quendolo, architecte dplg Président du musée : Jean-François Jarrige, membre de l’Institut

Adresse :
Musée des arts asiatiques Guimet
6, place de Iéna
75116 Paris
Métro : Iena, Boissière
RER C : Pont de l’Alma
Bus : 22, 30, 32, 63, 82

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Site internet à consulter:
Musée Guimet