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Face à face avec….Anna Moï, invitée du 5e «lundi» du CNL
article [ Culture ]
www.culture.fr

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par [NMP ]

2006-08-23  |     | 



Styliste, chanteuse, écrivain, Anna Moï, née en 1955 à Saïgon, écrit des livres français au Vietnam et interprète des chansons vietnamiennes en France. Le 25 septembre, le Centre national du livre lui donne carte blanche pour une soirée de lecture et de chant.

Anna Moï a beau écrire en langue française, ses origines vietnamiennes font d'elle un écrivain francophone. C'est d'ailleurs à ce titre qu'elle a été invitée au dernier Salon du livre de Paris dédié à la Francophonie. Pourtant, puisqu'elle écrit dans la même langue que Philippe Sollers, Amélie Nothomb ou Olivier Rollin, Anna Moï est bien un écrivain français. « L'expression littérature francophone est condescendante à partir du moment où elle ne désigne pas tous les écrivains de langue française, comme on pouvait s'y attendre, mais uniquement les écrivains non-français. Par ailleurs, l'étymologie de littérature francophone me tracasse : phonos signifie voix, son. Or, la littérature est écrite. Au dernier Salon du livre de Paris, un écrivain de langue française a proposé : littérature francographe. » Francophone est une épithète d'autant plus gênante pour Anna Moï, qu'à l'instar de beaucoup d'écrivains dits francophones, elle maîtrise sans doute mieux la langue française que nombre d'écrivains dits français. « La langue est une matière merveilleuse ; argileuse et malléable mais aussi charpentée par un ensemble de règles complexes ; elle me fait penser à la sculpture : sur une armature en fer, l'artiste applique une terre molle et modèle une œuvre. Au final, celle-ci est fluide ; nul ne peut deviner la forme de la structure métallique sous-jacente. »

Dans son nouveau roman, Violon, qui a lieu en Normandie, Anna Moï se plait à malaxer la langue française pour en faire ressortir l'ésotérisme à travers une mise à distance comique : ainsi, « leucosélophobe » décrit l'angoisse de la page blanche, immanent s'écrit « hymanent » en écho au contexte familial sexué de la narratrice, « pertinent » se dit « congru » et « nonchalindolence » traduit une douce oisiveté . « Ces jeux impliquent une certaine intimité avec la langue, tour à tour amie ou ennemie, et le désir de la violenter pour voir jusqu'où elle résiste, comme un sculpteur donnera des coups de burin dans le marbre afin de tester sa force et la puissance de la matière. »

Si Anna Moï, nommée Chevalier des Arts et des Lettres en janvier dernier, cisèle la langue française avec l'adresse d'un maître d'œuvre, peut-être n'est-ce pas étranger à son attrait pour les langues. Polyglotte, elle parle aussi vietnamien, sa langue maternelle, anglais, allemand, thaï et japonais. « Mes parents voulaient que je fasse connaissance avec un monde aussi vaste que possible : après m'avoir inscrite dans une école primaire française, ils m'envoyèrent à des cours privés d'anglais dès l'âge de neuf ans. Ensuite, j'appris une quatrième langue, l'allemand. Plus tard, je vécus en Thaïlande et au Japon et je n'envisageai à aucun moment de ne pas parler thaï avec les Thaïs et japonais avec les Japonais. » L'apprentissage des langues étrangères astreint à des ruptures par rapport à une langue maternelle structurante. Anna Moï s'est ainsi engagée dans des déambulations mentales insolites : inconsciemment, elle a intégré un peu de l'autre, pour étouffer un peu moins en elle-même. Pour Anna Moï, la création littéraire est assez similaire à cette démarche : il s'agit de rompre avec ce que l'on sait pour aller vers un monde plus vaste - le monde de la fiction où l'on est à la fois soi et l'autre.

Paradoxalement, l'écrivain semble ne pas pouvoir écrire en France ; c'est chez elle, à Hô-Chi-Minh-Ville (ex-Saïgon), qu'elle écrit… en français. « Je pense que l'opposition, ou la tension, est à l'origine de toute création ; je l'éprouve en écrivant des textes français au Vietnam, ou en chantant des mélodies vietnamiennes en France. Dans les deux cas, je me sens décalée, étrangère : n'est-ce pas une condition préalable à toute création ? L'étrangeté est une forme d'innocence qui vous rend fragile et indestructible ; un enfant est ainsi : vulnérable et puissant. Et sans innocence, comment créer ? Comment redessiner le monde sans un regard stupéfait et déroutant ? »

Déroute et stupéfaction caractérisent l'œuvre de celle qui, après avoir publié un poème en anglais dans un magazine à l'âge de seize ans, a tu cette voix intérieure pendant vingt-six ans - elle publie sa première nouvelle en 1997 dans un journal saïgonnais de langue française et son premier recueil de nouvelles, L'écho des rizières en 2001.

En 2004 paraît son premier roman, Riz noir, un aller-retour poétique entre un présent violent et un passé idéalisé, qui ne sombre ni dans le désespoir, ni dans la nostalgie. « J'ai grandi pendant une guerre en parlant deux langues. Le vietnamien, ma langue maternelle, est aussi celle dans laquelle la mort m'a été décrite dans toutes ses variantes ; le français appartenait à un pays lointain, rêvé, libre et qui n'existait pour moi qu'à travers la littérature et la poésie. J'ai choisi d'écrire dans ma deuxième langue maternelle, celle du monde imaginaire qui, même confronté plus tard avec sa réalité parfois violente, garde intimement les traces, dans mon esprit, du paradis. Je suis très concernée par la question de l'identité et de la destinée : comment se structure-t-on à partir d'une histoire personnelle avec ses secrets et ses non-dits ? Comment gère-t-on sa mémoire martyrisée ? Pourquoi les chemins lumineux que nous revendiquons bifurquent-ils parfois vers le malheur, et comment les individus résistent-ils ? Mes questions sont tournées vers le futur, loin de la nostalgie, même si les réponses sont contenues dans le passé. La destinée de beaucoup de Vietnamiens s'est brisée malgré une volonté acharnée de bonheur : la guerre est venue emporter toutes les ambitions eudémonistes ; c'est ce deuil que j'évoque dans Riz noir. »

Pendant sa longue période d'absence à l'écriture, Anna Moï était styliste de mode, une passion que trahit la forte prégnance des couleurs dans ses textes. La musique, aussi, l'inspire : elle étudie le piano à Saïgon, découvre l'Opéra à Paris et s'initie au chant. « Je suis chromopathe, comme d'autres sont psychopathes. Les couleurs empreignent les étoffes mais aussi les pigments minéraux ou floraux, le timbre (d'une voix, d'un violon), l'expression littéraire. Le chromatisme donne aux choses un relief particulier, et le rôle de l'artiste est de dessiner avec ses outils personnels et sa palette distinctive une géographie originale. »

La musique, la littérature et le vêtement ne sont, pour Anna Moi, que les instruments d'une création colorée, déroutante, stupéfiante qui nous traverse et nous laisse interdits…Une géographie unique qui transparaitra sans doute dans ses nombreux projets à venir : un livre pour la collection Terre humaine, un journal de deux mois de sa vie où elle fit une rencontre peu commune, un livre de photos sur le Vietnam et un second roman « normand ».

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Bibliographie d'Anna Moï

Violon, roman, Flammarion, 2006
Espéranto, désespéranto, essai, Gallimard, 2006
Rapaces, roman, Gallimard, 2005
Riz noir, Gallimard, 2004
Parfum de pagode, nouvelles, L'Aube, 2003
L'Echo des rizières, nouvelles, L'Aube, 2001

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Prochains lundis du CNL

Chaque dernier lundi du mois, le Centre national du livre invite à l'hôtel d'Avejan un auteur de renom qui a carte blanche pour orchestrer “sa” soirée. Après Mona Ozouf, Marcel Gauchet, Daniel Rondeau, ainsi que Régis Debray et Robert Abirached, en début d'année, le CNL recevra le :

25 septembre : Anna Moï - carte blanche
30 octobre : Angelo Rinaldi : « La critique littéraire » - animé par Jacques-Pierre Amette
27 novembre : Claude Durand : « Le métier d'éditeur » - animé par Michel Crépu
30 janvier : François Weyergans (thème et modérateur en cours…)
27 février : hommage à Jean-François Revel, avec Claude Imbert et Laurent Theiss
27 mars : Marie Billetdoux

Centre national du livre,
53 rue de Verneuil, 75007 Paris,
Lundi 25 septembre 2006 à 18h30,
Entrée libre dans la limite des places disponibles,
Réservation indispensable : 01 49 54 68 92,
[email protected]


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Pour plus d'information sur les lundi du CNL, veuillez consulter le Centre national du livre

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Cet article est reproduit avec l'autorisation du site
Centre national du livre


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