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Le rôle du langage dans la déconstruction des stéréotypes
article [ Société ]

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par [Clara-Emilia ]

2012-03-30  |     | 



Il existe chez les gens de ce début de siècle un conformisme que l’on peut appeler norme anti-discriminatoire. La perpétration de pensées et de propos dévalorisants à l’égard des groupes minoritaires, l’accomplissement d’actes racistes sont perçus à travers cette norme. Dans notre étude, nous nous proposons de défendre l’hypothèse selon laquelle le langage politiquement correct a contribué à la mise en place de cette norme. Nous nous proposons plus exactement de mettre à jour les mécanismes qui permettent à ce courant de pensée politique de braver « la menace du stéréotype » sinon de la tenir en échec.
Dans notre travail, nous ne ferons donc pas état de l’histoire de l’expression politiquement correct, des acceptions qu’elle a acquises lors de son déplacement transatlantique en 1990, comme nous ne ferons pas état du débat qui oppose ses défenseurs et ses détracteurs. De toute façon, au tournant des XXe et XXIe siècles, les tendances en Amérique du Nord et en Europe d’Occident se rapprochent en même temps qu’elles gagnent d’autres pays. Quelles sont ces tendances ? D’une part, une plus grande sensibilité aux inégalités sociales et une moindre tolérance aux discours discriminatoires, d’autre part, une dénonciation plus forte du politiquement correct.
Ces tendances contradictoires nous ont amenés à nous interroger sur les comportements intergroupes et les croyances qu’ils sous-tendent. Et les premiers éléments de réponse nous ont été fournis par la théorie de l’attribution causale initiée par Fritz Heider en 1944. Selon cette théorie, une structure permanente mais non directement observable est responsable des manifestations sociales directement observables. La structure est la tendance de l’individu humain à discriminer en faveur de son groupe d’appartenance. Parmi les manifestations ?
Dans le cas d’un acte socialement peu souhaitable, l’individu humain attribue une cause externe au membre de son groupe et interne au membre de l’autre groupe et, dans le cas d’un acte socialement désirable, il fait l’inverse. Pour des caractéristiques favorables, il utilise des catégories plus générales pour les membres de son groupe et, pour les mêmes caractéristiques, il différencie les membres de l’autre groupe, de sorte que les meilleurs d’ente eux constituent des cas spéciaux ou des sous-catégories qui n’influencent pas de manière substantielle la catégorie générale dans laquelle on les a encadrés. Pour des caractéristiques défavorables, il utilise, par contre, des catégories plus générales pour le hors groupe et des catégories particulières pour le groupe d’appartenance. De la sorte « les brebis galeuses » de son groupe d’appartenance ne sont que des exceptions à la règle.
En réalité, le tableau social est plus complexe et la théorie de l’identité sociale de H.Tajfel et J. C. Turner nous en donne un aperçu. Tout d’abord, les mêmes manifestations, elle les explique par le maintien de l’identité sociale positive de l’endogroupe (ou groupe d’appartenance) par rapport à l’exogroupe (ou hors groupe). Ensuite, elle introduit un postulat qui dit que le critère de valeur est non pas absolu mais relatif, dans le sens que l’endogroupe a de la valeur s’il est perçu comme supérieur à l’exogroupe.
On peut voir de ce qui vient d’être dit que l’identité sociale met en présence l’appartenance à un groupe, qui est objective, et la signification émotionnelle que l’individu attache à cette appartenance, qui est subjective, et que l’introduction du concept de degré d’identification est capitale dans ce contexte, ce concept ayant le mérite de conforter l’idée de recherche d’une identité positive et celle de parcours social qui en découle. D’autant que l’ individu humain n’appartient jamais à un seul groupe mais à plusieurs.
Prenons le cas de l’ individu X qui a les caractéristiques suivantes : français, d’origine maghrébine, professeur, ministre de l’enseignement.
Ces caractéristiques, qui sont autant d’appartenances groupales, font que l’identification de l’individu X à un groupe soit conditionnée par son identification aux autres groupes. Ses actes, de leur côté, révèlent la valeur qu’il accorde à un groupe par rapport aux autres. Prenons ses actes en tant que ministre de l’enseignement. Ils peuvent indiquer une identification forte au parti de gouvernement et une identification moins forte à la catégorie des professeurs, magrhébins ou français. Nous dirons dans ce cas, en nous servant du cadre conceptuel de la théorie de l’identité sociale, que cet individu a été motivé par le « pôle de mobilité sociale » défini comme la croyance en la flexibilité de la société qui permet à tout individu insatisfait de son appartenance groupale de passer dans un autre groupe plus valorisant. Cette croyance a entraîné l’individu X vers le « pôle interpersonnel » caractérisé par un comportement plus influencé par les caractéristiques personnelles que par l’appartenance à un groupe.
Il est possible aussi que les actes de l’individu X indiquent une identification très forte aux Maghrébins et très faible aux Francais. Dans ce cas, nous dirons que son comportement, plus proche du „pôle intergroupe”, est relié au pôle du „changement social” défini comme la croyance en une stratification entre les groupes fortement marquée, stratification qui rend impossible, pour un individu seul, de s’extraire de son groupe. Ces actes, d’autre part, sont synonymes de suicide politique, s’ils ne sont pas précédés de mouvements de revendications de la communauté maghrébine. Si c’est le cas, ils peuvent en revanche jouir d’un consensus au sein du gouvenement. Là il est important de noter que le « politically correct”, avec l’acception de linguistiquement conforme au regard des mœurs et des opinions courantes, a été mis en place sous la pression des mouvements d’affirmation identitaire qui se sont exprimés vigoureusement dans le dernier quart du XXe siècle, et que ce sont justement les politiques, relayés par les médias, qui en ont été les auteurs.
Il est possible enfin que les actes de l’individu X indiquent une identification forte au parti de gouvernement et une identification tout aussi forte à la catégorie des professeurs, français ou maghrébins, cas auquel nous dirons que cet individu a gardé le juste milieu entre « le pôle interpersonnel » et le « pôle intergroupe » et que son système de croyances contient des éléments appartenant au « pôle de mobilité sociale » et à celui du « changement social ». Ces actes peuvent de la sorte être une source de stabilité politique et de paix sociale.
Mais Tajfel et Turner ont principalement ancré l’identité sociale dans les relations entre un groupe d’appartenance et un hors-groupe. Dans cette perspective, plus l’individu X s’identifie aux Maghrébins plus il considérera les Français comme les items indifférenciés de la nation française et non en tant qu’individus, et il produira à leur égard un comportement uniforme. Si, par contre, l’individu X s’identifie davantage aux Français, cela générera plus de variété comportementale au sein des Maghrébins.
Qu’est ce qu’on constate ? Qu’un individu proche des extrêmes intergroupe et changement social, plus qu’un individu proche des extrêmes interpersonnel et mobilité sociale, a des représentations stéréotypées sur les membres du hors groupe et produit à leur égard des jugements stéréotypés.
Mais faut-il avoir peur des stéréotypes ? Ils semblent après tout s’inscrire dans le fonctionnement cognitif normal de l’individu, pour ne pas dire qu’ils facilitent les interactions sociales.Voilà ce qu’en dit Walter Lippmann : Pour traverser le monde, les gens doivent avoir des cartes du monde. Tels des cartes, les stéréotypes clarifient l’itinéraire social des gens dans une réalité complexe.
Pourquoi avoir peur de ces raccourcis cognitifs ?
Parce que leur dimension descriptive est doublée d’une dimension évaluative. Parce qu’ils portent un jugement sur les membres d’un groupe en tant qu’ils appartiennent à ce groupe et que ce jugement peut être négatif et dénigrant. Or, qu’est qu’on a constaté? Que la connaissance par l’individu des stéréotypes négatifs de son propre groupe induit à la confirmation de ceux-ci dans des contextes évaluatifs. Et plus l’individu s’identifie au domaine sur lequel porte le stéréotype, plus la diminution de ses performances est importante. Et plus l’individu s’identifie au groupe qui est la cible du stéréotype plus l’impact du stéréotype sur ses performances est significatif.
Cette peur de confirmer, par ses performances, le stéréotype négatif de son groupe est connue sous le nom de menace du stéréotype et a été mise à jour en 1995 par Claude Steele et Joshua Aronson.
En ce qui concerne l’effort pour diminuer le stéréotype en améliorant les performances, cet effort devrait être répété dans chaque situation évaluative, en raison de la large dissémination des stéréotypes dans la société. Ce serait un effort de Sisyphe.
Comment parvenir alors à la déconstruction des attributs associés à une catégorie sociale ? Comment déconstruire ces généralisations abusives que sont les stéréotypes ?
Les stratégies ne manquent pas. Certains auteurs tablent sur la promotion des rapports interindividuels plutôt qu’intercatégoriels. D’autres proposent un croisement des catégories pouvant susciter des rapprochements entre certaines d’entre elles. Il y a ensuite ceux qui voient une solution dans la fusion de plusieurs catégories conflictuelles dans une catégorie unique, plus générale. Leur point commun? Ils croient tous à la possiblité d’opérer directement sur les catégories initiales.
Enfin, selon un autre groupe de recherche l’image d’une détermination réciproque entre les catégories sociales et les rapports sociaux est plus réaliste en ceci qu’elle replace le problème dans une conception interactive. L’environnement social, dit Leyens, intervient en aval et en amont de la catégorisation. « En aval, parce que les catégories sociales d’un groupe ou d’un individu modifient profondément les rapports qu’il entretient avec autrui (c’est notamment le cas des stéréotypes). En amont, parce qu’inversement, ce sont les rapports qu’un individu entretient avec son environnement social qui influencent son activité de catégorisation ( à travers la connaissance qui se dégage de ces rapports, à travers le souci pour l’individu de conserver dans un contexte de comparaison sociale la positivité de son identité sociale, etc. ; ). »
Là il faut dire que la conception interactive n’est pas plus réaliste, pour la simple raison que l’environnement, qui intervient dans l’activité de catégorisation en amont, ne le fait pas en aval où « les catégories sociales d’un groupe ou d’un individu » modifient le comportement du groupe ou de l’individu et non pas son activité de catégorisation. Il est vrai que le comportement du groupe ou de l’individu influence à son tour l’activité de catégorisation d’un autre groupe ou d’un autre individu. Mais l’influence s’exerce en amont et non pas en aval. Et donc toujours en amont.

Pour le moment, de toutes les stratégies, celle du « politiquement correct » semble la seule à avoir fait ses preuves, dans le sens qu’elle a généré une norme qui rend moins inégale la lutte avec « la menace du stéréotype ».
Reste à savoir si la théorie de l’identité sociale fournit les éléments nécessaires pour expliquer ce phénomène, pour dire pourquoi les membres du groupe minoritaire dominant, représenté par les politiques, ont imposé une norme de comportement favorable aux groupes minoritaires dominés, pourquoi la tendance des membres du groupe majoritaire dominant est de se conformer à cette norme, pourquoi l’expression linguistique de cette norme est plus contestée que les représentations qui se cachent derrière.
La stabilité et la légitimité d’un système sont des critères permettant de prédire le comportement des groupes de ce système. Voilà ce qu’en dit la théorie de l’identité sociale.
Si les groupes dominés perçoivent le système comme étant instable et/ou illégitime, ils développent un comportement ethnocentrique et rejettent leur statut d’infériorité.
Si les groupes dominants considèrent leur statut comme illégitime, ils augmentent la discrimination lorsque l’opposition des groupes dominés est faible et la réduisent lorsque leur supériorité fait l’objet de contestations. Par contre, s’ils jugent que leur statut est légitime, ils adoptent un comportemet fortement discriminatoire.
Cela montre que les groupes ayant un statut élevé peuvent également avoir une identité sociale „insecure”. Cela montre aussi que, face à une identité sociale „insecure”, quel que soit le groupe, il réagit en cherchant à accroître sa distinctivité.
Vu sous cet angle, le politiquement correct représente la réaction des gouvernants aux contestations qui menacaient leur position. Les contestations, de leur côté, s’expliquent par le fait que le système était perçu comme illégitime par les groupes minoritaires. Il est à noter aussi que les médias ont favorisé l’installation du politiquement correct dans la vie publique mais aussi la remise en question de la supériorité des gouvernants. L’explication? Les événements ont touché principalement des pays à démocratie avancée, à même de gérer la pression des groupes qui cherchaient une évaluation positive.

Par la suite, nous proposons une explication complémentaire, en termes de pouvoir de décision et de force de pression. Associés à celui d’identité sociale positive, ces termes rendent mieux compte de la dynamique des groupes et du comportement de leurs membres.

Les gouvernants sont censés représenter les intérêts de ceux qu’ils gouvernent. Au nom de ces intérêts, ils exercent une fonction. Cette foction est d’autant plus importante que le nombre de ceux au nom desquels ils l’exercent est grand. Entre l’importance de la fonction et le pouvoir de décision le rapport est étroit, dans le sens que le pouvoir de décision des gouvernants est d’autant plus grand que leur fonction est importante.
Perçus à travers leur fonction, les gouvernants sont des individus uniques.

Les gouvernés sont censés adhérer aux décisions de ceux qui les gouvernent, mais ils peuvent aussi contester ces décisions, si elles vont à l’encontre de leurs intérêts. La force d’adhésion ou de contestation des gouvernés est d’autant plus grande que leur nombre est grand.
Perçus à travers leur nombre, les gouvernés sont interchangeables.
Comme nous l’avons dit, Tajfel et Turner expliquent l’identité sociale par les relations entre un groupe d’appartenance et un hors-groupe. Nous pensons, quant à nous, que l’identité sociale se joue aussi entre le pouvoir de décision d’un groupe dominant et la force de pression du groupe ou des groupes dominés.
À cet effet, nous avons mis en place les notions de fonction et de nombre. La fonction confère du pouvoir aux groupes dominants, le nombre fait la force des groupes dominés.
Dans cette perspective, le langage politiquement correct s’explique en tant que réaction du groupe minoritaire dominant aux contestations des groupes minoritaires dominés, mais il s’explique également par l’adhésion à cette réaction des membres du groupe majoritaire dominé. Certes, le politiquement correct n’est pas nécessairement favorable à leurs intérêts, mais leurs intérêts sont, d’autre part, représentés par le groupe qui a initié le courant. Rien d’étonnant dans ces conditions que les membres du groupe majoritaire dominé puissent avoir un comportement contradictoire, discriminatoire dans la vie privée et anti-discriminatoire dans la vie publique.
Le problème est que notre réponse, au lieu de lever le parodoxe qui pèse sur le politiquement correct, ne fait que l’approfondir, car, justement, ce sont les contenus de ce langage qui commencent à être perçus positivement, alors que sa forme est de plus en plus critiquée et même ridiculisée.
Pour avancer dans la compréhension du phénomène, il faut revenir au processus de catégorisation sociale et maintenir distinctes la formation des représentations stéréotypées et leur expression, La formation sous entend une interaction, et donc une action externe et une réaction interne, positive ou négative. Or l’action externe, nécessairement consciente ou inconsciente, est volontaire, alors que la réaction interne est nécessairement involontaire, ce qui fait que la formation des représentations stéréotypées négatives soit impossible à contrecarrer. D’autant que ces représentations prennent racine avec chaque action externe de même nature.
Ce mécanisme, qui rend redoutable la „menace du stéréotype”, a contribué d’autre part au recul au quotidien de l’attitude discriminatoire. Pourquoi? Parce que la norme du politiquement correct, relayée par la recherche d’une identité positive, a amené les hommes à contrôler, voire à inhiber l’expression des jugements stéréotypés dans la vie publique. Les manifestaions offensantes à l’adresse du membre d’un groupe en tant qu’il appartient à ce groupe ont été en quelque sorte releguées dans le privé. Et même là elles vivent en cladestinité en attendant que le politiquement correct soit jeté aux oubliettes de l’histoire. Mais si la forme d’expression de ce langage va sûrement y contribuer, on ne reviendra plus jamais au même point. Les hommes ne seront peut-être plus obligés d’utiliser tant d’expressions détournées, mais, entre temps, ils auront appris le coût des expressions blessantes. Le langage politiquement correct aura au moins contribué à cela: à bloquer l’expression des jugements stéréotypés et indirectement, à déconstruire bon nombre de représentations correspondantes.



Bibliographie sélective

BOURHIS R.Y LEYENS J.-P., Stéréotypes discrimination relations intergroupes, Mardaga, 1999
LEYENS J.-P., YZERBYT V., SCHADRON G., Stéréotypes et cognition sociale, Mardaga, 1999
AUTIN F., La théorie de l’identité sociale de Tajfel et Turner, http://www.prejuges-stereotypes.net/espaceDocumentaire/autinIdentiteSociale.pdf, Consulté le 1o mars 2011

GABARROT F., La menace du stéréotype, http://www.prejuges-stereotypes.net/espaceDocumentaire/gabarrot.pdf, Consulté le 21 septembre 2011


Article publié dans le volume La France et la francophonie: stéréotypes et réalités. Image de soi, regard de l’autre, Éditions Junimea Iaşi, 2012





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