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Une théorie de la conscience (II)
article [ Livre ]

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par [Clara-Emilia ]

2011-10-17  |     | 



David Chalmers envisage la conscience comme un fait supplémentaire qui s’ajoute aux faits physiques. Sa thèse ? Les faits de conscience ne surviennent pas logiquement sur le physique et ne peuvent donc pas être expliqués par réduction au physique.
La chapitre III¹ de son ouvrage L’Esprit Conscient est une argumentation en faveur de cette thèse et, indirectement, une critique des théories qui s’y opposent.
L’argument qui a fait le plus de remous est celui des zombis. On peut, selon l’auteur, concevoir un monde physiquement et psychologiquement identique au nôtre, mais dans lequel il n’y a pas de ressenti phénoménal. L’identité psychologique, le fait que les créatures de ce monde traitent la même information que nous, que leur configuration interne se modifie conséquemment, que leur comportement est indiscernable du nôtre, découle logiquement du fait qu’elles sont physiquement identiques à nous. Mais avoir telle ou telle information ne leur fait aucun effet. Leurs fonctions ne s’accompagnent pas d’expériences conscientes.
La possibilité logique de ces répliques fonctionnelles non conscientes, que l’auteur appelle zombis, prouve que l’existence de l’expérience consciente n’est pas impliquée par l’organisation fonctionnelle. Autrement dit, les faits de conscience ne se réduisent pas au physique.
Pour se prémunir contre d’éventuelles objections l’auteur tient à préciser qu’il s’agit d’une possibilité logique et non d’une possibilité naturelle et que, dans ce cas, il suffit que la notion de zombi soit conceptuellement cohérente pour que l’argument fonctionne.
Un autre argument tiré de la concevabilité est celui du spectre inversé. Il est possible, dit l’auteur, d’imaginer un monde physiquement identique au nôtre, mais dans lequel les faits de conscience sont inversées. Lorsque nous avons des expériences rouges, par exemple, nos jumeaux inversés ont des expériences bleues. Mais comme ils sont physiquement identiques à nous, leur comportement est indiscernable du nôtre. Ainsi, ils appellent « rouges » leurs expériences bleues.
La possibilité logique du spectre inversé établit le caractère spécifique des expériences conscientes particulières et par là même le fait que la conscience ne survient pas logiquement sur le physique. « Qu’il soit logiquement possible que les faits physiques restent les mêmes tandis que ceux de la conscience diffèrent nous montre qu’il y a un fossé explicatif entre le niveau physique et l’expérience consciente… » p. 160
À l’encontre de la survenance logique, l’auteur avance également deux arguments épistémiques. Notre connaissance de la conscience provient de notre expérience en première personne et non d’observations externes, alors que la connaissance d’autres faits que la conscience se fait à partir des données externes, et l’expérience en première personne ne joue pas un rôle déterminant. C’est l’argument de l’asymétrie épistémique. Le second argument, il le reprend à Jackson. Marie, une grande spécialiste dans la neurophysiologie de la vision, sait tout sur les processus impliqués dans le traitement de l’information visuelle, mais comme elle a été élevée dans une chambre noir et blanc et n’a jamais vu d’autres couleurs, elle ne sait pas quel effet fait de voir du rouge. Cet argument montre que la connaissance des faits physiques impliqués dans la vision ne permet pas de dériver l’expérience subjective de la vision. C’est l’argument de la connaissance.
L’auteur examine ensuite les méthodes standards de l’explication réductrice et constate que les modèles cognitifs de Bernard Baars, de Daniel Dennett, entre autres, peuvent expliquer des phénomènes psychologiques comme l’apprentissage, la mémoire, la perception, l’attention mais sont insuffisants pour expliquer la conscience. Quant aux approches neurobiologiques de la conscience, elles peuvent éclairer les processus cérébraux corrélés à la conscience, mais ne peuvent pas dire pourquoi ces processus donnent lieu à la conscience. Enfin, les théories fondées sur la physique quantique et les explications évolutionnistes ne sont pas en meilleure posture. La conscience « est un fait supplémentaire, qu’on ne peut expliquer en se bornant à décrire les faits physiques. » p.160
Le fossé explicatif entraîne le fossé ontologique. Si la conscience ne survient pas logiquement sur le physique, et la possibilité logique des isomorphes fonctionnels et des isomorphes fonctionnels inversés le prouve, les faits physiques n’épuisent pas tous les faits et le matérialisme est faux. La fausseté du matérialisme conduit à une forme de dualisme et, implicitement, à une théorie non réductionniste de la conscience dont le chapitre IV trace les grandes lignes.
Pour commencer, l’auteur tient à préciser que sa conception ne contredit pas la théorie scientifique contemporaine selon laquelle le monde physique est causalement clos. Sa conception ne fait que compléter cette théorie. Par la même occasion, il se démarque du dualisme cartésien qui conçoit le corps de nature physique et l’esprit non physique comme deux substances interagissantes. Le dualisme qu’il préconise est un dualisme des propriétés qui sous entend que l’expérience consciente a des propriétés phénoménales, ontologiquement indépendantes des propriétés physiques.
Par la suite, l’auteur développe l’idée d’une survenance naturelle de la conscience. Dans ce sens, il postule l’existence de nouvelles propriétés fondamentales, aux côtés de l’espace-temps, de la masse-énergie, etc. et de nouvelles lois qui les relient. Il existe deux possibilités, dit-il : considérer certaines propriétés phénoménales comme des propriétés fondamentales ou bien envisager une autre classe de propriétés fondamentales nouvelles dont sont dérivées les propriétés phénoménales. Ces autres propriétés, dites protophénoménales, sont non physiques et reliées à l’expérience, « de même que les propriétés physiques fondamentales le sont à des propriétés non fondamentales comme la température. » p.185.
Une « théorie de tout », qui soit aussi une théorie de la conscience, suppose des lois qui spécifient comment les propriétés phénoménales (ou protophénoménales) dépendent des propriétés physiques. Ces lois, fondamentales, sont les lois psychophysiques. Et l’auteur appelle dualisme naturaliste cette conception qui fait apparaître la conscience comme un phénomène naturel, un phénomène qui, bien que non physique, provient du physique selon des lois naturelles.
Le classement des conceptions de l’expérience consciente en trois types A, B, C permet à David Chalmers de mieux situer sa propre conception. Le dualisme naturaliste apparaît ainsi comme étant plus proche des conceptions de type B qui, tout en étant matérialistes, reconnaissent la profondeur de la conscience. Entre le dualisme naturaliste et les conceptions de type A, qui assimilent la conscience phénoménale et la conscience psychologique et, par là même, ne reconnaissent pas l’existence d’un problème qui réclame explication, le fossé est profond. Enfin, les conceptions de type C, qui soutiennent que « la conscience ne peut être expliquée par réduction, mais (qu’)elle peut l’être de façon non réductionniste au moyen de lois de la nature supplémentaires »,² incluent différentes formes de dualisme des propriétés dont le dualisme naturaliste.
Le chapitre V, intitulé Le paradoxe du jugement phénoménal, délaisse les distinctions entre la cognition et la conscience en faveur des liens qui les unissent. Ces liens font que la cognition soit « pertinente pour la conscience et essentielle à son explication. » Mais ces mêmes liens peuvent poser des problèmes à une conception non réductionniste. Voilà ce que Dennett écrit sur les jugements phénoménaux, qui constituent la relation principale entre la conscience et la cognition: « Je soutiens que de tels jugements épuisent notre conscience immédiate, que nos courants de conscience individuelle ne sont rien d’autre que de tels épisodes propositionnels… » Or, pour David Chalmers, l’idée que l’expérience consciente se réduit à des jugements sur l’expérience est inconcevable. Pour lui, « …les explananda ultimes ne sont pas les jugements, mais les expériences elles-mêmes. » p.274 D’autant que ces dernières ne jouent aucun rôle causal dans la formation des jugements, et que notre connaissance de l’expérience consciente a un autre fondement que la connaissance dans d’autres domaines. Ainsi, aux objets du monde extérieur nous accédons indirectement, alors que notre accès à l’expérience consciente, qui est au centre de notre univers épistémique, est direct. Cela fait qu’une théorie causale de la conscience, même si elle va dans le sens de nos intuitions, ne soit pas appropriée pour traiter de notre connaissance de la conscience. Et l’auteur rejette en égale mesure la théorie causale de la mémoire. Dans le cas des expériences remémorées, il y a, dit-il, une connexion causale entre une croyance au premier instant, et donc une croyance justifiée par une relation intime à l’expérience (ou accointance), et les croyances de second instant. Et cela veut dire que se souvenir d’une expérience ne requiert pas de connexion causale à cette expérience.
On soutient en général que la référence à une entité requiert une connexion causale à cette entité : c’est la théorie causale de la référence. Mais nous n’avons pas besoin de faire référence à la conscience par le biais d’un concept désignant une chose à laquelle nous sommes causalement connecté, dit l’auteur. Nous pouvons le faire par l’intermédiaire d’un concept désignant une chose avec laquelle nous sommes en relation intime (en accointance). La théorie causale de la référence n’est donc pas requise non plus.
Par la thèse de l’absence de pertinence causale et explicative de la conscience qu’il défend, l’auteur démontre que la relation entre la conscience et les jugements sur la conscience ne met pas en difficulté sa conception non réductionniste.
Selon ses propres dires, le chapitre V est largement défensif.



Notes
¹Les chapitres III, IV et V font partie de la deuxième partie de l’ouvrage L’Esprit Conscient, celle à laquelle j’ai consacré cet article. Un dernier article portera sur la troisième partie, intitulée Vers une théorie de la conscience.
² p. 239


Bibliographe

Chalmers, David, L’Esprit Conscient, Éditions Ithaque, 2010


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