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Un tableau de l’imaginaire
article [ Livre ]
ou l’image dans la conception de Gilbert Durand

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [Clara-Emilia ]

2010-02-07  |     | 



« …la plus étroite compréhension du plus étroit des signes, est messager malgré lui d’une expression qui nimbe toujours le sens propre objectif ».
Gilbert Durand

I
Les grandes questions auxquelles le conscient ne peut jamais donner de réponses logiques sans antinomies se formulent et tentent de se résoudre en images. Ces images naissent, d’après Gilbert Durand, dans l’échange entre les impératifs bio-psychiques de l’individu et les intimations du milieu cosmique et social; elles sont l’appropriation par le sujet des données objectives de son environnement.
Dans son livre, Les structures anthropologiques de l'imaginaire, considéré comme un classique de la connaissance de l'imaginaire, Gilbert Durand cherche à affranchir l’image du rôle subalterne que lui a fait tenir la pensée occidentale. Résidu mnésique pour Bergson, résidu de la pensée pour Husserl, quasi-objet pour Sartre, l’image a été, nous dit G. Durand, discréditée.
Il procède donc à un élargissement du domaine de l’imaginaire. Contre la thèse du refoulement, qui réduit l’image au signe d’une aspiration frustrée, contre l’image de Barthes, qui est seconde par rapport au langage conceptuel, il affirme que l’activité psychique toute entière, tant théorique que pratique, est redevable à l’image, qui constitue « ce monde plénier dont aucune signification n’est exclue ». L’image seule, dit-il, rend comte de la création artistique et de l’expérience religieuse, et son rôle dans la recherche et la découverte est immense. Dans la pratique non plus, l’image ne joue pas le rôle d’un refuge, mais elle est bien un auxiliaire de l’action. Aussi, à la suite de Bachelard, G Durand revendique-t-il le droit à une étude de la représentation qui comble le hiatus entre les pensées et les images, entre le sens figuré des symboles et le sens propre des signes. Il va même jusqu’à affirmer que le sens figuré prime le sens propre, que la mythologie est première par rapport à la pensée objective. Il s’appuie à cet effet sur la thèse du sémantisme de l’image, thèse selon laquelle l’image est motivée, à la différence du signe qui est arbitraire. Il y aurait donc dans l’image homogénéité du sens et de la forme « au sein d’un dynamisme organisateur ». En d’autres termes, la syntaxe de l’image et son message, seraient indissociables. En faveur de son idée, Durand invoque aussi la distinction faite par les grammairiens entre le plan locutoire, qui relie un locuteur à un allocutaire, et le plan délocutoire, centré sur les choses, pour dire que le premier, qui est le plan du symbole, évolue vers le second, qui est donc plus tardif. « C’est ce plan locutoire, plan du symbole même, qui assure une certaine universalité dans les intentions du langage d’une espèce donnée, et qui place la structuration symbolique à la racine de toute pensée».
Pour finir, Durand inverse le schéma de l’appauvrissement de la pensée par l’image en disant que le passage de la vie mentale de l’enfant ou du primitif à celle de l’adulte s’accompagne d’un rétrécissement du sens des images.

II
La classification des images, qui est la pièce maîtresse du livre, est fondée sur la convergence des structures dégagées dans des sciences telles que la réflexologie, la technologie, la sociologie et la psychanalyse.
Dans sa classification, Durand part des trois grands gestes réflexes qui sont les directions fondamenatales selon lesquelles se déploit et s’épanouit la vie humaine: le geste postural ou de position, le geste digestif ou de nutrition et le geste copulatif ou de copulation.
Ces gestes orientent la représentation vers des matières et des techniques déterminées. Ainsi le geste postural exige les matières lumineuses, visuelles et les techniques de séparation, de purification dont les armes, les flèches et les glaives sont les symboles fréquents. Le geste digestif appelle les matières de la profondeur comme l’eau ou la terre caverneuse et suscite les ustensiles contenants tels que les coupes et les coffres et incline aux rêveries du breuvage ou de l’aliment. Enfin, le geste copulatif se projette sur les rythmes saisonniers et leur cortège astral et annexe les substituts techniques du cycle: la roue, le rouet, la baratte et le briquet.
Á ces trois gestes correspondent, en grandes lignes, l’organisation des sociétés selon trois fonctions principales: la fonction guerrière, liée à la défense, la fonction productrice, liée à la fécondité et la fonction sacerdotale, liée au sacré.
Ces convergences permettent à Durand de fonder sa classification sur une bipartition entre deux Régimes de l’image, l’un diurne et l’autre nocturne, et sur la tripartition réflexologique.
Ainsi le Régime Diurne concerne le geste postural, le Régme Nocturne se subdivise en gestes digestif et copulatif.
Cette classification à la fois bipartite et tripartite n’est pas contradictoire, dit-il, étant donné que la tripartition des gestes réflexes est réduite par la psychanalyse à une bipartition; „la libido dans son évolution génétique valorise et relie affectivement, d’une façon successive mais continue, les pulsions digestive et les pulsions sexuelles”. Il y aurait donc filiation entre le geste digestif et le geste copulatif.
Quant aux schèmes, aux archétypes et aux symboles, ils sont les illustrations concrètes du processus constitutif du symbolisme.
Au geste postural correspond ainsi deux schèmes: celui de la verticalisation ascendante et celui de la division tant visuelle que manuelle. Au geste de l’avalage correspond le schème de la descente et celui du blottissemnt dans l’intimité. Le geste copulatif est associé au schème cyclique.
Les schèmes qui, à la différence des gestes réflexologiques, „sont des trajets incarnés dans des représentations concrètes…”, déterminent, au contact de l’environnement naturel et social, les archétypes, images intermédiaires entre les schèmes subjectifs et les images fournies par l’environnement. Une grande stabilité caractérisent les archétypes. Ainsi aux schèmes de l’ascension correspondent invariablement les archétypes du sommet, du chef, du luminaire, aux schèmes diaïrétiques, le glaive, le rituel batismal, aux schèmes de la descente, l’archétype du creux, de la nuit, du”Gulliver”, aux schèmes du blottissement, les archétypes du giron et de l’intimité, aux schèmes cycliques, la roue.
Les archétypes se lient à des images différentes selon les cultures et donnent les symboles qui sont des manifestations concrètes de l’archétype comme du schème, mais qui, à l’opposé de ces derniers, se caractérisent par une certaine fragilité. „ Tandis que le schème ascensionnel et l’achétype du ciel restent immuables, le symbole qui les démarque se transforme d’échelle en flèche volante, en avion supersonique ou en champion de saut”.
Enfin les classes archétypales déterminent les structures, ces „formes transformables” qui dictent une syntaxe à tout un groupement d’images: aux structures schizomorphes sur lesquelles se modèlent les philosophies dualistes et les logiques de l’exclusion, et dont la figure principale est l’antithèse , aux structures mystiques qui ont comme prototype l’antiphrase et sur lesquelles se plient les visions mystiques du monde, enfin, aux structures synthétiques qui se réclament de l’hypothypose et auxquelles se conforment les philosophies dualistes set les logiques de l’exclusion.
Ces structures, à leur tour, sont susceptibles de groupement en une structure plus générale que Durand nomme Régime.

Le fait que les grands archétypes de l’imaginaire transcendent aussi bien les incidentes caractérielles ou sexuelles que les incidentes sociales, le fait qu’un même individu ou qu’une même société peut passer d’un Régime imaginaire à l’autre amène Gilbert Durand à parler de l’universalité et de l’atypicalité, tant psychique que sociale, des structures qu’il a dégagées.

III
G Durand, qui s’interroge aussi sur les motivations des image, est d’avis que la plupart des analystes pêchent par une simplification du processus motivateur : les uns le réduisant à un système d’éléments extérieurs à la conscience, les autres s’en tenant exclusivement à des pulsions. Chez les psychanalistes, qu’ils s’agisse du principe du plaisir ou du principe de puissance, l’imagination est toujours le résultat d’un conflit entre les pulsions et leur refoulement social. Parmi ceux qui découvrent des motivations sociologiques aux images, Dumézil fait porter l’accent sur le caractère fonctionnel et social du rituel et des mythes, Piganiol, sur les différences qui découlent du statut historique et politique d’occupant et d’occupé. Quant aux historiens de la religion, ils adoptent pour la plupart une classification des symboles selon leur parenté avec le monde sidéral ou tellurique. Et Mircea Eliade suit le même clivage, mais dans les derniers chapitres de son livre, Traité d’histoire des religions, il incline à des considérations moins objectives et « ramène le problème des motivations sur le plan de l’assimilation des images au drame d’une durée intime… ». Bachelard, de son côté, se rend compte que la théorie des quatre éléments, qui lui sert d’axiome classificateur « est, de par sa symétrie, trop rationnelle » pour démarquer les caprices de l’imagination. Il se rend compte que tout élément est bivalent, que l’eau, par exemple, a un sens différent selon qu’elle est claire ou sombre, calme ou violente. Et là, selon Durand, il touche à une règle fondamentale de la motivation symbolique. Dans son dernier ouvrage, L’air et les songes, Bachelard va encore plus loin: il délaisse les intimations objectives pour se concentrer sur la trajectoire symbolique elle-même, ce qui est vu par Durand comme une révolution copernicienne. Rien d’étonnant d’ailleurs, étant donné que Durand lui-même postule qu’il y a genèse réciproque qui va du geste pulsionnel à l’environnement matériel et social, et inversement. Plus exactement, « la représentation de l’objet se laisse assimiler et modeler par les impératifs pulsionnels du sujet, et….réciproquement, …les représentations subjectives s’expliquent « par les accommodations antérieures du sujet au milieu objectif ».
Qui plus est, la réversibilité des termes qui caractérise l’image comme produit du trajet caractérise aussi le trajet. Ainsi, l’individu qui reçoit une empreinte du milieu ambiant, communique à son tour , en un effet secondaire, des modifications à l’ambiance matérielle et aux institutions. Et pour que l’image de ce trajet imaginaire, que Durand qualifie d’anthropologique, soit complète, il faut encore signaler le rôle que joue la société en fonction de la libido: « La pulsion individuelle a toujours un « lit » social dans lequel elle se coule facilement ou au contraie contre lequel elle se cabre… »
La compatibilité ou l’incompatibilité qui unit le sujet à son environnement, et qui est source d’émotions positives ou négatives, peut au fond, disons-nous, être à l’origine de la conversion d’un Régime à l’autre, conversion dont Durand fait la marque principale du trajet imaginaire.


Ni le foisonnement d’idées ni la terminologie grouillante n’enlève rien à la haute cohérence du tableau de l’imaginaire dressé par Gilbert Durand.




Bibliographie

Durand, Gilbert, Les structures anthropologiques de l’imaginaire, Presses universitaires de Paris, 1963

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