+ Fleur et fable | Guy Rancourt [17.Jun.06 16:27] |
À la frange de l'érotisme et lorgnant du côté de la fable, car on aurait pu l'intituler : "La pivoine et la chenille", ce texte nous rappelle, en effet, les plus beaux blasons du temps de Louise Labé. Texte admirable qui donne du mordant au corps moribond et à la cervelle paresseuse! | |
= Blasons anciens et modernes | Anne Brunelle [18.Jun.06 11:25] |
Le blason est un jeu poétique qui surprend et séduit en même temps. Clément Marot en a publié un recueil collectif "Blasons et contreblasons de l'anatomie féminine" dans lequel on trouve des textes plutôt étonnants, entre autres "Le Blason du con" et "Le Blason de la main" de Claude Chappuys. LE BLASON DE LA MAIN O doulce Main, Main belle. Main pollie, Main qui les cueurs fait lier et deslie, Main qui le mien a prins sans y toucher, Main qui embrasse, et semond d'approcher, Main qui à moy doibt ouvrir, ô Main forte, Qui fors à moy, à tous ferme la porte. Main qui souvent en estraignant le doigt Sans dire mot m'a dict je sçay bien quoy. Main qui la trousse et fleische, sans doubler, A Cupido seule pourrois oster : Dy je la main que Cupido feroit Mouvoir d'amour quand il la toucheroit. Main qui peult seule et le soir et matin Laisser la mienne approcher du tétin. Main qui permet s'il est besoing qu'on puisse En se jouant sçavoir quelle est la cuisse : Main qui permet par foys oultre passer, Mais ce seroit assez pour trespasser. Main qui peult bien faire encore autre chose, Qui plaist autant, mais que dire je n'ose. Main à qui seulle appartient qu'elle sçache Ce qu'on ne voit, ce qu'on cherche, et qu'on cache Main qui peult mieulx par escript asseurer Que l'œil par veoir, et bouche pour jurer. Mais il ne faut pas croire que le genre est totalement disparu. Alain Duault publiait tout récemment "Nudités" (Gallimard, 2004), une collection de mini-blasons très modernes et superbement tournés. LA MAIN Dans la sienne elle renoue avec ces matins pâles Quand elle partait avec son père qui lui apprenait Forêts rivières couleurs tous les prénoms du monde C'était comme tout son corps au creux de la paume Sèche et c'est la même chaude musique de sa peau Qui ricoche entre les barreaux quand elle coule sur Le jardin des joues les épaules le barrage des seins Ou quand elle s'y noue comme les cils d'un saule à La sienne (p. 29) Pour ce qui est du côté "fable" de mon blason de la Pivoine, je ne voudrais pas être celle qui devrait en tirer une morale ! RIRE Merci du fond du coeur, Guy, pour ton soutien continu. Bisous, Annie | |