Les commentaires des membres:

 =  Un article qui nourrit la réflexion
Elies
[22.Oct.11 13:42]
Cet article consacré à David Chalmers est très intéressant mais je suis gêné par plusieurs éléments. N'ayant pas lu le livre, je ne suis pas sûr d'avoir bien compris tous les arguments exposés et me suis formulé quelques commentaires et questions, que je me permets de vous soumettre :
1/ tout d'abord, à partir du moment où l'auteur attribue à la matière des propriétés physiques et des propriétés mentales, il me paraît inadéquat de le qualifier de dualiste. C'est au contraire une définition moniste, comme celle d'un matérialisme rigoureux qui considère l'homme comme de la matière qui vit et qui pense
2/ par ailleurs, les expériences conceptuelles des univers "zombi" ou "inversé" ne me paraissent pas prouver que "les faits de conscience ne se réduisent pas au physique". Comme ils restent dans le domaine de l'idée, les zombis de Chalmers traitent des idées d'information et non pas les mêmes informations que nous. On en revient à peu près aux réflexions de Kant sur les preuves ontologiques de l'existence de Dieu : Chalmers ne montre pas qu'il y a un fossé entre les niveaux physique et conscient mais qu'il est possible de concevoir un fossé entre les niveaux physique et conscient.[nota : on sait qu'il existe de nombreux univers logiquement possibles (cf les travaux des physiciens modélisant des univers dont les constantes fondamentales sont différentes du nôtre), mais il restent de pures expériences de pensée conceptuelle].
3/ est-ce que Chalmers intègre dans ses réflexions sur la conscience les résultats des recherches fondées sur les méthodes inductives, telles que pratiqués par Konrad Lorentz (pour citer le plus célèbre d'entre eux) ? Par exemple, "Les 3 essais sur le comportement animal et humain" (que j'ai lus) soulignent une évidente continuité entre le psychisme animal et le psychisme humain et expliquent, en partie et sans nier ses spécificités, la conscience humaine par des propriétés physiologiques et phylogénétiques.
4/ est-ce que Chalmers admet le caractère contingent de l'existence de la conscience ou est-ce qu'il se rattache à certaines écoles de pensée (gnose de Princetown, évolutionnisme de Teilhard de Chardin, etc.) qui considère inconcevable l'existence d'un univers où la conscience n'émergerait pas ?

 =  réponse
Dolcu Emilia
[23.Oct.11 12:57]
Le livre de Chalmers est plus qu’un défi, il est un summum en matière de philosophie de la conscience. Je lui dois, me suis-je dit, au moins une lecture attentive. Et cette lecture a pris la forme des textes que j’ai écrits ou que je suis en train d’écrire. Ces textes ne contiennent pas de prise de position personnelle, même si la tentation a existé.

Quelques réponses aux questions précises et légitimes que vous me soumettez :

1. David Chalmers qualifie sa conception de dualiste. Mais il s’agit d’un dualisme des propriétés, et donc d’une forme de dualisme ou, si vous voulez, d’une forme de monisme. L’auteur a voulu par là contourner une difficulté, celle qui consiste à attribuer un rôle causal à une substance immatérielle. Mais la dépendance des deux types de propriétés, physiques et mentales, soulève le même problème. Pour le résoudre , l’auteur bloque la dépendance des propriétés physiques par rapport aux propriétés mentales et creuse la dépendance contraire. Dans le premier cas, il parle de l’absence de pertinence causale (et, implicitement, explicative) des propriétés mentales et, dans ce sens, il met en avant tout ce qui les distingue des propriétés physiques, dans le second cas, il insiste sur leurs liens, ce qui lui permet de justifier son idée de la survenance des propriétés mentales sur des propriétés non physiques selon des lois psychophysiques. La troisième partie de son ouvrage, il la consacre justement à ces lois. Plus de détails, lors de la synthèse de cette partie !
2. La possibilité logique d’un „fossé” lui semble suffisante pour conclure à la possibilité métaphysique de ce „fossé”, alors que, paradoxalement, ’il ne trouve pas que la survenance logique soit suffisante pour expliquer l’apparition de la conscience. Ce raisonnement ressemble en tous points à celui qu’il tient dans le cas des propriétés.
3-4. Pour l’instant, je peux dire que l’auteur juge insatisfaisante l’explication de la conscience par des des propriétés physiologiques et phylogénétiques, qu’il se méfie des explications évolutionnistes, qui sous-tendent toutes une finalité, qu’il ne s’interroge pas sur le caractère contingent ou nécessaire de l’existence de la conscience. La conscience est pour lui un phénomène naturel et, par là, il est plus proche d’une sorte de panpsychisme.
Certes, cette analyse mérite d’être affinée.




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