Les commentaires des membres:

 =  un texte qui
Dolcu Emilia
[22.Aug.11 12:50]
Un drame reste à jamais un drame. Et pourtant, on parle de l’histoire d’un drame, de son compte-rendu, des angles sous lesquels il est perçu, des déțails qui font qu’il reste gravé dans les mémoires. Votre texte est tout cela avec, en plus, ce témoignage que représentent les photos, dont celle, si touchante, prise par vous-même.
C’est un texte qui „vit” le drame et nous le fait revivre.

Votre texte me rappelle une expérience que j’ai eue à plusieurs reprises mais dont je n’ai pris conscience que lors de la troisième lecture de Roméo et Juliette. A l’approche du moment fatal, je ne pouvais pas m’empêcher d’espérer qu’il ne se produirait pas. C’est ce qui m’est arrivé à la lecture de votre texte aussi. Tout en sachant l’histoire de la fille aînée de Hugo, j’espérais toujours qu’elle prendrait un autre cours. Je me suis donc inconsciemment accrochée à ce détail „Léopoldine s'apprête à sa toilette et ne peut l'accompagner”.

 =  Un drame célèbre
Nicole Pottier
[22.Aug.11 15:50]
Ce drame émeut toujours, et à l'époque, il a eu un écho retentissant, tant par la notoriété de Victor Hugo sur le plan national, que par celle de la famille Vacquerie sur le plan local. En effet, la petite communauté de marins et de pilotes de Seine connaissaient tous cette famille qui était des leurs. Sans cela, c'eût pu être un fait divers...
Charles se rend chez son notaire afin de régler une affaire dans la succession de son père, mort quelque mois auparavant. Léopoldine est à sa toilette, elle regrette de ne pas les accompagner. Il part donc avec son oncle et son neveu, mais le canot est trop léger. Ils reviennent à l'embarcadère ( qui se situe dans la propriété). C'est à ce moment-là effectivement que se noue le drame : le lest de ces pierres qu'il rajoutent, va faire chavirer le canot, et Léopoldine qui, toute contente, profite de l'occasion pour embarquer. Sauf que jupes et jupons seront la fatalité qui l'entraîneront dans la mort... avec son mari, qui, lui, savait nager. La suite est inéluctable, il a suffi d'un coup de vent pour tout précipiter.
La perte d'un enfant reste le plus terrible dans une existence, et ce drame a bouleversé la vie de Victor Hugo: Trois ans d'interruption dans son oeuvre littéraire, une prise de conscience sans doute chez un homme pour lequel la famille représentait un ancrage dans une période tourmentée. N'oublions pas que ce siècle avait deux ans lors de sa naissance, ses parents ne s'entendaient guère et finirent pas se séparer, le plus doué sur le plan littéraire était son frère aîné Abel, sa mère s'opposait à son mariage avec Adèle Foucher, son premier fils Léopold mourut au bout de quelques mois - d'où le prénom de Léopoldine pour cet enfant qui suivait (on espérait bien évidemment un fils), la liaison de sa femme avec Sainte Beuve, antérieure à celle qu'il aura avec Juliette Drouet, sa fidèle amante, puis ensuite la mort de ses deux fils à deux ans d'intervalle, et le seul enfant qui lui survécut, sa dernière fille "Adèle H" (selon le film de Fr Truffaut)dont la folie se déclara durant l'exil à Guernesey. A cela, il faut rajouter l'engagement politique de Victor Hugo, pair de France, député, avec ses discours contre la misère, contre la peine de mort, pour la protection du Patrimoine qu'il voyait soit détruit, soit devenir objet de spéculations, suite aux ventes et démantèlement des églises et autres "biens nationaux". Ce sont les conséquences de la Révolution Française...
J'ai eu beaucoup de plaisir à visiter Villequier, village pittoresque des boucles de la Seine, dans un parc régional magnifique. Le musée Hugo est remarquable, tant dans les documents qu'il présente que dans les expositions qu'il organise, c'est la maison de la belle-famille de Léopoldine, la maison Vacquerie.

+ spiritisme....
Virginia Popescu
[22.Aug.11 20:45]

Cet article sur le drame de Villequier est écrit avec finesse et sensibilité, ainsi qu'avec un grand sens de l'observation. Nicole Pottier réussit à nous impressionner vivement, en rendant avec précision les circonstances de cette terrible tragédie dont nous constatons le puissant écho dans la presse, mais aussi chez Victor Hugo : elle a complètement bouleversé la vie du grand écrivain. Sa pensée s’approfondit, il deviendra ce que Rimbaud appellera dans sa « Lettre du voyant », un poète visionnaire.
Je voudrais insister sur un fait étonnant qui a rapproché le destin de ces deux grands écrivains et penseurs, l'un français et l'autre roumain , Victor Hugo et Bogdan-Petriceicu Hasdeu : le spiritisme.
Après la mort de leurs filles, les deux hommes se sont orientés vers la communication avec l’au-delà. L’œuvre de Hasdeu « Sic cogito », relate une expérience aussi bizarre que mystérieuse, et l’aventure des tables tournantes de Jersey, suit un chemin presque identique.
Tout commence par l’arrivée de Delphine de Girardin,
l’ épouse du journaliste parisien, au mois de septembre 1853 à Jersey.
Comme Victor lui raconte qu’il entend des bruits étranges dans sa chambre, celle-ci propose à la famille Hugo quelques séances de spiritisme, à l’aide d’un guéridon. L’esprit ne se laisse pas trop attendre et une conversation se déroule par l'intermédiaire de frappements nets de la petite table -le langage de l’esprit- suivant un code établi d’avance :
Je donnerai quelques extraits du volume « Histoires magiques de l’histoire de France » dont les auteurs sont Louis Pauwels et Guy Breton.

« L’esprit dit qu’il se nomme fille, qu’il s’appelle morte. »
Tous sont convaincus qu’il s’agit de Léopoldine, noyée au mois de septembre 1843.
Victor Hugo lui pose donc des questions, auxquelles, l’esprit répond par l’intermédiaire de petits frappements de la table :

« Es-tu heureuse ? »
« Oui. »
Où es-tu ? »
« Lumière. »
« Que faut-il faire pour aller à toi ? »
« Aimer. »
« As-tu quelque chose à nous dire ? »
« Oui, souffrez pour l’autre monde. »
Ces discussions insolites ont duré pendant deux ans, tous les soirs et se sont concrétisées dans quatre cahiers, appelés « Nouvelle Bible de l’Humanité. »
Selon les dires des auteurs, des quatre cahiers il ne reste que le troisième.
Cette expériences des tables tournantes est également racontée par André Maurois dans sa monographie « Olympio », dédiée à Victor Hugo.

Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est le fait que la perte d’un être cher peut devenir insupportable pour ceux qui l’ont beaucoup aimé et que le désespoir peut les pousser vers des aventures paranormales.



 =  Hasdeu et Hugo
Nicole Pottier
[23.Aug.11 19:46]
Oui, le parallèle entre ces deux grands hommes est très bien venu. Tous deux se sont adonnés au spiritisme, phénomène importé de l'Amérique. J'ai visité à Campina la demeure que Bogdan Hasdeu a fait construire pour sa fille Iulia, elle aussi décédée à 19 ans. Une construction tout à fait étonnante... un véritable temple avec nombre de symboles. Tous deux se sont tournés vers le surnaturel après avoir vécu une profonde crise existentielle. Chez Hugo, à la perte de sa fille vient s'ajouter la séparation d'avec la Patrie et la vie de Paris, durant son long exil dans les îles anglo-normandes.




Les commentaires anonymes ne sont pas permis!
Pour écrire des commentaires
tu dois posséder un compte et t?y IDENTIFIER!


Retour !